samedi 11 mars 2017, 10:48

Murray, un grand parmi les géants

Ronaldinho, Thierry Henry, Fernando Torres ou encore Romario : la liste des meilleurs buteurs de la Coupe des Confédérations de la FIFA rassemble des ténors du football mondial. Au milieu de ces légendes, Bruce Murray ferait presque figure d'intrus.

"Je ne savais pas que j'avais été meilleur buteur en 92. Vous me l'apprenez", déclare l'ancien international américain, aujourd'hui âgé de 51 ans. "Mais c'est sympa de voir mon nom à côté de celui de Gabriel Batistuta." Murray a connu son heure de gloire à une époque où le football était plongé dans les limbes en Amérique du Nord, entre la fin de la North American Soccer League (NASL) et l'avènement de la Major League Soccer (MLS). "S'il était né plus tôt ou plus tard, sa notoriété serait bien différente", assure l'ancien sélectionneur des Stars and Stripes Bob Gansler.

Murray possédait un excellent jeu de tête. Grand et puissant, il se distinguait par son sa combativité sur le terrain. "À l'époque, tout le monde passait par le système universitaire", explique l'homme aux deux réalisations en Coupe des Confédérations 1992, connue à l'époque sous le nom de Coupe du Roi Fahd. "Si vous vouliez gagner votre vie en jouant au football, il fallait impérativement intégrer l'équipe nationale."

L'histoire de sa première convocation lui évoque un sourire nostalgique. "Je jouais dans une équipe d'amateurs. Un jour, nous avons disputé un match à New York", raconte Murray, visiblement ravi d'ouvrir la boîte à souvenirs. "J'avais été plutôt bon. Le lendemain, j'ai reçu un appel du sélectionneur national pour me demander si j'aimerais le rejoindre à Los Angeles pour jouer contre l'Angleterre."

Sans attendre, le jeune homme de 18 ans boucle ses valises et file en direction de la Californie, où l'attendent Gary Lineker et Glenn Hoddle. "Bon sang ! Nous avions l'Angleterre en face de nous", se souvient-il. "Nous avons perdu 5:0 mais j'avais fait un match correct."

Murray marque son premier but l'année suivante et s'impose rapidement comme un titulaire indiscutable au sein de l'équipe qui valide son grand retour en Coupe du Monde de la FIFA™, après 40 ans d'absence. "On avait l'impression d'être en tournée. Un jour on était en Espagne, le lendemain au Japon. Quelques jours plus tard, nous nous retrouvions en Turquie, dans un stade où les supporters mettaient le feu aux sièges."

Il débute les trois matches du premier tour d'Italie 1990 et signe l'un des deux buts de son équipe, un but de raccroc contre l'Autriche.

Souvenirs du Roi Fahd "C'était un voyage de plus pour nous", confie Murray au moment d'évoquer sa première Coupe des Confédérations. "Mais le stade du Roi Fahd était extraordinaire. Il était flambant neuf. On aurait dit une tente géante. Tous les sièges étaient équipés de moniteurs pour voir les ralentis. Pour l'époque, c'était une prouesse technologique !"

Les Américains entament leur parcours par une lourde défaite (3:0) contre l'Arabie Saoudite. "Tous les supporters étaient habillés en costume traditionnel", note Murray, également impressionné par la technique des Saoudiens sur le terrain.

Il signe les deux buts qui lui permettront de faire jeu égal avec Batistuta contre la Côte d'Ivoire. "Nous avons été malins", dit-il fièrement. "Ils étaient rapides, mais nous avions décidé de les prendre en contre. C'est comme ça que j'ai marqué mes deux buts."

Quand les États-Unis accueillent la Coupe du Monde deux ans plus tard, une nouvelle génération de footballeurs, emmenée par Cobi Jones et Alexi Lalas, est prête à prendre la relève. "Je ne faisais plus partie des plans du sélectionneur. C'était fini pour moi", constate Murray.

Une série de chocs et de blessures ont finalement raison du solide attaquant américain, contraint de prendre sa retraite avant d'avoir atteint la trentaine. Il ne participera donc pas à la renaissance du football aux États-Unis, au lendemain de la Coupe du Monde. Un bref passage à Millwall, en deuxième division anglaise, lui permet cependant de découvrir le monde professionnel.

Il conserve un souvenir ému du but inscrit pour ses grands débuts au Den, l'antre des Lions de Millwall. "Quand vous marquez là-bas, vous n'avez pas besoin de payer votre verre ou votre repas. Par contre, si vous faites un mauvais match, vous n'avez pas fini d'en entendre parler… dans le stade ou en dehors."

Murray intègre le Temple de la Renommée du football américain en 2011. Au moment de raccrocher les crampons, il détient le record de buts et de sélections en équipe nationale. Il a depuis été devancé dans ces deux catégories, mais les stars américaines comme Clint Dempsey, Landon Donovan ou Christian Pulisic doivent certainement beaucoup au travail réalisé dans l'ombre par Bruce Murray.