mercredi 13 mars 2019, 09:11

Des vies changées grâce au football pour amputés

  • Le football pour amputés gagne en popularité partout dans le monde

  • En Écosse, le soutien de la fédération nationale s’avère décisif

  • Découvrez les témoignages de deux personnes amputées dont la vie a changé grâce à cette discipline

"Le football m’a sauvé la vie." À première vue, cette affirmation a de quoi laisser sceptique. Pourtant, le témoignage de Rebecca Sellar dans une vidéo largement partagée de la Fédération écossaise de football ne souffre aucune contestation.

"Le sport a eu une influence considérable sur ma vie", confie l’intéressée à FIFA.com. "Dans la vidéo, j’explique que sans lui, je ne serais que l’ombre de moi-même. J’en ai la certitude aujourd’hui. Quand je suis sur le terrain, j’oublie mes angoisses et la douleur. Je n’aurais jamais cru ça possible."

Amputée de la jambe droite dès son plus jeune âge, Sellar illustre parfaitement les bienfaits de cette discipline méconnue. Le football pour amputés a pourtant pignon sur rue dans de nombreux pays. La Turquie, par exemple, s’est dotée d’un championnat professionnel, dont les matches sont retransmis à la télévision.

Si, en Écosse, le programme ne fait que débuter, Sellar et bien d’autres personnes sont là pour témoigner de ses répercussions positives.

Le mental et le physique

Ashley Reid, fondatrice et P-DG de la Fédération écossaise de football pour amputés, revient sur ce succès : "On voit déjà s’écrire quelques belles histoires. Les effets sur la santé mentale des joueurs sont presque aussi impressionnants que l’amélioration de leur condition physique. Grâce au football, les gens sont en forme mais, plus généralement, le jeu les rend heureux".

Ces propos sont corroborés par les deux internationaux de football pour amputés interrogés par FIFA.com : Sellar et Iain Matthew confirment la place très importante qu’a prise la discipline dans leur vie.

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L’histoire de Iain

"Je suis né avec une déformation du pied gauche et un pied bot à droite. Il a fallu insérer un os dans une cheville et amputer l’autre pied. J’avais quatre ans. Malgré ma situation, mes parents m’ont toujours encouragé à faire du sport. Avant le football, j’ai pratiqué la natation. J’étais membre de l’équipe de Grande-Bretagne aux Jeux Paralympiques en 1992 et 1996, ainsi que lors des Jeux du Commonwealth 1994. Je faisais déjà du football à cinq avec des amis valides quand, un jour, j’ai vu une publicité dans le journal pour le para-football. Depuis, cette discipline tient une place très importante dans ma vie."

"Je m’intéressais déjà de près au football à l’époque où je pratiquais la natation. J’aime jouer, mais j’apprécie aussi sa composante sociale : c’est agréable de se retrouver entre amis et de rire un peu. À ce niveau-là, la natation n’offre pas les mêmes avantages. Le football est bon pour tout le monde, évidemment, mais c’est particulièrement vrai pour les handicapés. Ça vous oblige à sortir de votre coquille et ça vous donne l’occasion de rencontrer des gens qui vivent la même chose que vous."

"J’ai représenté l’Écosse aux Jeux du Commonwealth, mais le fait de me retrouver sur un terrain de football avec la tenue complète, d’entendre Flower of Scotland, c’était complètement différent. C’était l’une des plus belles expériences de toute ma vie."

L’histoire de Rebecca

"Je suis née avec des difformités congénitales. Il me manquait un péroné. Les docteurs savaient que je ne pourrais jamais marcher sur cette jambe, alors ils m’ont amputée et ils m’ont mis une prothèse. Quand j'étais à l'école, les sports pour les handicapés n'existaient pas. On me disait simplement : ‘Tu peux participer, mais si tu n’arrives pas à tenir le rythme des autres enfants, va faire un tour à la bibliothèque’. Aujourd’hui, les choses ont changé, mais à l’époque, les enfants comme moi n’avaient pas vraiment accès au sport."

"À mes 20 ans, j’ai commencé à développer des gros problèmes de hanche. Je me suis mise à souffrir du dos également. Je me souviens d’un jour terrible en 2015 : j’essayais de faire la vaisselle mais je ne pouvais même pas me tenir debout à cause des tremblements. J’ai fini par m’isoler complètement car, à ce stade, la maladie impactait lourdement ma vie quotidienne. Je n’avais plus vraiment la possibilité de socialiser. J’étais coincée dans mon appartement. Je n’avais personne à qui parler et rien à faire. Mais un jour, je me suis dit : ‘Est-ce que je vais accepter les choses comme elles sont ou est-ce que je vais essayer de changer ?’"

"Je suis heureuse d’avoir fait le bon choix. Le sport pour handicapés a complètement transformé ma vie. Sur le plan physique et psychologique, la différence est énorme. Je n’aurais jamais cru que le football pourrait avoir un tel impact. Mon passage en équipe d’Écosse reste mon meilleur souvenir. J’ai travaillé très dur lorsque je me suis mise au football. J’avais l’impression que cette sélection représentait la récompense de tous mes efforts. En tant qu’handicapée, je sais que j’aurai toujours des défis à relever. Mais le football m’a aidée à affronter ces difficultés et il sera toujours là pour moi à l’avenir."