mercredi 03 juin 2020, 06:29

Des coups franchement décisifs

À l'occasion de l'anniversaire de l'incroyable coup franc de Roberto Carlos contre la France le 3 juin 1997, FIFA.com revient sur les spécialistes de l'exercice et leurs coups de patte les plus célèbres, qu’ils soient importants, insolites, décisifs, ou spectaculaires.

"Je ne pense pas que j’aurais joué au football si les coups francs n’avaient pas existé", a dit un jour Siniša Mihajlović, recordman du plus grand nombre de buts sur coup de pied arrêté en série A (27). Comme le Serbe, qui en a notamment converti trois en un seul match avec la Lazio Rome contre la Sampdoria en 1998 (5-3), ils sont quelques-uns à s’être servi de la loi 13 du football qui régit la matière, pour imposer la leur sur les pelouses du monde entier.

Ils s’appellent Juninho, David Beckham, Roberto Carlos, ou encore Michel Platini et tous ont fait de cet exercice leur spécialité. FIFA.com revient sur leurs coups de patte les plus célèbres, qu’ils soient importants, insolites, décisifs, ou spectaculaires.

Considéré par beaucoup comme le plus beau coup franc de l’histoire, celui du Brésilien Roberto Carlos, contre la France, le 3 juin 1997, lors du Tournoi de France a l’avantage d’être un peu tout cela à la fois. Ce tir venu d’ailleurs et la trajectoire impossible qui l’a accompagné avaient même fait l’objet d’une étude très sérieuse menée par une équipe de physiciens français."C'était mon but le plus spectaculaire. Je me souviens qu'avant le coup franc, le sélectionneur Mario Zagallo avait parié avec quelqu'un qui se trouvait sur le banc que j'expédierais la balle dans les filets", a confié l’intéressé au micro de FIFA.com.

Coups francs do Brasil

Ironie du sort, c’est au stade de Gerland à Lyon que l’arrière latéral brésilien a décroché cette terrible frappe. Une pelouse qui deviendra le jardin de son compatriote Juninho, auteur de 44 buts sur coup franc (sur 100) sous les couleurs lyonnaises de 2001 à 2009. S’il est rentré définitivement dans la légende de Vasco da Gama, son club de cœur, en inscrivant un monumental coup franc en demi-finale de Copa Libertadores 1998 contre River Plate, il rentrera dans celui des supporters lyonnais grâce à un bijou de l’intérieur du pied droit face au Bayern Munich en Ligue des champions de l’UEFA 2003/04.

Autre Lyonnais, autre Brésilien, autre coup franc : Michel Bastos a inscrit son premier but sous le maillot auriverde à quelques jours de la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010 en décrochant une frappe chronométrée à près de 140 km/h face au Zimbabwe ! Ses compatriotes Zico et Branco ont eux attendu la compétition reine pour frapper leurs coups francs victorieux et les esprits. Mené face à l’Ecosse, le Pelé Blanc a trouvé la lucarne pour remettre le Brésil dans le sens de la marche lors d’Espagne 1982, tandis que Branco faisait de même face aux Pays-Bas à Etats-Unis 1994 d’un tir magistral de 30 mètres. Sans ce but, la Seleçao n’aurait sans doute jamais été sacrée championne du monde cette année là.

Cela vaut d’ailleurs également pour Ronaldinho à Corée/Japon 2002. Les Canarinhos rencontrent l’Angleterre et bénéficient d’un coup franc excentré à 35 mètres du but britannique. Ronnie le frappe et son ballon finit sa course dans le petit filet de David Seaman, lobé et médusé. Mais de tous les coups de pied arrêtés brésiliens en Coupe du Monde, c’est peut-être celui de Rivelino en 1974 qui détient la palme de l’originalité. Face à la RDA, le milieu de terrain choisit à 25 mètres de frapper fort dans le mur… Son coéquipier Jairzinho se jette au sol, et laisse filer la mine hors de portée du gardien est-allemand, pour ce qui reste l’un des coups francs les plus insolites de l’histoire.

Les sauveurs

Le tour d’horizon des artificiers brésiliens ne serait par contre pas complet si le génie Didi, inventeur de la "feuille morte" n’était pas mentionné. "C'est grâce à Didi que je suis devenu aussi fort sur les frappes et les coups de pied arrêtés. À l'origine, j'étais droitier. Grâce à ses conseils et parce qu'il me poussait à m'entraîner, je suis devenu ambidextre", a d’ailleurs avoué un autre artiste du coup franc, le Péruvien Teofilo Cubillas. Contre l'Écosse à Argentine 1978, il convertit un coup franc situé à l'extérieur de la surface, légèrement sur la gauche d’une frappe de l'extérieur du droit. La balle passe à droite du mur et vient se loger sous la barre. Zico avait qualifié le geste de "parfait", tandis que le dernier rempart paraguayen José Luis Chilavert, buteur à ses heures, a raconté un jour "avoir décidé de tirer les coups francs après avoir vu ce but".

Quelques années après, c’est au tour de Michel Platini d’enfiler la blouse du Docteur ès coups francs. Tout le monde se souvient de sa frappe enroulée en finale de l'UEFA EURO 1984 contre l'Espagne qui entraîne la boulette de Luis Miguel Arconada. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt de buts décisifs inscrits sur coup franc par Platoche sous le maillot frappé du coq. De celui qui envoie les Bleus à Argentine 1978 contre la Bulgarie, à celui qui expédie les Tricolores à Espagne 1982 face aux Pays-Bas, en passant par son premier but contre la Tchécoslovaquie en 1976, il en inscrira 11 au total

Evidemment, l’Anglais David Beckham a une place à part entière dans le panthéon des spécialistes du genre. Son plus célèbre coup franc restera sans doute celui inscrit à l’ultime minute du match contre la Grèce lors des qualifications pour Corée/Japon 2002. Alors que les Three lions sont menés 1-2, Beckham allie puissance et précision et décroche l’égalisation en même temps que le sésame anglais pour la reine des compétitions. "Ça n'a rien à voir avec de la chance : c'est la classe", avait lâché Sven-Goran Eriksson, sélectionneur de l'Angleterre de l’époque.

Des noms dans l’histoire

Les gigantesques frappes de Ronald Koeman et de Bruno N’Gotty offrant respectivement la première Ligue des champions de l'UEFA à Barcelone en 1992, et la Coupe des Vainqueurs de Coupe au Paris Saint-Germain en 1996, resteront également gravées dans les annales du coup franc. Tout comme ce doublé mythique de Juan Roman Riquelme face au Chili lors des qualifications pour Afrique du Sud 2010 ou ce boulet de canon de Michael Ballack contre l’Autriche à l’UEFA EURO 2008. En 2011, Wilson Quinonez, portier du Sport Colombia, lors d'un match de D2 paraguayenne contre le Cerro Porteño PF, a converti le sien de 83 mètres…

Diego Maradona, Cristiano Ronaldo, Rogerio Ceni, Alessandro Del Piero ou Wesley Sneijder ont également rendu indissociables leur nom de leur magnifiques coups francs.

"Je voudrais que les jeunes joueurs comprennent l'importance des phases de jeu sur coup de pied arrêté qui décident souvent du sort d'une rencontre. En s'entraînant tous les jours un peu, on acquiert précision et sensibilité au toucher", confiait d'ailleurs au micro de FIFA.com un autre spécialiste du coup franc, Andrea Pirlo. Et si les coups francs n’avaient pas existé…