C’est un Paul Pogba nouveau que le public français a découvert depuis le début de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018. Intraitable, appliqué, créatif, le milieu de terrain des Bleus est apparu mature mentalement et à son meilleur niveau footballistique. Mais pas question de se relâcher, surtout maintenant.

Piochy - comme l’appelle Antoine Griezmann -, a l’air grave quand il entre dans notre studio deux jours après avoir éliminé la Belgique. Pourtant, les Bleus sont qualifiés pour la finale. "Je suis vraiment heureux mais je ne veux pas encore être fier. Je veux attendre. Pour l’instant on n’a rien fait", lâche-t-il pour justifier sa mine sérieuse, lui d’ordinaire souriant et boute-en-train.

La vie a appris au milieu français qu’une équipe sur deux repart effondrée chez elle après une finale : "Il y a eu la finale l’UEFA Europa League gagnée avec Manchester en 2017 (dont il a été élu meilleur joueur) mais sinon, je ne connais pas le goût de la victoire en finale. En Ligue des champions en 2015 et à l’UEFA EURO 2016, je n’ai connu que celui de la défaite...", regrette celui qui oublie au passage qu’il a remporté celle de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA 2013, en étant élu meilleur joueur du tournoi.

Si le joueur de Manchester United est aussi méfiant, c’est qu’il ne l’a pas toujours été, comme il le confesse lui-même : "En 2016, on a péché par excès de confiance. Après avoir battu l’Allemagne en demi-finale, on s’y voyait déjà. Je vous assure qu’on ne refera pas cette erreur. Je connais bien les joueurs croates, c’est la classe mondiale. Ils sont sortis d’un groupe extrêmement relevé et dimanche, une seule équipe va soulever le trophée. Il faut que ce soit nous !"

Hors de question de refaire les mêmes erreurs et de se relâcher donc, surtout au moment critique de la reine des compétitions. Et le grand Pogba veut réaliser les rêves du petit Paul : "Je sais d’où je viens et ce que j’ai traversé pour en arriver là. La Coupe du Monde, c’est un rêve depuis tout gamin. Petit, je rêvais de marquer en finale", se remémore-t-il, avant d’ajouter en rigolant : "Maintenant j’ai revu mes objectifs : je veux juste la gagner !"

Le joueur aux 59 sélections a grandi avec les images du succès de la bande à Didier Deschamps plein la tête. Des souvenirs d’enfance qu’il voudrait remplacer par des réalités d’adulte : "L’étoile, on en a une sur le maillot, mais ce n’est pas moi qui l’ai gagnée", conclut-il, décidé à mettre à mettre un point "final" à ses rêves.