mardi 29 mai 2012, 08:48

Un profil longitudinal pour lutter contre le dopage

Si les cas de dopage ne sont pas légion dans le football, le sujet reste crucial pour les médecins des Associations membres de la FIFA. En particulier le profil biologique (passeport) des joueurs, un projet qui se met en place. Le sujet a été abordé lors de la Conférence médicale de la FIFA à Budapest le 24 mai. Explications.

"Le jeu s’est beaucoup développé, il est devenu beaucoup plus athlétique. Le rythme s’est élevé, y compris en termes de nombre de matches joués par saison. Les joueurs doivent être toujours plus performants. La lutte contre le dopage est un sujet qui doit être traité sérieusement, car il y a des tricheurs, c’est un fait", a rappelé le Président Joseph S. Blatter en ouverture.

Michel D’Hooghe, Président de la Commission médicale de la FIFA et membre du Comité Exécutif de la FIFA, a précisé pour sa part que la FIFA a commencé la lutte contre le dopage lors de la Coupe du Monde de la FIFA 1970 et que depuis, la position n’a pas varié : "Nous sommes opposés au dopage car c’est contre l’éthique, contre le fair-play du jeu et contre l’intégrité du joueur."

Nous ne voulons pas faire de l’angélisme. Nous savons qu’il faut continuer la lutte. Et la prochaine étape consiste en la mise en place d’un passeport biologique longitudinal.

Mais comment la FIFA lutte-t-elle ? D’abord en collaborant avec l’Agence mondiale anti-dopage, ensuite en établissant des règles, enfin en s’assurant que les Associations membres suivent ces règles, comme le confirme le Professeur Jiri Dvorak, Médecin en chef de la FIFA et Président du Centre d'Évaluation et de Recherche Médicale de la FIFA (F-MARC) : "Depuis 2009, nous sommes en conformité avec le Code de l’AMA. Les Associations membres doivent intégrer les règles anti-dopage de la FIFA. C’est la responsabilité des Associations d’opérer des contrôles de dopage, pendant les compétitions mais aussi en dehors des épreuves. Et il faut qu’elles collaborent avec les agences régionales de l’AMA."

0,3% de contrôles positifs Dvorak a précisé qu’ "approximativement 30 000 contrôles sont réalisés par an dont 0,3% s’avèrent positifs, soit l’un des taux les plus bas dans le sport. Et seulement 0,03% concerne des stéroïdes anabolisants". Des chiffres rassurants mais qui ne signifient pas que le combat est terminé, loin de là. "Nous ne voulons pas faire de l’angélisme. Nous savons qu’il faut continuer la lutte. Et la prochaine étape consiste en la mise en place d’un passeport biologique longitudinal. Nous collaborerons avec l’AMA en la matière et nous avons besoin du soutien des clubs, des joueurs", a détaillé le Médecin en Chef de la FIFA.

Dès lors, la question était de savoir en quoi consiste un passeport biologique. Martial Saugy (photo ci-dessus), Directeur du laboratoire anti-dopage de Lausanne, l’a expliqué de manière scientifique : "C’est un profil à la fois individuel et longitudinal. Pour prendre un exemple, une injection d’EPO synthétique a pour but d’augmenter le nombre de globules rouges. Dans le passé on mesurait l’augmentation du taux d’hématocrite de manière ad-hoc. En mesurant le niveau d’hémoglobine à différents moments, vous pouvez obtenir un profil avec des mesures minimales et maximales propre à chaque individu."

C’est à la fois une arme remarquable dans la lutte contre le dopage et un outil important pour suivre la santé des joueurs

Le professeur suisse, qui a réalisé une étude pilote lors de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA l’an passé, a également précisé que le même type de mesure peut être effectué pour le niveau de stéroïdes.

Du côté de l’AMA, le but est d’abord de s’assurer que le Code est respecté, comme l’a déclaré le Directeur Général David Howman : "Nous devons aussi nous assurer que les règles en place sont efficaces. Nous devons être sûrs d’attraper les tricheurs, nous devons être sûrs que tout le monde est bien éduqué sur la question et nous devons enfin nous assurer que nous utilisons nos ressources à bon escient. Il me semble important de souligner que nous voulons faire plus d’éducation et moins de tests, que nous visons la qualité plutôt que la quantité."

Mais Howman s’est également réjoui de l’initiative de la FIFA en termes de profil biologique, estimant que "c’est à la fois une arme remarquable dans la lutte contre le dopage et un outil important pour suivre la santé des joueurs". Et selon le Professeur Dvorak, l’agenda pour la mise en place est clair : "Notre but est de lancer le passeport biologique pour les équipes qui se qualifieront pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014".