samedi 13 juin 2020, 06:05

13 juin 2006 : L'envol des Éperviers

Nous sommes le 15 mai 2006. La Coupe du Monde de la FIFA™ se profile à l'horizon. À 16 heures, un avion en provenance d'Afrique atterrit à Stuttgart. L'appareil transporte l'équipe nationale du Togo, qui s'apprête à participer pour la première fois de son histoire à l'épreuve mondiale. Quelque 70 journalistes et une quinzaine de caméras sont là pour assister à l'arrivée des Éperviers. "J'en garde beaucoup de souvenirs", confiait Assimiou Touré en 2016, une décennie plus tard, au micro de FIFA.com. "J'ai vécu en Allemagne les plus beaux moments de ma carrière. Sans cette Coupe du Monde, je ne serai pas devenu l'homme que je suis aujourd'hui."

Le 13 juin 2006, le moment est venu pour les Togolais de passer aux choses sérieuses. En guise d'entrée en matière, ils affrontent la République de Corée à Francfort. Les Éperviers ne se laissent pas dépasser par l'enjeu : à la demi-heure de jeu, Mohamed Kader donne l'avantage aux siens. On se dit alors que la belle histoire africaine va s'enrichir d'un nouveau chapitre.

Mais au retour des vestiaires, Lee Chunsoo et Ahn Junghwan trouvent tour à tour le chemin des filets et brisent le rêve d'un premier succès togolais en Coupe du Monde. La suite se révèle plus difficile pour Touré et ses coéquipiers, qui cèdent face à la Suisse (2-0) puis la France (2-0), future finaliste de l'épreuve. La surprise tant espérée n'aura pas lieu ; les Éperviers quittent la compétition à l'issue du premier tour.

Pourtant, six millions de Togolais ne sont pas près d'oublier l'extraordinaire aventure vécue par Touré, Emmanuel Adebayor et le capitaine Jean-Paul Abalo. "Il y avait une ambiance fabuleuse au pays. Les gens se rassemblaient spontanément autour des postes de télévision", raconte Touré. "En Afrique, tout le monde adore le football et il ne fait aucun doute que notre qualification pour Allemagne 2006 a donné un bon coup de pouce au football togolais."

Les joueurs rentrent chez eux avec quelques certitudes. Au final, c'est surtout l'expérience qui aura fait défaut à l'une des plus jeunes équipes nationales du continent. Pourtant, le Togo rentre petit à petit dans le rang. Lors des préliminaires d'Afrique du Sud 2010, Brésil 2014 et Russie 2018, la sélection se contente d'un rôle de figuration. La qualification pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2013 redonne un temps espoir à tout un peuple, sans toutefois déboucher sur de profonds changements.

Allemand d'adoption

Touré a tout de même réalisé son rêve de prendre part à une Coupe du Monde. Né au Togo, le défenseur a grandi en Allemagne, un pays qu'il a représenté à deux reprises chez les U-18 avant qu'Otto Pfister ne le convoque chez les Éperviers en 2006. "Je ne me suis pas posé de questions ; j'ai tout de suite dit oui. C'était une occasion unique, même si j'espère que le Togo aura l'opportunité de se qualifier à nouveau pour une Coupe du Monde. J'ai profité de cet événement de façon d'autant plus intense que j'avais vécu en Allemagne. Dès le début, j'ai eu le sentiment de jouer à domicile."

Dans la foulée, Touré rejoint l'équipe B du Bayer Leverkusen. Malheureusement, des blessures à répétition l'empêchent de se faire remarquer. Après un long séjour à l'infirmerie suite à une fracture tibia-péroné, le Togolais enchaîne les prêts. Sa carrière internationale s'en ressent, de sorte que son compteur personnel reste bloqué à 15 sélections.

Aujourd'hui, le Français Claude Le Roy a repris en main les Éperviers et souhaite instaurer une nouvelle dynamique. "Le Togo n'est pas un petit pays de football en Afrique", assure le technicien à FIFA.com. "Il a participé à plusieurs Coupes d'Afrique et à la Coupe du Monde 2006. Il y a de très bons joueurs ici. Ce n'est pas le potentiel qui manque."