mercredi 01 juin 2016, 06:08

Brésil 1970, les chiffres qui ont fait l'histoire

Pelé a lancé l'expression "le beau jeu" pour parler du football. Par la suite, il a rebaptisé la Seleçao version 1970 "la belle équipe". FIFA.com vous propose de découvrir quelques statistiques étonnantes derrière les vainqueurs de la neuvième édition de la Coupe du Monde de la FIFA™.

75 jours avant le coup d'envoi de la Coupe du Monde, le Brésil a remercié l'homme à l'origine de son parcours sans faute en préliminaires. Le général Medici, président d'un pays qui vivait à l'époque sous un régime de dictature militaire, avait insisté auprès de João Saldanha afin qu'il sélectionne Dario, qui traversait alors une période faste. Mais le technicien n'était pas du genre à plier facilement. "Le président choisit ses ministres ; moi, je choisis mon équipe." Le 17 mars 1970, Saldanha dévoilait la liste des joueurs retenus pour un match amical contre le Chili. Pelé était mystérieusement absent. Quelques heures plus tard, Saldanha était au chômage et remplacé par Mario Zagallo.

19 buts ont été inscrits par des joueurs brésiliens au Mexique, soit la deuxième meilleure performance offensive d'un champion du monde après la RFA en 1954 (25 buts). Avec quatre réalisations et six passes décisives, Pelé a été impliqué dans plus de la moitié des buts de son équipe. Depuis, personne n'a délivré autant de passes décisives sur une seule édition : Robert Gadocha, Pierre Littbarski, Diego Maradona et Thomas Hässler sont restés bloqués à cinq.

11 secondes, c'est le temps qui s'est écoulé entre la récupération de Jairzinho à 73 mètres du but adverse et sa frappe victorieuse, décochée depuis l'intérieur de la surface de réparation, lors de la victoire (3:1) sur l'Uruguay en demi-finale. Celui que l'on surnommait Furacão (l'Ouragan) est devenu le deuxième joueur à marquer à chacune des sorties d'un champion du monde. Alcides Ghiggia avait pu se contenter de quatre matches pour réaliser cet exploit en 1950. Vingt ans plus tard, Jairzinho s'est fendu d'un doublé en ouverture contre la Tchécoslovaquie, avant de trouver le chemin des filets lors de chacune des cinq affiches suivantes. L'exploit est d'autant plus remarquable que le Brésilien ne comptait qu'une réalisation en 17 sélections à l'issue de sa première Coupe du Monde. Jairzinho est en outre le seul joueur à avoir inscrit plus de six buts dans une même édition de l'épreuve sans remporter le titre de meilleur buteur. En 1970, il avait été devancé par Gerd Müller (RFA) et ses dix réalisations.

8 mois avant Mexique 1970, Tostão apprenait qu'il ne pourrait plus jamais jouer au football. L'attaquant restait pourtant sur une campagne de qualification exceptionnelle, au cours de laquelle il avait inscrit dix buts en six matches. Touché à l'œil sur un dégagement du défenseur de Corinthians Ditão, le prodige de Cruzeiro souffrait d'un décollement de la rétine. Les médecins craignaient même qu'il ne perde définitivement la vue. Après une opération de la dernière chance à Houston, l'international de 22 ans a repris l'entraînement deux mois et demi avant le tournoi. Zagallo et le médecin de la sélection Lidio Toledo étaient tentés de se passer de ses services, d'autant que l'intéressé redoutait manifestement les ballons aériens. Mais Pelé, à force de plaider sa cause, a fini par convaincre son sélectionneur de lui donner une chance. Un dribble d'anthologie sur Bobby Moore, deux buts et quatre passes décisives plus tard, Tostão recevait la médaille réservée aux champions du monde… qu'il s'est empressé d'offrir au docteur Roberto Abdalla, l'homme qui l'avait opéré aux États-Unis.

5 joueurs de moins de 21 ans figuraient au sein de l'effectif brésilien, alors qu'aucun autre pays n'en comptait plus d'un dans ses rangs. Marco Antonio était l'un des trois internationaux de moins de 20 ans au Mexique, tandis que Clodoaldo, Edu, Leao et Paulo Cesar Caju formaient l'essentiel du contingent de cinq joueurs de 20 ans impliqués dans la compétition. Edu est devenu cette année-là le plus jeune joueur à disputer deux Coupes du Monde, éclipsant au passage un certain Pelé.

4 joueurs ont été éliminés en quatre secondes par Clodoaldo, un milieu défensif, sur l'action qui s'est achevée par le but inoubliable de Carlos Alberto en finale. À coups de passements de jambes, de déhanchements et de feintes, le Brésilien a successivement effacé Gianni Rivera, Angelo Domenghini, Giancarlo De Sisti et Antonio Juliano, sans que personne ne comprenne vraiment par où il était passé. Tous les joueurs de champ brésiliens, à l'exception d'Everaldo et Wilson Piazza, ont participé à cette action, dont la conclusion est entrée dans l'histoire : au terme d'une incroyable course sur l'aile droite, O Capitão, idéalement servi par Pelé, a propulsé le ballon dans l'angle du but.

3 minutes : c'est le temps qui a manqué à Pelé pour devenir le premier homme à marquer dans quatre Coupes du Monde. O Rei  a donné l'avantage au Brésil en ouverture contre la Tchécoslovaquie peu avant l'heure de jeu… mais l'Allemand de l'Ouest Uwe Seeler l'avait déjà devancé. Un seul autre joueur a trouvé le chemin des filets lors de plus de trois éditions du rendez-vous mondial : l'Allemand Miroslav Klose.

2 des trois préparateurs physiques du Brésil au Mexique ont dirigé le pays dans une Coupe du Monde et ce malgré leur absence de passé professionnel. Ancien capitaine de l'armée brésilienne et étudiant à la NASA, Claudio Coutinho a occupé le poste de sélectionneur durant Argentine 1978. Il est décédé trois ans plus tard suite à un accident de plongée à Ipanema. Carlos Alberto Parreira a remporté le titre avec la Seleçao en 1994. Il a ensuite atteint les quarts de finale en 2006.

1 seule équipe dans toute l'histoire affiche un record impeccable en qualifications et en phase finale. Le Brésil a remporté ses six duels dans la compétition préliminaire et les six affiches disputées au Mexique. En 2002, la Seleçao a renouvelé l'exploit de gagner tous ses matches en phase finale, mais elle avait enregistré trois nuls et six défaites en qualification.

1 sous-vêtement, c'est tout ce qui restait à Tostão en rentrant au vestiaire à l'issue de la finale. "Même ça, on a essayé de me l'enlever", raconte le Brésilien. Dès le coup de sifflet final, le public mexicain avait envahi la pelouse de l'Azteca pour fêter la victoire avec les hommes en jaune… et arracher quelques souvenirs. Pelé a eu un peu plus de chance que son coéquipier. Privé de son maillot, de son short, de ses chaussettes, de ses protège-tibias et de ses chaussures, O Rei a opté pour un style original : sous-vêtements et sombrero !

0 c'est le nombre de matches de football à 11 auxquels Dario avait participé à l'âge de 19 ans, lors de son énième passage en prison. Durant ce nouveau séjour, il s'est laissé convaincre par un gardien de mettre sa détente verticale au service du beau jeu. Il faut dire que le jeune cambrioleur avait développé une technique incroyable en la matière, autant pour escalader les murs que pour échapper aux forces de l'ordre. "J'ai joué mon premier match à onze en prison", se souvient l'intéressé. Le natif de Rio de Janeiro s'est alors promis de changer de vie, après un ultime larcin. Sans le sou, il a dévalisé deux personnes pour s'acheter un ballon de football. L'investissement s'est révélé rentable : à l'heure de raccrocher les crampons,Dada Maravilha(Dada le Merveilleux) était le deuxième meilleur buteur de la tête de l'histoire du football, derrière le Hongrois Sandor Kocsis.