lundi 05 septembre 2016, 08:29

Nani : "Il faut se battre pour atteindre le bonheur"

Les verbes "lutter" et "rêver" reviennent sans cesse dans la conversation. Peut-être parce que s’il connaît, à 29 ans, l’une de ses périodes les plus prolifiques, Nani a conscience de ce qu'il a enduré pour en arriver là. Très tôt, le récent champion d'Europe a compris qu'il n'obtiendrait rien en se défilant devant l'adversité. Dès son plus jeune âge, il a dû ramer à contre-courant. D'abord lorsque ses parents l'ont abandonné. Il connaît alors une enfance compliquée à Amadora, un quartier de la banlieue lisboète où les histoires finissent mal en général, comme cela a été le cas pour certains de ses amis.

Ensuite pour réaliser son rêve de devenir footballeur professionnel. Et plus tard encore pour, après un départ par la petite porte de Manchester United, ce club où il a remporté ses principaux succès, se réaffirmer de la plus belle des façons en devenant champion d'Europe avec le Portugal et en rejoignant le club espagnol de Valence.

Au micro de FIFA.com, Nani revient sur le parcours qui a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, sur son capitanat "forcé" lors de la finale de l'EURO 2016 suite à la blessure de Cristiano Ronaldo, sur le nouveau cycle qui commence pour la Selecção das Quinas avec le début des qualifications pour Russie 2018. L'ailier portugais aborde ces thèmes, parmi d'autres, avec le style direct et pénétrant qui caractérise son jeu.

Vous avez remporté de nombreux titres dans votre carrière, avec notamment la Ligue des champions et une Coupe du Monde des Clubs de la FIFA avec Manchester United. L'EURO a-t-il été le titre le plus important ? Oui. C’est le trophée le plus important et celui qui m'a le plus marqué car je l'ai remporté avec la sélection. C'est quelque chose dont tous les joueurs rêvent. Je suis vraiment fier de pouvoir représenter mon pays et d'avoir gagné quelque chose d'aussi important pour nous. Nous avons fêté ça comme il se doit. Le pays est fier de toute l'équipe, et nous aussi, car nous voulions offrir quelque chose à notre peuple et nous avons tout fait pour y arriver.

Quand on gagne quelque chose d'aussi important, pense-t-on à tout le chemin parcouru pour en arriver là ? J'ai toujours dû lutter. J'ai surmonté beaucoup d'épreuves depuis tout petit et je continue de me battre pour tout ce que je veux obtenir dans ma vie. Dans le football, j'ai bataillé pour atteindre les objectifs que je m'étais fixés. J'ai toujours pensé que c'était possible. Aujourd'hui je suis très satisfait de tout ce que j'ai réussi, car je suis le seul à savoir par où je suis passé et les efforts que j'ai dû faire pour en arriver là. Je veux montrer à mon fils, par exemple, où je suis allé, où j'ai commencé, où j'ai joué… Je veux qu'il sache que dans la vie, rien n'est facile, contrairement à ce que peuvent laisser croire les apparences de nos jours. Je vais essayer de faire en sorte qu'il devienne quelqu'un de bien et qu'il puisse atteindre ses propres objectifs à l'avenir.

Votre parcours peut-il servir d'exemple aux enfants qui connaissent une situation aussi difficile que la vôtre quand vous étiez petit ? Oui, je pense que mon histoire peut leur servir. Je veux leur montrer qu'un jour, ils pourront devenir comme moi. Même si l’on passe par des moments difficiles dans la vie, il faut se battre pour atteindre le bonheur. Il faut croire en ses rêves. En se battant, les bonnes choses finissent toujours par arriver. Personnellement, le football m'a évité pas mal de problèmes quand j’étais enfant. Je ne vais pas dire que je n'ai jamais rien fait de mal. Difficile de faire autrement quand on sait d’où je viens. Avec mes amis, nous avons fait quelques bêtises, comme tous les enfants, mais je ne me suis jamais écarté du droit chemin. Quand l'heure du foot arrivait, j'abandonnais tout et je partais jouer. Je m'amusais et tout mon esprit était centré sur le jeu. C’est comme ça que je me suis éloigné des problèmes.

Lors de la finale de l'EURO, le Portugal a su se remettre de la blessure de Cristiano. Vous avez alors repris son rôle de capitaine et de leader. Qu'avez-vous pensé au moment où il vous a cédé le brassard ? C’était un moment très triste. Cristiano est notre capitaine, une personne que nous respectons vraiment. Il s'est beaucoup battu pour nous et quand nous avons vu qu'il était blessé… J'étais vraiment mal quand il m'a annoncé qu'il ne pouvait pas continuer. Cette finale, c’était vraiment quelque chose d'exceptionnel pour lui. Sa tristesse était énorme. Je lui ai dit qu’on n’allait pas le laisser tomber, qu’on allait tout donner et qu’on gagnerait cette rencontre, parce qu’on le méritait. Ça a été un tournant. On a changé d’état d’esprit, on a joué avec nos tripes et on s’est battus jusqu'à la fin. L'équipe qui a le plus souffert a réussi à l'emporter.

Cristiano vous a offert le Soulier d'argent qu'il a gagné à l'EURO… Nous avons inscrit le même nombre de buts dans la compétition. Je l'ai profondément remercié pour ce cadeau. C'était un beau geste de sa part. J'ai été très touché. Il m'a dit : "Je te le donne, tu le mérites, pour ton attitude, pour tes efforts et pour tout ce que tu as donné à l'équipe. Tu nous as beaucoup aidés".

Vous venez d'arriver à Valence, un club historique du football espagnol. Que pensez-vous apporter à cette équipe ? J'avais très envie de jouer en Espagne. Cette opportunité est arrivée au meilleur moment de ma vie. Je pense que je peux apporter ma force de caractère. Je ne baisse jamais les bras et je travaille dur. Je veux aider Valence en donnant tout ce que j'ai. Nous avons débuté la Liga par deux défaites, ce qui n’est pas idéal. Nous devons améliorer certains points, mais avons les moyens de bien jouer et de gagner des matches.

Revenons sur la sélection. Vous venez d'être sacrés champions d’Europe et un nouveau défi se présente à vous : vous devez vous qualifier pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Pensez-vous que vos adversaires auront davantage de respect pour vous désormais ? Normalement oui, non ? (rires). Sinon tant pis. Le plus important, c’est de rester concentrés sur ce que nous faisons. On va jouer avec la même ambition et prendre du plaisir en jouant notre jeu, comme d'habitude. Après avoir remporté l'EURO, nous nous sentons plus forts et avons confiance en nous.

Vous jouez le premier match en Suisse, une nouvelle fois sans Cristiano, mais votre équipe a déjà montré qu'elle était capable de composer sans lui. Comment abordez-vous les qualifications ? Nous devons essayer de réussir le meilleur début possible et essayer d'imposer nos qualités dès le début afin de ne pas nous retrouver en situation inconfortable sur la fin. Nous savons que la Suisse est un adversaire redoutable et en plus, elle jouera à domicile. En plus, nos adversaires voudront nous battre maintenant que nous sommes champions d'Europe. Mais notre objectif, c’est de gagner chaque match que l'on joue.

On disait autrefois que le Portugal restait toujours aux portes de la gloire dans les grandes compétitions. Le moment est-il venu de rêver en grand avec un titre mondial en Russie par exemple ?

Oui, la Coupe du Monde va faire partie de nos objectifs. Une fois qu’on commence à gagner, on ne peut plus changer d’état d’esprit. Nous ne sommes pas assurés de gagner tout le temps mais l’envie et l’objectif de victoire doivent rester. Le football est un jeu qui permet de rêver. Nous voulons continuer sur notre lancée, en gagnant de nouveaux trophées, après cet EURO.