mercredi 10 janvier 2018, 07:44

Klose : "Je ne me vois pas comme une légende"

Lorsque la Coupe du Monde de la FIFA 2018 débutera à la mi-juin en Russie, un attaquant manquera à l’appel. Entré dans l'Histoire au Brésil, l’Allemand Miroslav Klose ne prendra pas part à l’édition russe.

Durant le tournoi brésilien, Miro avait signé son 16ème but en phase finale,ce qui lui avait valu de détrôner le Brésilien Ronaldo en tête du classement des buteurs de la compétition. Après 137 sélections (71 buts), 24 apparitions en Coupe du Monde et d’innombrables titres, Klose a mis un terme à sa carrière en 2016.

S’il n’aura pas l’occasion de faire trembler les filets en Russie, l’ancien buteur de 39 ans espère contribuer au succès de la Nationalmannschaft puisqu'il occupe le poste d’entraîneur des attaquants de l’Allemagne. FIFA.com a rencontré le jeune retraité pour évoquer ses souvenirs de Coupe du Monde, le prochain tournoi en Russie et son record.

Miroslav Klose, vous avez participé à quatre Coupes du Monde sur quatre continents différents. Que représente une participation à la phase finale de l'épreuve ? Une Coupe du Monde reste un événement particulier et indescriptible. Si vous avez la chance d’aller au bout et de soulever le trophée, c’est encore plus extraordinaire. Je garde un souvenir fantastique de notre titre en 2014, car nous étions souvent passés tout près du but. Nous étions finalistes en 2002 et, par la suite, nous avons échoué à deux reprises en demi-finale.

On dit parfois que l’Allemagne est une équipe de tournoi. Est-ce justifié ? Nous avons toujours su faire corps dans les grands rendez-vous. Généralement, ça nous réussit. Mais cet état d’esprit, cette dynamique, ne se crée pas pendant le tournoi. L’alchimie opère pendant la préparation.

L’Allemagne parviendra-t-elle à conserver son titre en 2018 ? Nous pouvons aller très loin mais, pour ça, il faudra de nouveau réussir à mettre en place cette dynamique. Nous avons des joueurs de grand talent, dont les qualités sont reconnues par tous. Maintenant, il faut justifier cette réputation sur le terrain. En disant ça, je pense encore au collectif. Pour moi, l’équipe passe toujours au premier plan. Si chacun joue sur sa véritable valeur, le groupe a beaucoup à y gagner.

Quels joueurs vont marquer cette Coupe du Monde et qu’attendez-vous de cette édition ?**  **Ce sont toujours un peu les mêmes, à commencer par les superstars comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Mais chaque équipe possède son lot de bons joueurs. Ces joueurs ne sont pas toujours connus dans le monde entier, mais ils tiennent un rôle important au sein de leur sélection. Ce tournoi sera très particulier. Nous avons déjà pu nous en rendre compte pendant la Coupe des Confédérations. Il règne une bonne ambiance dans les stades. Dans l’ensemble, je pense que nous allons vivre une Coupe du Monde fantastique.

Vous êtes aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde. Peut-on vous considérer comme une légende ? Je ne me vois pas comme ça, même si l’exploit est effectivement incroyable. Seize buts, ça paraît irréel. Je dois cependant, une fois de plus, saluer le travail de tous mes coéquipiers, sans qui je n’aurais jamais pu réaliser une telle performance. Et puis il y a des joueurs fantastiques, ce qui fait que mon record peut tomber à tout moment. Mais je n’y pense pas trop. Je serai le premier à féliciter celui qui y parviendra, je ne suis pas du genre à m’accrocher à un record.

Vous avez inscrit votre 16ème but en Coupe du Monde lors de la demi-finale contre le Brésil, remportée 7:1. Quel souvenir en gardez-vous ?  C’était fabuleux. On m’a souvent demandé pourquoi je m’y étais repris à deux fois pour marquer. La première fois, le gardien brésilien était bien placé : la deuxième fois, il était encore sur l’action. C’était un match extraordinaire. Ce n’est pas tous les jours qu’on livre un match d’une telle qualité au Brésil et que l’on exploite aussi bien chaque occasion. C’était une performance collective exceptionnelle.

Quel est votre plus beau souvenir en Coupe du Monde ? C’est facile : notre victoire en 2014. J’ai tellement d’images dans la tête. Je repense aussi bien au tirage au sort qu’au moment où j’ai tenu le trophée entre mes mains. Pour autant, je n’ai pas regrets ; le terrain ne me manque pas. J’ai eu la chance de vivre beaucoup d’autres bons moments, comme la finale en 2002 ou mon premier match contre l’Arabie Saoudite. Les Saoudiens seront d’ailleurs présents en Russie. J’ai eu l’occasion de croiser le capitaine de l’époque Sami al-Dschabir* *lors du tirage au sort officiel à Moscou. Nous avions passé le test antidopage ensemble. Les anecdotes, les images et les souvenirs me reviennent tout le temps en mémoire.

Vous êtes désormais entraîneur des attaquants de l’Allemagne. A quoi ressemble l’attaquant idéal en 2018 ? Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour quelqu’un comme Diego Forlan. C’était un attaquant très complet. De nos jours, il faut exceller dans tous les domaines. Robert Lewandowski est un joueur exceptionnel. Il sait tout faire et il possède beaucoup de points forts. Il faut pouvoir s’adapter à n’importe quelle situation. Parfois, on se retrouve face à trois défenseurs, voire quatre ou cinq. On doit être capable de jouer différemment à chaque fois. Évidemment, plus la palette est large et plus un attaquant reste imprévisible. On ne peut plus se contenter d’avoir un bon pied droit et d’être efficace dans le jeu aérien.

À l’annonce de votre départ, votre ancien coéquipier et complice en attaque Mesut Özil a écrit : "Merci pour tous ces buts, Miro. Tu es déjà une légende". Que pensez-vous de lui ?   Nous avons disputé plusieurs Coupes du Monde ensemble. Il possède une agilité hors du commun. J’ai toujours été fasciné par les gauchers. Ils fonctionnent différemment. Pour un attaquant, il est très important de pouvoir compter sur le soutien de joueurs comme lui. Il peut utiliser la profondeur ou monopoliser l’attention des défenseurs pour créer des espaces. C’est quelqu’un de très intelligent. Le football est de plus en plus rapide. Quand vous avez une idée, il faut être capable de l’appliquer très vite. C’est à ça qu’on reconnaît un grand joueur. Beaucoup n’osent pas ou, quand ils voient l’ouverture, réagissent trop tard ; lui, il va à toute vitesse.

Existe-t-il un autre joueur comme lui ? Le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Johan Micoud, qui pensait également très vite quand il était au Werder Brême. C’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai connus.