lundi 10 mai 2021, 06:01

Bergkamp, Hollandais non-volant mais brillant

A l'occasion de l'anniversaire de Dennis Bergkamp le 10 mai, FIFA.com revient sur la carrière du légendaire attaquant des Pays-Bas.

Bénéficier de la présence d'un mentor à ses débuts peut aider à lancer une carrière. Dennis Bergkamp a eu la chance de profiter des conseils de Johan Cruyff. Le Roi Johan, qui entraînait alors l'Ajax Amsterdam, n'a pas hésité à miser sur celui qu'il considérait comme un prodige. "Il fera son chemin, vous pouvez me croire", répondait l'ancienne légende des Pays-Bas à ceux qui lui reprochaient d'avoir donné sa chance à un inconnu de 17 ans.

Grand supporter de Manchester United, le père de Bergkamp avait tenu à donner à son fils le prénom de l'une de ses idoles, l'Écossais Denis Law. Au sein du prestigieux centre de formation de l'Ajax, le petit Dennis ne s'était pourtant jamais distingué par ses exploits balle au pied. Cruyff est donc le premier à repérer quelque chose de particulier chez ce joueur au parcours très discret.

Le stratège néerlandais lance son poulain dans le grand bain en le faisant entrer en deuxième mi-temps de la finale de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe 1987, remportée 1-0 face au Lokomotiv Leipzig. Deux saisons plus tard, la vision de Cruyff s'est définitivement imposée à tous. Cette année-là, les journalistes néerlandais élisent Bergkamp meilleur espoir du championnat. En 1991, il termine meilleur buteur de l'élite néerlandaise avec 25 réalisations, à égalité avec le Brésilien Romario. Séduit par ses qualités, le Real Madrid cherche à le recruter, mais l'intéressé décline la proposition. "Je ne suis pas encore prêt à vivre à l'étranger", répond l'attaquant de 21 ans.

Gunner rime avec bonheur

Deux ans plus tard, son palmarès s'est enrichi d'un titre de meilleur buteur d'Eredivisie, une Coupe UEFA et deux titres de joueur de l'année. Le Real Madrid, le FC Barcelone, la Juventus et l'AC Milan sont à ses pieds et, cette fois, il se sent prêt à franchir le pas. Il choisit finalement l'Inter Milan en 1993 où son arrivée aux côtés de Wim Jonk annonce le début d'une nouvelle ère. Malheureusement, Bergkamp peine à s'adapter aux rigueurs du football italien. Deux ans plus tard, il quitte la Lombardie pour rejoindre Arsenal.

À Londres, il retrouve la joie de jouer et, en 11 ans, dispute 423 matches avec les Gunners, inscrit 120 buts et remporte neuf titres. Grâce à ses qualités techniques, Bergkamp brille comme ailier, avant de se reconvertir au poste d'avant-centre puis de numéro dix. "Tout le monde sait qu'Arsenal est un club cher à mon cœur. J'ai vécu des choses fantastiques avec cette équipe", confie Bergkamp en février 2014 lors de l'inauguration d'une statue à son effigie devant l'Emirates Stadium. "C'est un honneur. Je ressens un grande fierté."

Sa carrière internationale s'est révélée tout aussi riche. Ses débuts contre l'Italie (0-1) au lendemain de la Coupe du Monde de la FIFA 1990™ marquent le début d'une belle histoire sous le maillot oranje, rythmée par deux qualifications pour l'épreuve mondiale et trois autres pour l'UEFA EURO. Il inscrit 37 buts en 79 sélections, effaçant ainsi des tablettes le record de Faas Wilkes, avant d'être lui-même surpassé par Patrick Kluivert, puis Klaas-Jan Huntelaar et Robin van Persie. "Quand Bergkamp joue bien, les Pays-Bas jouent bien ; quand Bergkamp joue mieux, les Pays-Bas jouent mieux", écrit le Süddeutsche Zeitung. Le compliment vaut son pesant d'or, surtout si l'on se souvient que Marco van Basten, Ruud Gullit ou Frank Rijkaard ont évolué à ses côtés en équipe nationale.

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Phobie et anthologie

Au début de l'année 1997, Bergkamp demande au sélectionneur Guus Hiddink de ne pas l'appeler pour deux matches de qualification pour la Coupe du Monde en Turquie et à Saint-Marin. La raison de cette requête inhabituelle ? L'attaquant a très peur de prendre l'avion. Lorsque les Gunners jouent à l'extérieur, il se déplace en voiture, en bus ou en train. Cette phobie du transport aérien lui vaut le surnom de non-flying Dutchman ("le Hollandais non-volant").

Il ne vole pas, il lui arrive pourtant de ne pas toucher terre. On se souvient notamment de son but d'anthologie contre l'Argentine (2-1), en quart de finale de la Coupe du Monde 1998. Après avoir parfaitement contrôlé une longue passe en profondeur de Frank de Boer en pleine surface adverse, Bergkamp réalise un petit pont sur Roberto Ayala et glisse le ballon hors de portée de Carlos Roa d'une magnifique frappe de l'extérieur du droit. "Jusque-là, Dennis n'avait pas fait un grand match mais nous savions qu'il pouvait faire la différence à tout moment", assure De Boer à l'issue de la partie. Deux ans plus tard, les Pays-Bas échouent en demi-finale de l'EURO organisé sur leurs terres. Déçu, Bergkamp annonce sa retraite internationale. À 31 ans, il préfère se concentrer sur son club.

Tout au long de son parcours, Bergkamp a accumulé plus de 30 trophées et récompenses individuelles. Il est aussi apprécié pour ses exploits sur le terrain que pour sa gentillesse en dehors. Il est à ce jour le seul Néerlandais à figurer dans le Hall of Fame de la Premier League anglaise. "Bergkamp est le meilleur partenaire que j'ai jamais eu", confiait Thierry Henry.

S'il n'a finalement rien remporté avec l'équipe nationale, Dennis Bergkamp a bien gagné le droit de figurer aux côtés des plus grands dans l'histoire du football néerlandais. Il y rejoint celui qui a fait débuter l'histoire, un certain Johan Cruyff...

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