jeudi 31 mars 2016, 08:07

Jordan Lukaku, frère et fier de

Le résultat est assez anecdotique. Une semaine après l’attaque terroriste perpétrée dans sa capitale, la Belgique a vu son match amical face au Portugal être délocalisé à Leiria. Les Diables Rouges s’y sont inclinés 2:1. Au-delà du score, c’est surtout l’émotion qu’il faut retenir, cette volonté affichée de se battre pour un maillot, la solidarité de tout un pays, de toute une équipe… d’une grande et même famille belge, symbolisée par les frères Lukaku.

Le Portugal menait 2:0 lorsque Jordan Lukaku a débordé côté gauche.Il a effacé son vis-à-vis d’un crochet et centré pour déposer son ballon sur la tête de son frère Romelu pour un but riche en symboles lui aussi : l’espoir et l’honneur. "Depuis tout petit, depuis les équipes d'âge, on rêve bien évidemment d'un moment comme ça. On était déjà contents d'être dans le groupe bien évidemment. Malgré la défaite, on a vécu un moment fort entre nous. Après, on est quand même déçus du résultat ce soir", a confié le buteur à la presse à l’issue du match. "Jouer sous le maillot des Diables Rouges signifie beaucoup. Mais l’opportunité d’y évoluer au côté de son frère rend la chose encore plus spéciale", avait confié Jordan quelques jours plus tôt au micro de FIFA.com.

I just forgot about everything and enjoyed the best moment of my life with my brother ❤️ pic.twitter.com/Allbp5h22R

— jordan lukaku (@J_Lukaku94) 30 mars 2016

Ce 29 mars, c’était donc la première fois que Jordan et Romelu évoluaient ensemble sous le maillot belge. Si l’aîné, avec ses 41 capes (8 buts), est depuis 2010 un habitué de la sélection, Jordan a mis un peu plus de temps à exploser au plus haut niveau : "Je n’ai encore que 20 ans, je suis encore jeune, et en phase d’apprentissage. L’expérience et la maturité ne viennent qu’avec les années. Mais cette saison, en club, c’est vrai que le nouvel entraîneur Yves Vanderhaeghe et son système de jeu, ont été propices à mon épanouissement. J’ai davantage de liberté, sur les phases défensives comme offensives. C’est ce qui a favorisé ma progression", confie le défenseur du KV Ostende.

S’il fait son trou avec les Diables à quelques mois de l'UEFA EURO 2016, cela fait tout de même quelques années qu’on entend parler du phénomène. Comme son frère aîné, ou comme Eden Hazard, Kevin de Bruyne et tous ces autres talents de la génération dorée belge, dont il n'est le cadet que de quelques mois, Jordan a joué dans toutes les catégories d’âge en sélection. S’il a davantage tardé à rejoindre les A, c’est sans nul doute à cause de son poste, défenseur, qui requiert davantage d’expérience.

"Techniquement, il est meilleur que moi. C’est un arrière gauche puissant et technique à la fois", le décrivait encore Romelu il y a peu. "Il faut qu’il arrête de parler comme ça parce que ça me met beaucoup de pression ! Il va y avoir trop d’attentes à mon sujet", lui répond Jordan dans un sourire. "Pour moi, ces compliments de Romelu ne sont rien d’autre que celle d’un grand frère bienveillant envers son cadet. Mais je vous garantis qu’il exagère. Il veut juste dire que je suis un bon joueur."

Fils d'international On l’aura compris, l’entente des deux frères est aussi bonne sur qu’en dehors des terrains. Rejetons de Roger Menama Lukaku, qui a lui-même joué quelques années dans le championnat belge, et même participé aux qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, États-Unis 1994™, sous le maillot du Zaïre, ils ne se sont jamais quittés ou presque jusqu’au départ de Romelu pour Chelsea en 2011 : "Nous sommes très proches. Nous n’avons qu’un an d’écart et pas d’autre frère et sœur. On a tout vécu ensemble. Nos parents nous ont élevés dans l’amour", confirme Jordan. "Quand je regarde les autres fratries autour de moi, aucune ne me semble comparable à la mienne. La relation qui m'unit à Romelu est extrêmement forte."

Si cette belle relation semble n’avoir que des avantages, elle induit tout de même l’inévitable jeu des comparaisons : "Le plus grand défi, c’est de prouver aux gens que tu réussis par tes propres qualités et non parce que tu partages le même nom que ton illustre aîné", explique Jordan. "D’un autre côté, ce nom intrigue. Tu as peut-être plus de chance d’attirer l’attention, et donc d’avoir la possibilité de montrer ce que tu vaux vraiment."

Pour se différencier un peu de Romelu, 1m90 et rasé de près, Jordan, 1m77 a choisi de longues dreadlocks dont il est presque aussi fier que de son frère : "Je me les laisse pousser depuis maintenant 10 ans ! Je les aime parce que c’est un parfait reflet de moi : C’est à la fois peu 'bordélique'… et plutôt cool. C’est tout moi !", conclut-il.

En ces frères, la sélection belge a trouvé en qui se fier... et de qui être fière.