samedi 30 septembre 2017, 13:59

La triple vie de Prêcheur

  • Prêcheur fait partie des trois finalistes pour Entraîneur de la FIFA 2017 pour le Football Féminin

  • Il a réalisé le triplé coupe-championnat-Ligue des champions avec Lyon

  • Il revient sur les trois grands chapitres de sa carrière

Joueur, formateur, entraîneur : la carrière de Gérard Prêcheur s'est écrite en trois chapitres qui se sont enrichis mutuellement. Pour FIFA.com, il revient sur les étapes qui l'ont mené à son deuxième triplé en trois ans avec Lyon qui lui vaut de faire partie des trois finalistes pour le titre d'Entraîneur de la FIFA 2017 pour le Football Féminin.

Joueur précoce puis frustré "Je jouais au milieu de terrain. J'avais une bonne technique de balle mais j'avais surtout un fort potentiel athlétique. J'étais costaud, puissant, très endurant. Et puis j'avais un énorme mental", résume Prêcheur, dont la carrière a bien démarré puisqu'il évoluait déjà en deuxième division française avant ses 18 ans. "Au bout de trois ans, j'ai eu des contacts très avancés avec le FC Metz et l'AS Nancy mais malheureusement, ça n'a pas abouti. Ça a été un coup dur mentalement, d'autant que la réponse est arrivée tardivement et que j'ai eu peu de temps pour rebondir", regrette celui pour qui le train de l'élite ne repassera pas.

"Cette expérience m'a été fort utile par la suite quand je me suis occupé de la formation des jeunes. J'ai toujours fait en sorte de les préparer au mieux à ça parce que c'est une frustration terrible." Prêcheur a raccroché les crampons à 27 ans seulement alors qu'il évoluait au FC Valence, dont il est devenu entraîneur dans la foulée.

Formateur comblé "J'étais déjà éducateur quand j'étais joueur car j'avais des diplômes pour encadrer les jeunes. Ça me plaisait beaucoup", confie Prêcheur qui, après quatre ans sur le banc de Valence, a accepté un poste de formateur des entraîneurs à la Ligue de Paris.

Mais son envie de former les jeunes joueurs revient au galop et il en parle à Aimé Jacquet, son mentor, qui lui propose quelque temps après de prendre la tête du Pôle France Féminin, tout juste créé. "J'ai accepté sans tergiverser. J'avais déjà découvert le foot féminin en m'occupant d'une sélection régionale et j'avais eu le coup de foudre", précise celui qui a accompagné l'entrée du football féminin à Clairefontaine, jusque là sanctuaire uniquement masculin.

"A l'époque le foot féminin français misait surtout sur le physique et l'athlétique et ne pouvait rivaliser avec les Scandinaves, les Allemandes ou les Américaines", résume Prêcheur, qui a initié une mutation vers un football plus technique en s'inspirant sur ce qui se faisait chez les garçons.

Le natif de Nancy a ensuite continué à monter en grade dans les instances françaises du football et a fini par prendre la direction de l'Institut National du Football (INF) chez les filles et les garçons. Il s'occupe par ailleurs de superviser les adversaires de l'équipe de France masculine.

Entraîneur gâté  "En 2014, j'ai reçu un coup de fil de l'Olympique Lyonnais qui me propose de prendre les rênes de l'équipe féminine. Toutes ces années à la fédération ont été d'une richesse extrême mais j'arrivais en fin de parcours et j'avais envie de mettre en pratique tout ce que j'avais appris en tant que formateur et que tacticien. Lyon me proposait d'appliquer mes propres convictions sur le terrain et d'aller au feu", résume-t-il.

"Avec Lyon, je prenais le volant d'une Ferrari, qui avait tout de même connu des sorties de route puisque ça faisait quatre ans qu'elle n'était plus championne d'Europe. Le départ de Patrice Lair avait fait des dégâts et il fallait réparer et trouver les bons réglages pour retrouver la pôle position."

Pendant trois ans où l'OL de Prêcheur a gagné huit titres sur neuf possibles, le technicien a eu des problèmes de riches, qui n'en restaient pas moins réels. "Gagner avec Lyon, ce n'est pas compliqué. Ce qui est difficile, c'est de TOUT gagner et de maintenir en permanence ce niveau d'exigence. On n'a pas le droit à l'erreur", souligne-t-il.

"La dernière année a été compliquée car il y a eu beaucoup de départs et beaucoup d'arrivées et j'avais un effectif important avec beaucoup d'internationales. Chaque week-end, j'avais plus de joueuses déçues de ne pas jouer que les onze sur le terrain".

"Faire partie des finalistes pour le titre d'entraîneur de l'année, c'est une belle reconnaissance pour moi, parce qu'on dit que diriger l'OL et toutes ces grandes joueuses, c'est facile. Mais ce n'est pas vrai. Et puis ça vient récompenser toutes ces années après mon investissement dans le foot féminin", conclut-il.

*Palmarès avec l'OL Championnat de France : 2015, 2016 et 2017 Coupe de France : 2015, 2016 et 2017 *Ligue des champions féminine de l'UEFA : 2016 et 2017

Le saviez-vous ?  Gerard Prêcheur fêtera son 58ème anniversaire le 23 octobre prochain, le jour des The Best FIFA Football Awards.