"Rien n’est jamais facile, mais rien n’est impossible", répond l’Égyptien Ezzeldin Bahader lorsqu’on l'interroge sur son entrée dans le Livre Guinness des Records. Le 6 mars 2020, il est devenu le plus vieux joueur à prendre part à un match officiel, en l'occurrence une rencontre de troisième division. Il était encore aligné par par son club, October 6, contre El Ayat le mois dernier.

FIFA.com s’est entretenu avec ce grand-père de six petits-enfants, qui a fêté ses 75 ans ce 4 novembre.

J’ai toujours eu envie de jouer pour un grand club, mais ce n’était qu'un projet en l’air. Je me suis fixé un autre but lorsque j’ai découvert que le plus vieux footballeur professionnel de tous les temps était un attaquant de 53 ans (le Japonais Kazuyoshi Miura). Comme j’étais de loin son aîné, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. Au début, je n’en ai parlé à personne. J’essayais de me motiver mais, quand ma famille l’a appris, j’ai été d'autant plus encouragé à concrétiser cet objectif.

La pandémie ne m’a pas aidé, dans la mesure où le championnat a été suspendu deux jours avant le deuxième match auquel je comptais participer. J’étais déçu, mais j’ai profité de cette interruption pour m’entraîner avec mon fils. J’ai aussi regardé beaucoup d’exercices en ligne afin de les reproduire à la maison. Mais s’entraîner chez soi n’a rien à voir avec ce que l’on peut faire en club.

J’ai été très bien accueilli. Nous avons discuté et nous avons beaucoup ri. Ils m’ont dit qu'ils s'attendaient à trouver un vieillard qui les traiterait comme des enfants. Ils n’ont pas tardé à me mettre à l’épreuve, en me demandant de tirer au but. Heureusement, j’ai été plutôt efficace. À la fin, ils étaient convaincus.

J’étais nerveux et, pour ne rien arranger, mon genou et ma hanche me faisaient souffrir. Mais mes coéquipiers m’ont soutenu. Dès que le coup d’envoi a retenti, je me suis plongé dans l’ambiance et le trac a disparu.

J’espérais bien marquer, mais ça n’a pas été facile. Nous avons affronté une bonne équipe, qui luttait pour ne pas descendre en division inférieure. Nous avons obtenu un penalty dans les dernières minutes et j’ai eu le bonheur de le convertir.

Là encore, les circonstances n’étaient pas simples car j’ai souffert d'une otite deux semaines avant la partie. Mon équilibre s'en est trouvé affecté et je n’ai pas réussi à finir une seule séance d’entraînement. J’avais très peur de ne pas être dans le groupe. Pendant le match, j’ai eu quelques vertiges. J'ai encore pu compter sur le soutien de mes partenaires et mes entraîneurs. J’ai même pu inscrire le deuxième but de mon équipe sur une combinaison que nous avions travaillée à l’entraînement.

Ils avaient l’air surpris et un peu mal à l’aise avant le match, mais j’ai brisé la glace en allant leur serrer la main. Certains ont même pris des photos avec moi avant le coup d’envoi.

Oui, je pense que ça va donner des idées à certains, d’autant que les footballeurs arrêtent généralement assez tôt. De mon côté, j’aimerais bien organiser un tournoi pour les joueurs de plus de 40 ans. Ce serait l’occasion pour d’anciennes gloires de garder la forme et de montrer qu’elles n’ont rien perdu de leur talent. En tout cas, mon histoire prouve que l’âge n’est qu'un chiffre.

Ce que j’ai fait, tout le monde peut y parvenir avec un peu de volonté et de détermination. Ce n’est pas évident de rester en forme, surtout à mon âge, mais être en forme est déjà un défi à la base. Je vais donc continuer à jouer et à m’entraîner car j’adore le football.