jeudi 13 décembre 2018, 11:00

Gallardo dans l'histoire et dans le cœur de River

  • Marcelo Gallardo a encore mené River Plate au sommet continental

  • L'ancien joueur du club est à la tête de l'équipe depuis 2014

  • Le parcours des Argentins à E.A.U 2018 débute ce 18 décembre

L'entrée du musée de River Plate est gardée par une immense statue d'Angel Labruna. Labruna c'est River, River c'est Labruna. Dans un club qui a connu de nombreuses idoles en 117 ans d'histoire, il a été le totem incontesté pendant des décennies. Mais il n'est plus seul. Il a été rejoint par Marcelo Gallardo.

La Copa Libertadores remportée par El Muñeco et ses hommes aux dépens de Boca Juniors a placé Gallardo au pinacle de l'institution millonaria. Tous les aficionados de River l'aimaient déjà, mais en battant l'ennemi juré dans la plus grande de toutes les finales, l'ancien milieu de terrain a pris une nouvelle dimension.

"Ça restera éternellement gravé dans les annales du club. Je ne vois pas qui pourrait battre ça", confie l'entraîneur dans les médias argentins. Pour les supporters de la Banda Sangre, Gallardo est la pierre philosophale d'un exploit qu'ils aimeraient bien voir leur club rééditer dans la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2018.

FIFA.com vous explique pourquoi l'entraîneur d'un club où la victoire a toujours été la règle plutôt que l'exception est devenu un gourou.

Et River redevint River

Lorsque Gallardo prend les rênes de l'équipe à la mi-2014, l'humiliation d'avoir passé la saison 2011/12 en deuxième division argentine n'est pas encore digérée. Ramon Diaz, le seul qui s'approchait de Labruna dans la hiérarchie du club, vient pourtant de conduire l'équipe au titre de champion d'Argentine. Avant de démissionner…

Gallardo connaît la maison, où il a été adoré en tant que joueur. Mais comme technicien, il a peu d'expérience. Cela fait deux ans qu'il n'a plus entraîné et l'équipe n'a quasiment pas été renforcée. L'incertitude est totale.

L'impact se fait immédiatement sentir, aussi bien en termes de résultats que de qualité du jeu produit. Commence un cycle qui, avec des hauts et des bas logiquement, va lui permettre en quatre ans et demi d'égaler Diaz comme meilleur entraîneur de l'histoire du club, avec neuf titres :

  • 2 Copas Libertadores

  • 1 Copa Sudamericana

  • 2 Recopas Sudamericanas (Supercoupe d'Amérique du Sud)

  • 2 Coupes d'Argentine

  • 1 Supercoupe d'Argentine

  • 1 Copa Suruga

Succès international

River est le club le plus titré en championnat d'Argentine, mais il éprouve beaucoup plus de difficultés sur le plan international. En 1998, il n'avait remporté que trois titres continentaux, dont deux en Libertadores. Ensuite, il a connu plusieurs éliminations alors que de son côté, Boca connaissait sa période la plus glorieuse.

Gallardo a remplacé la honte par la fierté. Il a commencé à gagner de manière régulière dans des endroits et des situations compliqués. L'un des meilleurs exemples est la victoire contre Grêmio, à Porto Alegre, en demi-finale de la présente édition de la Copa Libertadores. À 10 minutes de la fin, son équipe devait marquer deux fois pour ne pas être éliminée. Elle l'a fait. Ou comme contre Boca en finale : River a été mené trois fois sur l'ensemble des deux matches. Les Millonarios sont toujours revenus au score, avant de s'imposer dans la prolongation de la deuxième manche.

Bilan positif contre Boca

Depuis le début des années 1990, les Xeneizes dominaient River. Même avec des équipes brillantes et quelques stars - dont Gallardo - dans son effectif, la Banda Sangre avait du mal à négocier les superclásicos.

Devenu entraîneur, Gallardo a inversé l'ordre des choses : il a disputé deux finales (la Supercoupe d'Argentine et la Libertadores 2018) et deux autres concentrations directes (demi-finale de la Copa Sudamericana 2014 et huitième de finale de la Libertadores 2015).

À deux reprises, il était clairement en infériorité. Il a gagné ces quatre matches, n'a pas perdu une seule rencontre sur sept (la dernière a été interrompue à la mi-temps alors que le score était de 0-0) et a fini par emporter la compétition à chaque fois.

Une mentalité de fer

River a toujours été synonyme de football léché, mais lorsque l'issue d'une partie serrée demandait un supplément de caractère, l'équipe était rarement au rendez-vous. De fait, de 2000 à 2014, les Millonarios assistaient aux finales plus souvent sur leur canapé que sur la pelouse. Gallardo a rendu son équipe redoutable par l'intensité qu'elle impose à son adversaire et sa mentalité conquérante. L'obsession de l'entraîneur est de mêler le goût du club pour le beau football à une personnalité débordante.

Sur les 50 matches à élimination directe où il a dirigé River dans les compétitions nationales et continentales, il en a gagné 42. Il s'est également remis de son jour le plus noir, lorsque son équipe a été éliminée en demi-finale de la Libertadores 2017 après avoir gaspillé une avance de trois buts en l'espace de 45 minutes.

"Dans les moments les plus difficiles, il n'y a que le tempérament qui peut vous sauver. Et ma façon de forger les caractères, c'est de travailler et de vivre chaque entraînement comme si c'était le dernier", dit-il parfois.

Appartenance et influence

C'est un leader fort, qui procède par messages directs à l'intérieur du vestiaire comme en dehors, quel qu'en soit le destinataire. Enfin, il a un flair tactique certain : il sait gagner les matches en exploitant au mieux les faiblesses de l'adversaire, ou en corrigeant à temps ses propres erreurs.

En tant que numéro 10 intelligent et talentueux, Gallardo a remporté six titres nationaux et deux couronnes internationales. "Je suis un enfant de cette maison", dit-il. Dès l'âge de 12 ans, il a aimé la philosophie de River et aujourd'hui, il sait la transmettre : les supporters le perçoivent comme l'un des leurs.