jeudi 06 juin 2019, 13:40

Berizzo : "Mon premier objectif ? Instaurer un système de jeu"

  • Eduardo Berizzo a été récemment nommé sélectionneur du Paraguay

  • Il veut lui faire adopter un nouveau style de jeu

  • L'Argentin dévoile ses ambition pour la Copa America et pour Qatar 2022

À 49 ans, Eduardo Berizzo a accepté son premier grand défi en tant que sélectionneur. Le Paraguay compte sur lui pour goûter à nouveau aux joies d’une Coupe du Monde de la FIFA™, en l’occurrence au Qatar en 2022, après avoir manqué les deux éditions précédentes.

Après avoir entraîné le Celta de Vigo, le FC Séville et l’Athletic de Bilbao, et fort de son combat gagné face au cancer, celui que l’on surnomme Toto se sent prêt à prendre les rênes d’une sélection nationale durant une campagne de qualification pour une Coupe du Monde. Une situation déjà vécue avec la sélection du Chili qui s’était qualifiée pour Afrique du Sud 2010, mais seulement en tant qu’adjoint de Marcelo Bielsa.

FIFA.com s’est entretenu avec le technicien argentin à propos de cette nouvelle étape de sa carrière, dont la Copa América, Brésil 2019, constituera le premier grand rendez-vous.

Eduardo, qu’est-ce qui vous a incité à accepter la proposition du Paraguay à ce stade de votre carrière ? J’ai toujours aimé l’idée de diriger une sélection nationale et de vivre l’expérience d’une campagne de qualification pour une Coupe du Monde. Et en discutant avec la Fédération paraguayenne, j’ai réalisé que nous étions sur la même longueur d’onde, à la fois concernant le projet en lui-même et le travail à mettre en place. J’ai évidemment analysé le potentiel des joueurs et je nous crois capables d’atteindre notre objectif. Autant de facteurs qui m’ont amené à accepter ce poste.

Dans quelle mesure l’expérience vécue aux côtés de Bielsa peut-elle vous être utile dans votre rôle de sélectionneur ? J’ai vécu au plus près la campagne qui nous a menés jusqu’à la Coupe du Monde 2010, de la planification à la qualification. Être aux commandes d’une sélection demande un énorme travail d’analyse en dehors du terrain. Il faut non seulement regarder des vidéos des joueurs, mais également aller les voir sur place, tout en imaginant comment les intégrer dans le schéma tactique qu’on souhaite mettre en place.

Quel sera votre premier grand défi avec le Paraguay ? Installer un système de jeu. Cela nécessite un travail sans relâche, réfléchi, planifié et surtout quotidien, pendant quatre ans. Nous devons être en mesure de conserver la même énergie sur la durée, ce qui exige de gros efforts et une implication totale, tant de la part des membres du staff que des joueurs. Je suis convaincu que nous en sommes capables.

Avez-vous dressé la liste des joueurs sélectionnés pour la Copa América en pensant uniquement au tournoi ou préparez-vous déjà les qualifications pour la Coupe du Monde au Qatar ? La Copa América commence bientôt, mais nous devons également tenir compte des prochaines échéances. Le temps que nous allons passer avec les joueurs va s’avérer utile pour façonner notre style de jeu, ce qui n’est pas vraiment possible lors des matches amicaux, en raison d’une période de préparation trop courte. Il est donc primordial d’exploiter au maximum le temps dont nous bénéficierons à la Copa América, en pensant déjà à la campagne de qualification pour le Qatar.

Quand ?Contre qui ?Où ?
16 juinParaguay - QatarRio de Janeiro
19 juinArgentine - ParaguayBelo Horizonte
23 juinColombie - ParaguaySalvador

Óscar Cardozo a 35 ans. Quel rôle comptez-vous lui donner en sélection ? Il est le meilleur buteur paraguayen en activité. Nous suivons les joueurs en tenant compte de leurs performances du moment. Outre son expérience avec l’Albirroja, dans son état de forme actuel, Óscar peut encore apporter beaucoup à la sélection.

Quels sont les jeunes qui vous ont impressionné jusqu’à présent et pourquoi ? Sans citer de noms, j’ai été agréablement surpris de ce que j’ai pu voir lors du tournoi d’ouverture du championnat du Paraguay. Malgré la chaleur, les joueurs ont disputé les rencontres à un rythme soutenu. C’est là tout le mérite du footballeur paraguayen, sa marque de fabrique. Il fait preuve d’un courage à toute épreuve.

Sur le plan des résultats, quels sont vos objectifs pour cette Copa América? Mon premier objectif pour ce tournoi est d’instaurer un système de jeu. Pour y parvenir, nous devrons renforcer le groupe sur le plan humain. Nous rêvons d’aider le Paraguay à revenir en Coupe du Monde et je crois que ce groupe peut nous donner de grandes satisfactions sur la route du Qatar. Nous devons d’abord mobiliser nos joueurs au travers de l’engagement et de l’effort, puis appliquer cette vision sur le terrain à l’aide d’un schéma tactique.

Quel schéma tactique exactement ? Avoir la possession de balle, être une équipe capable d’attaquer lorsqu’elle a le ballon, mais dans laquelle tous les joueurs travaillent en perte de balle. Pour y arriver, il faut beaucoup de mouvement dans l’équipe et proposer des solutions variées au passeur. Je veux que mon équipe joue au football. Aujourd’hui, les joueurs doivent couvrir énormément de terrain et faire de nombreux allers-retours entre la défense et l’attaque. Le temps dont nous disposons avant la Copa América sera consacré à ces aspects-là du jeu.

Historiquement, le Paraguay a obtenu de meilleurs résultats en jouant de manière plus directe. Est-ce que cela conditionne vos choix ? Les entraîneurs font des choix en fonction des qualités du noyau à leur disposition. Actuellement, les joueurs qui composent ma sélection sont davantage portés sur le jeu de passes, la maîtrise du ballon et la possession. Le Paraguay a souvent adopté un style de jeu direct parce qu’il alignait des attaquants excellents dans le jeu aérien. Sans écarter cette possibilité, je pense que nous sommes capables désormais de déployer un style de jeu basé sur des milieux de terrain très techniques qui privilégient le jeu court, les passes et les actions offensives plus construites.