vendredi 14 août 2020, 07:02

14 août 1977 : Le Cosmos sur une autre planète

L'irruption du soccer sur le devant de la scène américaine à la fin des années 70 doit beaucoup aux efforts du Cosmos. En 1974, le club de New York attirait à peine 3 578 spectateurs par match. Ce relatif anonymat n'a pas empêché les dirigeants de convaincre le grand Pelé de sortir de sa retraite l'année suivante. Sous l'influence de l'attaquant brésilien, l'équipe s'est rapidement muée en un véritable phénomène de société.

Pour faire face à la demande croissante du public, le Cosmos a dû déménager deux fois de suite. La deuxième fois, Pelé et ses partenaires ont jeté leur dévolu sur le tout nouveau Giants Stadium, dans lequel les New York Giants évoluaient régulièrement à guichets fermés. Très vite, le Cosmos est apparu en mesure de rivaliser avec le football américain en termes de popularité. En juin 1977, 62 394 étaient présentes pour assister à la victoire de l'équipe entraînée par Eddie Firmani sur les Tampa Bay Rowdies. Le record d'affluence de la North American Soccer League n'a pourtant pas tenu bien longtemps : deux mois plus tard, ils étaient 77 691 à suivre le match opposant le Cosmos aux Fort Lauderdale Strikers.

Le Cosmos sur orbite

Il y a 42 ans jour pour jour, cette demi-finale de la Conférence Est allait accoucher de plusieurs autres records. Pourtant, personne ne s'attendait véritablement à assister à un festival offensif. Les Strikers affichaient le meilleur bilan à l'issue de la saison et régulière et possédaient de loin la meilleure défense. Le titre de meilleur gardien de la NASL semblait d'ores et déjà promis à Gordon Banks, 39 ans. Avant la rencontre, Pelé s'était fendu de cet hommage au portier anglais : "Il reste le meilleur gardien du monde".

À peine 97 secondes après le coup d'envoi, Pelé et Giorgio Chinaglia servent Steve Hunt au terme d'une belle combinaison. Sans se faire prier, celui-ci ouvre le score. Dix minutes plus tard, Franz Beckenbauer double la mise. Le champion du monde en titre offre ensuite une passe décisive à Chinaglia. Dans la foulée, Maurice Whittle réduit l'écart mais Hunt trouve à nouveau la cible et offre une confortable avance au Cosmos à la mi-temps (4:1).

Il ne faut que 54 secondes aux joueurs de New York pour inscrire un nouveau but au retour des vestiaires. Sur une passe lumineuse de Carlos Alberto, Tony Field trouve à son tour le chemin des filets, puis Chinaglia se charge de porter la marque à 6:1. Par la suite, l'attaquant italien inscrit son troisième but personnel de la partie. Les Strikers reviennent encore au score par Norma Piper mais la situation n'inquiète pas outre mesure Eddie Firmani, qui décide de sortir Pelé, Beckenbauer et Field. À la 68ème minute, le jeune remplaçant Gary Etherington marque le huitième et dernier but new-yorkais de la rencontre. Le mot de la fin revient cependant aux visiteurs, par l'intermédiaire de Whittle.

Champion, démonstration et prédiction

Devant une affluence record, Chinaglia devient le premier joueur à réussir un triplé à ce niveau de la compétition. Le Cosmos est également la première équipe à inscrire huit buts dans un seul match.

"L'atmosphère était exceptionnelle. Nous n'avions encore jamais connu ça aux États-Unis", dira Carlos Alberto après coup. "Nous avions tous envie de faire le spectacle mais personne n'imaginait que nous réussirions une telle performance, surtout face à un adversaire aussi sérieux et bien organisé. Ce jour-là, nous étions intouchables. C'est à ce moment-là que j'ai su que le titre ne pouvait pas nous échapper."

La prédiction du Brésilien s'est réalisée un mois plus tard. Si la courte victoire 2:1 devant les Seattle Sounders au Rose Bowl marque incontestablement le plus grand succès de Pelé au Cosmos, la démonstration réalisée face aux Strikers restera à jamais son plus beau souvenir américain.