mardi 25 février 2020, 09:25

Cristiane : "Marta est la meilleure joueuse de tous les temps"

  • Cristiane rend hommage à Marta, Megan Rapinoe et Christine Sinclair

  • Elle évoque les effets de la nomination de Pia Sundhage à la tête du Brésil

  • Selon elle, le Brésil peut gagner la médaille d’or à Tokyo

Cristiane, neuf participations à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ et au Tournoi Olympique de Football féminin, a quitté en boitant la pelouse du Stade Océane durant la prolongation du huitième de finale qui opposait le Brésil au pays hôte de France 2019. Quelques minutes plus tard, Amandine Henry inscrivait le but de la victoire pour les Bleues.

Cette blessure à la cuisse a tenu Cristiane éloignée des terrains pendant quelques mois. À son retour, la révolution lancée par Pia Sundhage battait déjà son plein. Cristiane aura 35 ans au coup d’envoi de Tokyo 2020. La Seleção fait-elle encore partie de ses objectifs ? La technicienne suédoise est-elle prête à la convoquer, au détriment de joueuses plus jeunes ?

Ces questions ont trouvé leurs réponses l’année dernière. Sundhage a rappelé Cristiane et l’a titularisée lors de deux matches amicaux contre le Mexique. L'attaquante a justifié la confiance de sa sélectionneuse en livrant deux performances de haute volée, ponctuées de deux buts. Elle se prépare désormais à disputer le Tournoi de France.

FIFA.com a rencontré Cristiane pour évoquer les hauts et les bas de la campagne brésilienne en France, l’influence de Sundhage sur le football féminin au Brésil, le Tournoi Olympique de Tokyo, la place de Marta dans l’histoire de la discipline, le record de Christine Sinclair et ses projets pour l’avenir.

Cristiane, vous êtes la première Brésilienne à signer un triplé en Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ depuis Sissi et Pretinha en 1999, aux États-Unis. Vous avez également inscrit le But du Tournoi Hyundai. Pourtant, le Brésil a été battu par la France en huitième de finale. Quel souvenir gardez-vous de cette Coupe du Monde ?

Ce tournoi était très important car ma participation a été longtemps incertaine, en raison de blessures. J’ai dû récupérer très vite pour être du voyage. Je n’étais pas à cent pour cent, mais j’ai tout de même été agréablement surprise. Je ne m’attendais pas à marquer trois buts en un match et je ne pensais pas non plus avoir un tel impact sur le jeu. Je voulais vraiment prendre part à ce moment important dans l’histoire du football féminin brésilien. Malheureusement, nous avons été éliminées par la France. C’était un match très serré. Nous avons surpris tout le monde, à commencer par les Françaises eux-mêmes, qui s’attendaient à une victoire facile. Malgré la défaite, nous avons laissé une bonne impression.

Avez-vous envisagé de quitter l’équipe après France 2019 ?

J’y avais déjà pensé par le passé, mais je m'étais fixé un double objectif. Je voulais encore disputer deux grands tournois : la Coupe du Monde l’année dernière et les Jeux Olympiques. Rien n’est écrit d’avance, mais je pense que ce seront les deux derniers rendez-vous de ma carrière internationale. J’espère poursuivre en club jusqu’à 36 ans. En parallèle, je souhaite mener des études, prendre des cours, afin de pouvoir continuer à jouer un rôle actif dans le football féminin une fois ma carrière terminée.

Le Brésil reste sur huit matches sans défaite depuis la nomination de Pia Sundhage. Vous avez battu les Anglaises en Angleterre, le Canada et le Mexique par deux fois. La Seleção a-t-elle progressé depuis l’arrivée de Sundhage ?

Oui. Elle a une façon bien à elle de voir les choses. Ses idées sur les questions tactiques et physiques sont essentielles. Son expérience, ses titres, son vécu en Suède et aux États-Unis nous ont fait beaucoup de bien. Elle dit souvent que nous avons le talent, ce sens du dribble naturel, mais que nous avons des progrès à faire dans d’autres domaines. Elle est venue pour nous aider à franchir un palier. Tout a changé avec elle. Notre attitude au quotidien, notre attitude en match, tout. Désormais, la compétition est très intense au sein du groupe. C’est une bonne chose. Par le passé, il y a trop souvent eu 11 titulaires et les autres. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine à pouvoir prétendre débuter un match. Pia nous a dit qu’elle ne comptait pas convoquer des joueuses uniquement parce qu’elles ont disputé la Coupe du Monde, qu’elles ont de l’expérience ou parce qu’elles sont jeunes. Ici, tout le monde a sa chance. Il n’y a pas de zone de confort, même pour celles qui ont des références. Il faut tout donner à chaque fois. Elle nous a beaucoup appris et, en même temps, elle nous rend heureuses. Elle s’entend bien avec nous. Nous parlons anglais et elle nous répond en portugais. Elle aime notre façon de plaisanter ou d’écouter de la musique. Elle s’amuse beaucoup.

Le Brésil est passé près d'un grand titre international en 2004, 2007 et 2008. Pouvez-vous ramener la médaille d’or de Tokyo ?

Oui, sans aucun doute. Nous sommes toujours confiantes à l’approche des tournois. Pia a réveillé le groupe. Chaque jour, elle nous prouve que nous pouvons prétendre à cette médaille d’or. Nous sommes toutes très motivées par ce qui se passe en ce moment. Nous espérons pouvoir enfin monter sur la première marche du podium.

Vous êtes la meilleure buteuse de l’histoire du Tournoi Olympique de Football féminin. Que vous évoque ce statut ?

J’ai le sentiment d’incarner les rêves de nombreuses jeunes filles brésiliennes, qui espèrent participer à la Coupe du Monde ou aux Jeux Olympiques. Ce rêve, je le vis au quotidien. Marta est actuellement la meilleure buteuse de l’histoire de la Coupe du Monde. C’est la même chose pour moi aux Jeux Olympiques. C’est un beau doublé pour le Brésil. C’est important, non pas pour les joueuses concernées, mais pour le football féminin au Brésil. Les Jeux Olympiques représentent un moment particulier. Avant de penser à Tokyo, je vais devoir me battre pour gagner ma place. Si j’y parviens, il faudra encore que je fasse le nécessaire pour être titulaire. Il va se passer quelque chose d’important pour mon histoire avec la Seleção là-bas. J’espère que, cette fois, nous reviendrons avec la médaille d’or que nous désirons toutes depuis si longtemps.

Que peut-on dire de la carrière de Marta ?

Elle est sans conteste la meilleure joueuse de tous les temps. Elle a gagné énormément de titres. Nous sommes toutes très heureuses de voir une Brésilienne connaître une telle réussite, surtout compte tenu des difficultés qu’a rencontré le football féminin au Brésil. Nous sommes fières d’être représentées par Marta.

Christine Sinclair est récemment devenue la meilleure buteuse de l’histoire du football féminin international. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je la croise régulièrement depuis ma première Coupe du Monde, en 2002. C’était avec les U-19 au Canada (l’ancêtre de la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA). Christine est redoutable dans la surface de réparation. Elle est toujours à l’affût du moindre ballon, de la moindre erreur. Elle marque toujours des buts importants. C’est une grande joueuse. Ce record est très important, pour elle et pour son pays. Les Canadiens doivent être très fiers d’elle. Même si elle joue pour une autre équipe, il est important de saluer ces exploits car ils sont très importants pour le football féminin. Quand une joueuse réussit quelque chose d’exceptionnel ou donne une image positive du football féminin, tout le monde y gagne.

Selon vous, qui est la meilleure joueuse au monde aujourd’hui ?

Megan Rapinoe. Mais pour être franche, j’ai du mal à répondre car je ne joue pas en Europe ou aux États-Unis et je ne peux pas suivre tout ce qui se passe. Mais après ce qu’elle a fait pendant la Coupe du Monde, je pense que c’est Megan.

Le Brésil affrontera les Pays-Bas en ouverture du Tournoi de France (du 4 mars au 10 mars 2020). Que pensez-vous de cette équipe et de votre homologue néerlandaise, Vivianne Miedema ?

Les Pays-Bas ont beaucoup changé. Ils ne sont pas arrivés en finale de la Coupe du Monde par hasard. Il va falloir faire attention car les Néerlandaises sont grandes et fortes. Miedema est une vraie buteuse. Elle est encore jeune. Elle est en forme. Elle tient un rôle essentiel dans son équipe. Pour moi, pour nous, c’est toujours intéressant de se mesurer à de grandes joueuses et à des grandes équipes.