jeudi 08 décembre 2016, 15:34

L'euphorie avant la tragédie

"Entachée" : c'est ainsi qu'Eric Wynalda décrit aujourd'hui la victoire des États-Unis 2:1 sur la Colombie à la Coupe du Monde de la FIFA 1994™. Ce match, qui aurait dû consacrer la popularisation du beau jeu outre-Atlantique, est devenu synonyme du but contre son camp et du meurtre d'Andrés Escobar.

"C'est la raison pour laquelle l'équipe n'aimait pas parler de cette rencontre", admet Wynalda. "Nous ne voulions pas déshonorer sa mémoire." Pourtant, si le destin tragique d'Escobar a relégué le football au second plan, il n'en reste pas moins que ce succès a joué un rôle clé dans l'engouement des Américains pour le ballon rond. Wynalda a parfaitement compris pourquoi Alan Rothenberg, à l'époque président de l'US Soccer Federation, l'a qualifié de "plus grand match de notre histoire à ce jour".

"Il a marqué un tournant décisif", confirme l'ancien attaquant à mlssoccer.com. "Je crois que le point de départ a été le but de Paul Caligiuri à Trinidad" lance-t-il au sujet de la qualification les Stars and Stripes pour la Coupe du Monde 1990. "Mais c'est le match contre la Colombie qui a vraiment lancé le football aux États-Unis : pour la première fois, nous n'étions plus de simples participants, nous ramenions des victoires."

Et pas contre n'importe qui. La Colombie figurait parmi les favoris du tournoi et Pelé lui-même voyait en elle la future championne du monde. Elle avait assis sa réputation sur une impressionnante série de 28 matches sans défaite, dont un cuisant 5:0 infligé à l'Argentine pendant la campagne de qualification, et des pointures du calibre de Carlos Valderrama et Faustino Asprilla au sommet de leur art.

Remportée de haute lutte, la victoire américaine était amplement méritée et l'instant saisi ici illustre son importance pour l'ensemble de l'équipe. Sous l'amoncellement, on distingue Earnie Stewart, l'auteur du but du 2:0 à la 52ème minute qui a fait chavirer les 93 689 spectateurs du Rose Bowl.

"On aurait dit un gamin de 8 ans", se souvient Wynalda à propos d'Earnie. "C'est juste l'expression d'un pur bonheur. Certains d'entre nous disaient 'Reste là, reste là, prends le carton jaune, je ne peux pas respirer'. J'ai vraiment cru que nous n'allions pas pouvoir jouer tant nous avons mis d'énergie dans la célébration."

Sous le choc de l'émotion, sans parler du poids des corps entassés sur lui, Stewart a pratiquement tout oublié de la frappe qui l'a élevé au rang de héros. "Je me souviens de m'être retrouvé sous un amas de joueurs. Je n'arrivais pas à respirer et j'avais très chaud", raconte-t-il. "Et je me souviens d'avoir lavé ma tenue le lendemain. C'est à peu près tout."

Stewart est, lui aussi, pleinement conscient de l'importance de ce match pour le football américain. "Pour nous, affronter un adversaire de cette envergure et gagner avec la manière était la réalisation d'un rêve", commente l'ancien milieu de Willem II et DC United. Nous avons montré au monde entier qu'il fallait compter avec les États-Unis."

Le saviez-vous ? Des pièces de 1 et 5 dollars frappées du logo du tournoi sont présentées dans l'exposition États-Unis 1994 au Musée du Football mondial de la FIFA de Zurich. Elles font partie d'une série commémorative très appréciée des collectionneurs.

Commemorative one and five dollar coins minted for the 1994 @FIFAWorldCup. One of many firsts at the tournament: t.co/Mk22Ynsydo pic.twitter.com/6H3vpi5tD3

— FIFA Museum (@FIFAMuseum) 8 décembre 2016