jeudi 25 août 2016, 08:26

Kluivert tire Curaçao vers le haut

Curaçao est un minuscule îlot dont la population dépasse à peine la capacité du stade Azteca de Mexico. Dépourvu de championnat professionnel, il est quasiment inconnu du football international. Il a récemment appelé au chevet de sa sélection une lointaine relation au brillant palmarès, comprenant notamment une Ligue des champions de l'UEFA, un championnat espagnol et un Soulier d'Or chaussé à l'UEFA EURO. "Ma mère est de Curaçao", explique Patrick Kluivert, auteur de 40 buts en dix ans passés sous le maillot néerlandais, à FIFA.com après avoir pris les rênes de la formation curacienne l'an dernier. "J'ai beaucoup de famille là-bas. J'ai eu envie de faire quelque chose pour l'île."

Aujourd'hui âgé de 40 ans, Kluivert était l'homme de la situation. Bien que présent à temps partiel seulement en raison de ses nombreuses obligations, son impact s'est immédiatement fait sentir. Tombeurs de Montserrat et de Cuba sur la route de Russie 2018, les Curaciens ont bondi de la 154ème à la 131ème position au Classement mondial FIFA/Coca-Cola au cours des deux derniers mois, une avancée de 23 places qui les a propulsés au 16ème rang de la zone CONCACAF.

Le rêve mondialiste Malgré ses ressources modestes et ses maigres états de service, la Fédération curacienne espère accéder à la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™. Cet objectif relève à priori de la mission impossible pour le territoire semi-autonome attaché aux Pays-Bas par de solides liens historiques. Mais depuis l'entrée en fonctions de Kluivert, de nombreux joueurs professionnels, issus principalement des Pays-Bas, mais aussi d'Angleterre et d'autres pays, ont proposé leurs services. Si Curaçao ne compte qu'un peu plus de 150 000 habitants, il dispose d'une diaspora importante et la seule condition imposée aux candidats à la sélection est d'être né d'une mère ou d'un père natif de l'île.

Buteur talentueux sous les couleurs de l'Ajax Amsterdam, l'AC Milan et le FC Barcelone notamment, Kluivert se montre aussi doué au poste d'entraîneur. Adjoint de Louis van Gaal à Brésil 2014, il a aidé les Bataves à décrocher la troisième place et permet aujourd'hui à la petite île de Curaçao de rêver en grand.

En juin, les Curaciens se sont invités au troisième tour des qualifications pour la Coupe des Caraïbes 2017, à la faveur de larges victoires sur le Guyana et les Îles Vierges américaines. En deux rencontres, ils ont inscrit 12 buts, contre seulement deux encaissés. La phase suivante les mettra aux prises avec Porto Rico et Antigua-et-Barbuda, un groupe relativement clément au vu de l'entrée en lice de gros calibres comme la Jamaïque, Haïti et Trinité-et-Tobago, à ce stade de la compétition.

La Gold Cup en ligne de mire En tant que membre des anciennes Antilles néerlandaises, Curaçao a atteint à deux reprises la troisième place du Championnat de la CONCACAF, prédécesseur de la Gold Cup actuelle. Mais ces résultats remontent aux années 1960. Depuis 2011, année où il s'est séparé des Antilles, il a disparu des grandes compétitions. Il pourrait renouer avec le haut niveau s'il prend la tête de sa poule dans les qualifications pour le tournoi caribéen, un exploit qui lui ouvrirait les portes de la Gold Cup de la CONCACAF pour la première fois en plus de 40 ans et en qualité de fédération indépendante.

L'afflux de talents qui a accompagné l'arrivée de Kluivert sur le banc a nourri les rêves de la petite nation paradisiaque nichée à la pointe méridionale des Caraïbes, presque en vue des côtes du Venezuela. Meilleur buteur historique du pays à 24 ans, Feliciatiano Zschusschen joue en connivence avec Cuco Martina et Darryl Lachman, tous deux expatriés en Angleterre. Sept autres éléments de la sélection évoluent dans l'élite néerlandaise. Le professionnalisme du groupe sur le terrain et dans la zone technique ne devrait pas tarder à faire sortir Curaçao de l'anonymat.

Il est peu probable que Kluivert garde la barre longtemps. Récemment nommé directeur du football au Paris Saint-Germain, il s'est toutefois engagé à guider Curaçao pendant toute la durée des qualifications pour la Coupe des Caraïbes. Même si son mandat ne va pas au-delà, son influence sur le football curacien perdurera. "J'ai de bons joueurs", assure-t-il à propos de sa jeune équipe ambitieuse. "Je suis fier d'aider l'île à progresser."