lundi 19 décembre 2016, 13:21

Des casques réfrigérants pour rafraîchir les travailleurs pendant l’été

Un casque réfrigérant novateur, conçu et développé par des chercheurs de premier plan au Qatar, devrait permettre de réduire sensiblement, jusqu’à 10 degrés, la température corporelle des travailleurs. Cela rendra les conditions de travail plus sures et plus confortables pendant les mois d’été, selon l’équipe de l’Université du Qatar à l’origine de ce nouveau système.

Ce casque à énergie solaire a été rigoureusement testé, breveté internationalement et mis en phase de production par un groupe de scientifiques basés à Doha, en collaboration avec le Comité Suprême pour la Livraison et l’Héritage (SC) et la Fondation Aspire Zone (Aspire). Des modèles supplémentaires ont désormais été commandés, avec pour objectif de les utiliser dès l’été prochain, sur les différents chantiers du SC.

"Le SC et Aspire nous ont approchés avec un challenge à relever, à savoir réduire le stress et les coups de chaud pour les travailleurs du Qatar et de la région pendant les mois d’été", confie le Dr Saud Abdul-Aziz Abdul-Ghani, professeur au Collège d’ingénierie de l’Université du Qatar. "Ce type de technologie de réfrigération corporelle est déjà utilisée dans certains sports américains, à l’entraînement, dans les états les plus chauds. Nous avons adapté cette solution innovante au bâtiment et nous pensons qu’elle a le potentiel pour révolutionner le secteur dans les régions les plus chaudes du monde."

Le chercheur, qui avait enseigné auparavant dans les universités britanniques de Nottingham et Manchester, travaille depuis deux ans sur ce projet, avec un groupe d’étudiants originaires du Qatar, de Jordanie, de Grèce et d’Égypte. Il collabore étroitement avec le SC et Aspire, afin d’en assurer la mise en place sur les chantiers de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™.

"Conditions de travail plus confortables et sûres" Lors d’une visite au Collège d’ingénierie de l’Université du Qatar, où ont eu lieu les tests et le développement, ainsi qu’au Stade international Khalifa, afin de mesurer la température des casques dans des conditions réelles de travail, le chercheur a expliqué en détail le fonctionnement de la technologie : "Notre concept fait appel à un ventilateur à énergie solaire diffusant de l’air sur un matériau réfrigéré dans le haut du casque. Cet air descend ensuite sur le visage de la personne, qui bénéficie alors d’un environnement plus frais."

"Nous sommes persuadés que cette technologie offrira des conditions de travail plus confortables et plus sures, pour un gain de poids assez limité", ajoute-t-il. "En réduisant la température de la tête et du visage, le reste du corps s’ajuste naturellement. Les ouvriers bénéficieront d’un flux constant d’air réfrigéré tout au long de leur journée de travail."

Un petit panneau solaire attaché au casque, pour un poids supplémentaire de seulement 300 grammes, permet à ce nouveau produit d’être à la fois sûr et efficace.

"Alors que nous continuons à faire du bien-être des travailleurs notre priorité numéro un sur l’ensemble de nos chantiers, nous travaillons d’arrache-pied afin de trouver et de développer les solutions les innovantes et les plus avancées dans le cadre de nos préparatifs pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar", affirme l’ingénieur Hilal Jeham Al Kuwari, président du département technique du SC.

"Bien que cette technologie ait été conçue et développée au Qatar et qu’elle sera d’abord utilisée sur nos sites, nous pensons qu’elle pourra l’être à l’avenir dans de nombreuses autres régions du monde frappées par des températures estivales extrêmes", poursuit-il. "Cela confirme également notre engagement à utiliser la Coupe du Monde comme un vecteur pour promouvoir l’innovation et une certaine culture de la sécurité dans notre région."

Les casques réfrigérants ont déjà fait l’objet de tests avancés et ses créateurs ont identifié plusieurs régions du monde dans lesquelles ils pourront être utilisés lorsqu’ils seront fabriqués en série.

"Ce type de technologie réfrigérante sera idéal pour le Moyen-Orient, l’Asie, l’Australie, le Mexique, les États-Unis et tous les pays au climat chaud, où elle pourra contribuer à réduire le risque d’attaques cardiaques et réguler de façon significative la température corporelle des ouvriers du bâtiment", projette le Dr Saud. "Une fois la phase de développement terminée, nous pourrons l’exporter dans d’autres régions chaudes. Cela s’inscrira dans l’héritage du tournoi."

Initiative locale "C’est une initiative importante, nous sommes fiers d’être impliqués dans le développement de cette technologie", se félicite Abdulaziz Al-Mahmoud, vice-président pour les projets sportifs à la Fondation Aspire Zone. "Notre implication dans ce projet démontre notre volonté de devenir la référence mondiale de l’excellence sportive, en accord avec l’esprit d’innovation que nous poursuivons dans chacun de nos projets."

"Nous avons travaillé étroitement avec nos partenaires du Comité Suprême et de l’Université du Qatar afin de mettre en place un contexte réel qui nous permet d’utiliser cette technologie novatrice dans différents projets", poursuit-il. "Elle offrira des conditions de travail plus confortables et plus sures aux ouvriers. Ce partenariat avec le SC s’inscrit dans une série d’initiatives communes destinées à apporter tout le soutien nécessaire à l’organisation d’une Coupe du Monde historique laissant derrière elle un héritage durable dans tous les domaines, dont la technologie."

Plusieurs études approfondies ont été effectuées par l’Université du Qatar durant la phase de test et de développement. Le système a notamment été testé en chambre climatique, afin d’analyser la quantité de sueur par heure, en y ajoutant les effets du soleil, de l’air et du vent, ainsi que les niveaux de chaleur dégagés par la tête. Le processus de développement a également pris en considération le poids et le prix du casque réfrigérant, afin que cette technologie innovante puisse être accessible au plus grand nombre.

"Nous utilisons à l’intérieur du casque un matériau à changement de phase, contenu dans une poche", détaille le Dr Saud. "Cela n’augmente que de 300 grammes le poids total du casque et peut fournir une réfrigération, sous des températures élevées, jusqu’à quatre heures consécutives. Même en plein soleil, de l’air frais descendra sur le visage des ouvriers. Lorsqu’ils iront en pause, ils mettront la poche dans un réfrigérateur, en prendront une froide et la placeront dans le casque."

"Nos recherches ont montré que la tête et le visage étaient les meilleures zones pour faire baisser la température corporelle. Le casque ne coûte que 20 dollars de plus qu’un casque normal et les bénéfices s’en font ressentir immédiatement, en termes de temps gagné sur les chantiers en évitant certains problèmes dus à la chaleur."

Pour les représentants du SC travaillant étroitement avec l’équipe de l’Université du Qatar, ce projet montre comment une innovation développée localement est utilisée afin de faire avancer le progrès dans un domaine essentiel pour le pays et la région.