De notre reporter d'équipe avec la France, Adrien Gingold

Il ne sort jamais sans son maté, parle un espagnol parfait, et le parrain de sa fille n’est autre que le défenseur central de l’Uruguay. Un joueur de la Céleste ? Non : Antoine Griezmann. Nous avons discuté l’attaquant des Bleus du prochain adversaire en quart de finale. Un choc sportif autant qu’émotionnel, pour celui qui le confie sans détour : "L’Uruguay, c’est mon second pays."

Quelques heures après s’être lui-même qualifié pour le grand huit contre l’Argentine (4-3), le buteur français est encore bouleversé de la victoire des Charruas sur le Portugal : "Je suis très ému qu’ils se soient qualifiés, c’est une nation et un peuple que j’adore", nous explique-t-il. "J’y ai beaucoup d’amis, ce sera un match génial à jouer et un moment très fort émotionnellement", se délecte d’avance celui qui considère lui-même "avoir un style de jeu uruguayen, un peu à la Cavani."

Sa belle romance avec ce petit pays de trois millions d’habitants commence à la Real Sociedad. Son entraîneur d’alors, Martin Lasarte, le lance dans le grand bain et son coéquipier uruguayen Carlos Bueno le prend sous son aile. L’ancien du Paris Saint-Germain l’initie au maté - le thé traditionnel, sans lequel Grizou ne fait plus aucun déplacement -, et le fait tomber amoureux de son ancien club, le Club Atlético Peñarol. Le natif de Mâcon n’en manque aucun match et connait tous les chants des socios.

"J’ai toujours eu au moins un ou deux Uruguayens dans mes clubs", explique celui qui fréquentera Diego Ifran à la Real, puis Christian Rodriguez à son arrivée à l’Atlético de Madrid. L’histoire continue aujourd’hui chez les Colchoneros avec José Gimenez et Diego Godin, ses partenaires depuis 2014 : "Diego est un grand ami. Je suis tous les jours avec lui, que ce soit sur ou en dehors des terrains. C’est pour ça que c’est le parrain de ma petite fille. C’est lui qui m’a donné envie de signer dans ce club", révèle Griezmann, de qui Godin dit "qu’il aime ce que nous sommes, nos coutumes, notre musique, et il boit plus de maté que moi !"

Outre le côté sentimental, le joueur de 27 ans apprécie le style des vainqueurs de la première édition de la Coupe du Monde de la FIFA, en 1930. "Le jeu et l’état d’esprit sont un peu les mêmes que dans mon club : très costaud derrière, et sans pitié devant. Pour moi, Edinson Cavani, c’est le meilleur attaquant. Il travaille pour l’équipe, fait 10 000 appels sur le terrain, ne lâche jamais rien. Et dans la surface, il n’a besoin qu’une ou deux touches pour tirer."

L’Uruguay, fil rouge de la carrière d’Antoine Griezmann, se retrouve de nouveau sur la route de l’attaquant, mais cette fois-ci dans l’équipe adverse. Et dans ce match du cœur, il ne faudra pas faire de sentiments.