dimanche 04 septembre 2016, 07:40

Bunjaku et le Kosovo aux portes de l'histoire

Le 13 mai 2016 marque un jalon dans l'histoire de la Fédération de kosovare de football, puisque ce pays européen a été admis par la FIFA en tant que 210ème membre. Quatre mois plus tard, la fédération s'apprête à vivre un nouveau moment historique : les joueurs en bleu et blanc vont entamer les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Le 5 septembre à Turku, face à la Finlande, l'équipe nationale disputera son premier match de compétition.

"Avoir franchi ce cap représente pour nous un immense succès. Il y a deux ou trois ans, personne n'aurait cru ça possible. Je pense que je parle au nom de tous ceux qui viennent du Kosovo en disant que c'est un honneur à part que de faire partie de la FIFA", se réjouit Albert Bunjaku à l'occasion d'un entretien exclusif avec FIFA.com à l'approche du duel contre les Scandinaves. L'attaquant a inscrit en juin 2016, en amical contre les Îles Féroé (2:0), le premier but officiel de l'histoire encore toute récente de cette équipe nationale.

"C'était un moment extraordinaire pour moi", confie le joueur de 32 ans, qui est arrivé en Suisse à l'âge de huit ans avec ses parents. Il a fait ses débuts au Grasshopper Club puis au FC Schaffhouse, avant de rejoindre l'Allemagne, où il notamment joué dans les rangs du FC Nuremberg et du FC Kaiserslautern. Depuis 2014, il évolue à nouveau en Suisse, sous le maillot de Saint-Gall.

"J'ai certes déjà eu la chance de prendre part à une Coupe du Monde avec la Suisse, ce qui était bien sûr formidable, mais ce qui se passe ici et maintenant, c'est autre chose. Inscrire le premier but officiel de ma patrie, c'est tout bonnement incroyable, c'est exceptionnel", explique Bunjaku. L'attaquant avait été sélectionné par l'entraîneur de la Nati pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010™ et a disputé en Afrique du Sud le match contre le Chili (0:1).

"Nous n'en sommes qu'à nos débuts et évidemment, ça se voit. Pour nous, tout est encore nouveau, nous devons nous trouver, nous organiser. Mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. Il nous faut encore un peu de temps, tout ça va évoluer au fil des ans." Sur la pelouse, en tout cas, le Kosovo a d'ores et déjà montré qu'il faudrait désormais compter avec lui : depuis mars 2014, il a enregistré trois victoires, deux nuls et seulement deux défaites.

Un challenge relevé "Personne n'aurait cru que tout irait aussi vite et que nous en serions déjà à pouvoir disputer les qualifications pour la Coupe du Monde. Nous avons un groupe de discussion pour l'équipe sur WhatsApp. Quand notre admission comme membre de la FIFA a été officielle, ç'a été un moment grandiose pour chacun d'entre nous et nous n'avons pas arrêté d'échanger des messages. C'était une joie intense pour nous. Le travail avec Albert Bunjaki est un vrai plaisir, c'est un formidable entraîneur qui nous donne confiance en nous et nous transmet énormément de choses. Je pense que nous avons encore une belle période à passer ensemble", explique Bunjaku.

Malgré tout, la campagne de qualification pour Russie 2018 ne s'annonce pas facile. En effet, le Groupe I, outre la Finlande, compte également la Croatie, l'Islande, l'Ukraine et la Turquie : quatre adversaires qui ont disputé la phase finale de l'UEFA EURO 2016 il y a quelques mois. "Il est difficile d'évaluer nos chances. Nous n'en sommes qu'à nos débuts et le simple fait de pouvoir participer est pour nous un grand honneur. Mais d'un autre côté, nous avons bien sûr l'ambition de vendre chèrement notre peau et nous n'avons aucunement l'intention de faire des cadeaux. Notre objectif est d'obtenir des points et de gagner des matches. Si une équipe montre des faiblesses, nous comptons bien être là pour en profiter."

Et ce dès la première journée face à la Finlande, si possible. "Nous avons de nombreux jeunes joueurs dans nos rangs et pour beaucoup, ce sera complètement nouveau. Je pense que certains risquent d'être nerveux", analyse par ailleurs Bunjaku, qui sait également que le regard de ces jeunes recrues sera sûrement tourné vers lui. "Mais il y a aussi d'autres joueurs expérimentés parmi nous qui peuvent montrer la voie et qui le font d'ailleurs avec plaisir, ce qui peut contribuer à atténuer un peu la nervosité ambiante. Je suis convaincu que ce sera un bon match et que nous serons à la hauteur."

Quoi qu'il en soit, la grande famille du football attend avec impatience de suivre le premier match officiel du dernier membre en date de la FIFA.