mercredi 07 novembre 2018, 15:08

La double épreuve de Bashar Rasan

  • Bashar Rasan a perdu sa mère alors qu’il se trouvait en stage avec l’équipe d’Irak

  • Persépolis s'est incliné 2-0 en finale aller de la Ligue des champions de l'AFC

  • Les Iraniens affrontent Kashima Antlers à Téhéran au match retour

En pleine préparation de la finale retour de la Ligue des champions de l’AFC qui opposera Persépolis aux Japonais de Kashima Antlers ce 10 novembre, Bashar Rasan Bonyan se retrouve confronté à une situation bien plus terrible que l'enjeu d'un match capital.

Le 11 octobre, Bashar était sur le terrain pour affronter l’Argentine en match amical avec l'Irak. Le milieu de terrain de 21 ans ne savait pas encore à cet instant que sa mère était décédée quelques heures plus tôt. Le père de Bashar en a informé le sélectionneur irakien, mais lui a demandé de ne rien dire à son fils avant la fin du match.

Il a naturellement accusé le coup, en apprenant la nouvelle et a immédiatement quitté le camp de base de son équipe en Arabie Saoudite pour assister aux funérailles. Une semaine plus tard, il retrouvait son club à l’occasion des demi-finales de la Ligue des champions contre les Qatariens d’Al Sadd.

"C’est un jour que je n’oublierai jamais", raconte Bashar au micro de FIFA.com, la voix encore nouée par l’émotion. "Je vis très mal le fait d’avoir perdu ma mère aussi jeune. Elle n’était pas seulement ma mère, mais aussi mon amie. Les autres internationaux étaient au courant, mais ils n’ont rien dit afin de me permettre de me concentrer sur le match contre l’Argentine."

"Après sept jours très éprouvants au cours desquels ma famille a porté le deuil et reçu les condoléances, je suis retourné en Iran", poursuit-il. "J’ai participé à une ou deux séances d’entraînement avant le match contre Al Sadd. Lorsque nous nous sommes qualifiés, j’ai éprouvé un curieux mélange de joie et de tristesse. Il faut dire que ma mère était toujours la première à me contacter après chaque match. C’était le premier match après son décès. Au coup de sifflet final, je me suis rendu compte que je ne pourrais plus lui parler. La situation était horrible et je me suis laissé submerger par mes émotions".

Un match crucial

Le 10 novembre prochain, Bashar devra laisser sa peine de côté s’il veut aider Persépolis à remonter un déficit de deux buts et empêcher les Japonais de soulever le trophée continental au stade Azadi de Téhéran. Pour l’heure, il se veut optimiste et assure que Persépolis, 11 fois champion d’Iran, peut inverser la tendance et décrocher son premier sacre continental.

"Le match s’annonce historique, pour le club comme pour moi, surtout après ma victoire en Coupe d’Asie avec Al-Quwa Al-Jawiya en 2016", lance celui qui a fait ses débuts professionnels en 2010. "Notre présence en finale est déjà un exploit en soi. Les Japonais sont très forts, mais nous avons réussi à battre d’autres adversaires de très haut niveau, comme Al-Duhail et Al Sadd."

Et d'ajouter : "À l’aller, nous n’avons pas joué sur notre vraie valeur, surtout en seconde mi-temps. Si nous évoluons à notre véritable niveau au match retour, nous pouvons entrer dans l’histoire, gagner le titre et participer à la Coupe du Monde des Clubs le mois prochain".

Le saviez-vous ?


  • Bashar est issu d’une famille de footballeurs. Son frère Rasan Bonyan a joué comme défenseur en équipe nationale et dans plusieurs clubs irakiens. Ses quatre frères ont fréquenté les sélections de jeunes, ainsi que des équipes irakiennes moins huppées.

  • Ses coéquipiers à Persépolis lui ont apporté leur soutien lors d’un match de Coupe d’Iran contre Navad Urmia le 18 octobre, en arborant des maillots sur lesquels on pouvait voir une photo du joueur et de sa mère.

  • S’il participe à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, EAU 2018, Bashar sera le troisième irakien à disputer cette compétition, après Abdul-Wahab Abu Al Hail et Imad Mohammed.