mercredi 25 mars 2020, 10:15

El Daghais défie le sort

  • De la 5ème division à l’équipe nationale

  • Des débuts repoussés

  • Repéré grâce aux réseaux sociaux

S’il fallait résumer l’histoire d’Abduelrihim El Daghais en une expression, on pourrait dire : prendre son destin en main. Il faut dire que ce Libyen de 32 ans a derrière lui un passé mouvementé. Capitaine de la sélection en U-17 et en U-21, il est victime d'une blessure de guerre -une balle reçue en plein corps- qui le contraint à mettre fin à sa carrière de gardien de but, en 2011. Dans la foulée, il fuit son pays pour se réfugier en Allemagne. "Les médecins me donnaient peu de chances de rejouer un jour", précise El Daghais au micro de FIFA.com. "J’avais fait une croix sur le football, quand un autre médecin m’a redonné espoir."

En parallèle, le jeune Libyen tente de se bâtir une nouvelle vie au pays des quadruples champions du monde. Il ouvre un restaurant familial à Bonn 2013 et fête la naissance de sa fille en début d’année. "Bien sûr, c’est agréable d’être à la maison, mais le football me manquait." En 2016, il fait son grand retour dans le championnat local et les résultats ne tardent pas à suivre. Un an plus tard, il rejoint l’équipe de cinquième division du Blau-Weiß Friesdorf, où il ne tarde pas à s’imposer en tant que titulaire.

Porté par sa réussite, El Daghais se reprend à rêver d’une place en équipe nationale. "Ma femme et moi, nous mettons régulièrement en ligne des vidéos de mes matches et de mes arrêts. Mes amis m’ont conseillé de les envoyer directement aux responsables de la sélection. J’ai trouvé ça un peu étrange au début, mais j’ai fini par me laisser convaincre."

Nouvel obstacle

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le directeur sportif, qui l'a connu en Libye, ne tarde pas à lui demander d’autres vidéos. Finalement, le sélectionneur Faouzi Benzarti le contacte pour lui proposer de rejoindre le groupe pour les matches du mois de mars. "J’étais à la fois stupéfait et ravi. Mon rêve venait de se réaliser. Tous les footballeurs espèrent jouer un jour en équipe nationale."

Malheureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Une fois de plus, la trajectoire d’El Daghais se retrouve brisée par un coup du sort : la pandémie de coronavirus l’empêche de se rendre en Libye. "Nous avions prévu un stage de dix jours en Indonésie, des matches amicaux et deux rencontres de qualification pour la Coupe d’Afrique 2021, contre la Guinée équatoriale. J’avais vraiment hâte d’y être. Globalement, nous avons de bons joueurs, qui s’aguerrissent à l’étranger. C’est beaucoup mieux qu’il y a quatre ou cinq ans. Ça représente un grand pas en avant pour notre pays. Il n’y a plus de championnat chez nous depuis des années. Dans ces conditions, difficile de former et d’accompagner la prochaine génération. Quand tout sera terminé, j’espère que j’aurai à nouveau la chance d’intégrer la sélection."

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Son entraîneur en club est convaincu qu’il mérite amplement une telle opportunité. "Son talent crève les yeux. Tout le monde est content pour lui, ici. Sa grande force, c’est son énergie", estime Thomas Huhn, interrogé par FIFA.com. "À l’entraînement, il fait preuve d’un enthousiasme irréprochable."

Pour le moment, le portier de 32 ans est contraint d’attendre car la planète football a cessé de tourner. "Notre entraîneur nous a envoyé un programme mais pour le moment, il faut se contenter de courir" explique-t-il. Après tout, El Daghais n'est plus à un obstacle près !