lundi 29 juin 2015, 08:33

Altidore : "Je suis quelqu'un de positif"

Pour FIFA.com,** **Jozy Altidore revient sur ses débuts dans le monde professionnel, l'admiration qu'il voue à la passion des supporters turcs et les raisons qui le poussent à tant haïr la défaite.

Alors que les États-Unis se préparent à défendre leur couronne régionale en Gold Cup de la CONCACAF, le puissant attaquant américain se penche sur son passé, sans oublier de se tourner vers l'avenir.

Jozy, vous avez débuté votre carrière professionnelle à 16 ans. Étiez-vous prêt ?

Pour être précis, j'ai signé au Red Bull New York à 15 ans, mais j'ai dû patienter un an avant de commencer à jouer. C'était une période difficile pour moi à plus d'un titre. À l'époque, il était rare aux États-Unis de voir un jeune percer si tôt. J'ai dû relever de nombreux défis, mais je ne regrette rien. J'en garde un bon souvenir et cette expérience a contribué à faire de moi le footballeur que je suis aujourd'hui.

Vous avez tout de même dû renoncer aux petits et aux grands plaisirs de la vie de lycéen…

C'est vrai. J'ai manqué les soirées du lycée, même si j'ai réussi à aller au bal de fin d'année. Je n'ai donc pas tout raté ! Par bien des aspects, je n'étais pas un enfant comme les autres. Mais j'avais le football dans le sang. Le ballon faisait pratiquement partie de la famille et je l'aimais parce qu'il était toujours là. Nous partagions tous la même passion. Je n'avais pas le sentiment de faire des sacrifices. J'ai apprécié chaque instant et si c'était à refaire, je ne changerais rien.

Vous avez joué en Espagne, en Angleterre, en Turquie, aux Pays-Bas, au Canada… Dans quel pays avez-vous eu le plus de mal à vous adapter ?

La Turquie. J'y ai passé six mois et je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Il m'a fallu du temps pour trouver mes marques. Les supporters sont passionnés là-bas. Ils vouent un véritable culte à leur équipe et aux joueurs. J'ai dû apprendre à m'y faire, mais j'ai fini par apprécier. C'était une bonne expérience au final. C'est une destination que je recommanderais à beaucoup de jeunes joueurs.

À l'inverse, dans quel pays vous êtes-vous senti le plus à l'aise ?

Les Pays-Bas. J'avais une excellente relation avec le directeur sportif de l'AZ Alkmaar. J'avais en plus la chance d'évoluer au sein d'un groupe qui partageait mes convictions sur le plan du football. Trouver un environnement dans lequel on se sent à l'aise, c'est important pour un joueur. Dès le premier jour, je me suis senti comme chez moi.

Vous avez participé à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA 2007 au Canada. Que représente ce tournoi dans votre parcours ?

C'est une compétition extraordinaire. Elle vous donne l'occasion de vous mesurer aux stars de demain. Pour moi, c'était un grand moment. Nous avions joué contre l'Uruguay. Beaucoup des joueurs de cette équipe se sont depuis fait un nom sur la scène internationale.

Aujourd'hui, vous êtes de retour au Canada avec Toronto. Êtes-vous satisfait de retrouver la MLS, après toutes ces années ?

Je suis très excité. Je n'ai pas joué ici depuis des années. Je crois qu'à ce stade de ma carrière, je suis prêt à relever ce défi particulier. Il me reste encore une marge de progression. J'avais envie de me confronter à un contexte qui m'obligerait à repousser mes limites. C'est pour ça que je suis venu à Toronto.

Vous êtes très actif sur Twitter. Pourquoi ?

Franchement, je ne me souviens pas comment ça a commencé. Ça fait si longtemps… Je trouve que c'est un bon moyen d'échanger avec les supporters et de faire passer ses messages. Je crois que les fans y sont sensibles. Ils voient que je suis quelqu'un de normal, à qui on peut parler. J'aime bien plaisanter. Je réponds aux commentaires positifs comme aux remarques négatives. Je veux que les supporters sachent que je n'ai pas peur d'interagir avec eux.

Vous avez récemment posté sur Twitter : Je déteste perdre. Y a-t-il d'autres choses que vous détestez ?

Je n'aime pas perdre, c'est vrai. Je ne connais pas de sportifs qui se contentent de la deuxième place. Pour être franc, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de choses que je déteste. Je suis quelqu'un de positif. J'aime. Je ne suis pas quelqu'un de violent. Je réserve ma haine à la défaite !

Tout le monde voit rouge de temps en temps…

Je suis humain. Comme tout le monde, j'ai mes mauvais jours. Je ne suis pas toujours de bonne humeur, mais j'essaye de faire la part des choses. La vie est trop courte pour qu'on la passe à se faire du souci.

Vous vous décrivez comme quelqu'un de positif. Qu'aimez-vous particulièrement ?

J'aime le football. J'aime ma famille. J'aime le sport. J'aime être entouré de personnes positives. Je ne perds pas mon temps avec les gens qui voient toujours le verre à moitié vide ou qui se plaignent sans arrêt.

Quelle est l'ambiance actuellement au sein de la sélection américaine ?

Depuis la Coupe du Monde au Brésil, il se passe beaucoup de choses intéressantes. Sur les 12 ou 15 dernières années, la trajectoire est incroyable. Nous progressons régulièrement. Notre football s'améliore d'année en année. Le meilleur reste à venir. Je pense que de belles choses nous attendent en Russie. Nous disposerons encore d'un bel effectif. J'espère que nous parviendrons à créer la surprise.

Les autres équipes de la CONCACAF progressent elles aussi, comme on a pu le constater l'année dernière au Brésil…  

Le niveau n'a jamais été aussi élevé. J'ai suivi avec intérêt le parcours des autres représentants de la région en Coupe du Monde. Le Costa Rica a franchi un nouveau palier, le Mexique a fait honneur à sa réputation et nous n'avons pas démérité non plus. Il n'est pas facile de prendre des points à une équipe comme le Costa Rica. Ça montre à quel point il est difficile de se qualifier. La compétition est particulièrement vive chez nous. C'est une bonne chose car ça permet à chacun de progresser.

** ** Quelles sont les spécificités de Jürgen Klinsmann en tant que sélectionneur ?

Depuis son arrivée, il s'est appliqué à changer notre manière de penser. Il nous lance sans cesse de nouveaux défis. Je crois que c'est important. Pour progresser dans la vie, il faut quitter sa zone de confort. Il cherche toujours à voir jusqu'où nous sommes prêts à aller. Dans l'ensemble, je pense que le groupe a répondu à ses attentes.

Vous n'avez que 25 ans, mais vous avez déjà une longue expérience du haut niveau. Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

Je pense que je n'ai pas fini de progresser. Ma compréhension du jeu s'améliore sans cesse. J'ai hâte de voir ce que les cinq ou six prochaines années me réservent. J'ai le sentiment d'avancer à chaque match et j'ai très envie de voir où tout ça va me mener.