samedi 18 juillet 2020, 09:13

Estadio Centenario, les 90 ans d'un monument

  • Le stade uruguayen a été inauguré le 18 juillet 1930

  • Il a été le principal théâtre de la première Coupe du Monde de la FIFA

  • C'est la seule réalisation déclarée par la FIFA Monument historique du football

Le 18 juillet 1930, à son arrivée au stade du Centenario, Pedro Cea n'en croit pas ses yeux : deux fois champion olympique avec l'Uruguay, il s'apprête à faire ses débuts contre le Pérou lors de la toute première Coupe du Monde de la FIFA. "Les gars, nous devons remporter ce tournoi. Les efforts qu'ils ont faits pour construire ça méritent qu'on gagne la Coupe du Monde pour eux", dit-il à ses coéquipiers.

Douze jours plus tard, la Celeste soulève le trophée Jules Rimet, marquant ainsi l'histoire du pays, du football uruguayen et du stade lui-même, qui est devenu au fil du temps l'une des principales icônes du football mondial.

Contexte, construction et signification

La construction du Centenario était liée non seulement à l'organisation de la première Coupe du Monde, mais également au processus de modernisation que connaissait l'Uruguay à l'époque. Le football allait être amené à jouer un rôle-clé dans la formation de l'identité nationale, notamment à Montevideo.

L'architecte en a été l'Uruguayen Juan Sacasso, qui a choisi une forme elliptique avec quatre tribunes indépendantes, s'éloignant ainsi de la géométrie typique des stades anglais, à quatre côtés.

La première pierre a été posée le 21 juillet 1929, deux mois après l'attribution à l'Uruguay de l'organisation de la première édition de la Coupe du Monde. Les travaux de terrassement nécessaires étaient tels que, pour économiser du temps et de l'argent, il a été décidé d'appuyer une tribune sur la pente naturelle du terrain et de situer l'aire de jeu au niveau de la rue.

Le béton a commencé à couler 1er février 1930, cinq mois avant le coup d'envoi de la compétition. Pour respecter les délais, il a été nécessaire d'avoir recours à 1 100 ouvriers répartis en trois équipes. Cependant, les fortes pluies n'ont pas permis au stade d'être prêt pour le 13 juillet, et 6 des 18 matches prévus ont dû être joués dans deux autres lieux.

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Ainsi, le 18 juillet, à l'occasion du centenaire la Constitution uruguayenne, le stade a été inauguré avec le premier match de l'Uruguay dans une Coupe du Monde, devant 57 735 spectateurs.

Les tribunes situées derrière chaque but ont été nommées Colombes et Amsterdam, en l'honneur des villes où les Uruguayens ont décroché l'or olympique, en 1924 et 1928 respectivement. Il est rendu hommage à ces exploits une deuxième fois dans la Torre de los Homenajes, tour qui se dresse au cœur de la tribune Olímpica, sous laquelle se trouve aujourd'hui le Musée du football uruguayen.

Le dessin de la tour, du haut de laquelle la vue est imprenable, symbolise la barre d'un navire, principal moyen d'arrivée des immigrants. Les neuf étages représentent les neuf bandes du drapeau uruguayen.

La dernière tribune a été nommée América, de manière prémonitoire au vu des sacres à venir de la Celeste dans plusieurs éditions du tournoi continental suprême en Amérique du Sud.

Le Président de la FIFA, Jules Rimet, avait été impressionné par la nouvelle enceinte : "Je n'ai jamais vu un stade aussi complet. Il y en a de plus grands dans d'autres pays, mais ils sont omnisports. Je ne pense donc pas me tromper si je dis qu'il est le premier au niveau mondial, étant donné qu'il est exclusivement destiné au football".

En 1983, la FIFA l'a déclaré Monument historique du Football mondial, une reconnaissance qu'elle n'a plus accordée depuis.

La garra charrúa a son temple

Depuis cette victoire inaugurale 1-0 sur le Pérou grâce à un but de Héctor "Manco" Castro, le pourcentage de points obtenus par la sélection uruguayenne au Centenario en match officiel est tout à fait impressionnant.

100 - L'Uruguay a joué ses 4 matches du Mondial 1930 au Centenario et les a tous gagnés. Menée 1-2 par l'Argentine en finale, la Celeste a retourné la situation pour finalement s'imposer 4-2 et devenir ainsi la première équipe de l'histoire à soulever le trophée mondial.

100 - L'Uruguay a gagné le Mundialito de 1981 après avoir remporté ses trois matches, battant notamment le Brésil en finale. Les autres participants à la compétition étaient l'Allemagne, l'Argentine, l'Italie et les Pays-Bas (comme invités).

72,37 - C'est le pourcentage de points engrangés par l'Uruguay au Centenario en qualifications pour la Coupe du Monde, fruit de 49 victoires, 18 nuls et 9 défaites en 76 rencontres.

94,70 - C'est le pourcentage de points pris par la Celeste en Copa América, avec un bilan de 69 victoires et 6 matches nuls en 75 matches. Vous avez bien lu ! L'équipe d'Uruguay n'a jamais perdu un match de Copa América au Centenario. Elle a par ailleurs gagné les quatre éditions de la compétition organisée chez elle (1942, 1956, 1967 et 1995) !

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Le saviez-vous ?

🏟 Avec 409 unités, le Centenario est le stade qui a accueilli le plus grand nombre de matches de Copa Libertadores de América.

🏟 Sur ces 409 rencontres, 20 ont été des finales, 10 avec Peñarol et 6 avec Nacional.

🏟 Nacional a remporté 2 de ses 3 Libertadores au Centenario (1980 et 1988).

🏟 Peñarol, en revanche, n'a gagné aucune de ses 5 Libertadores au Centenario.

🏟 Le Centenario a accueilli le premier match de la Coupe intercontinentale, ancêtre de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA. En 1960, Peñarol et Real Madrid s'étaient neutralisés (0-0).

🏟 Après Peñarol (3) et Nacional (1), le Centenario a hébergé le match d'appui de la finale 1967 de la Coupe intercontinentale, entre le Celtic (Écosse) et le Racing Club (Argentine), remportée par le club sud-américain.

🏟 Depuis l'inauguration du stade, Peñarol et Nacional on joué presque toutes les rencontres officielles nationales qui les ont opposés au Centenario.

Note : nous remercions de leur collaboration le Musée de la FIFA et Ricardo Lombardo, président du Conseil d'administration de Field Oficial.

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