samedi 27 juin 2020, 15:00

L'heure des responsabilités a sonné pour Debinha

  • Debinha a été élue meilleure joueuse du match pour le titre de la NWSL 2019

  • Elle évoque le prochain duel contre Portland Thorns

  • Autres sujets abordés : Ronaldinho, son évolution personnelle et les Jeux Olympiques

Morgan Brian, Abby Dahlkemper, Crystal Dunn, Julie Ertz, Samantha Kerr, Stephanie Labbe, Jessica McDonald, Sam Mewis, Alyssa Naeher, Yuki Nagasato, Heather O’Reilly, Lynn Williams… le point d’orgue de la NWSL 2019 a réuni de nombreuses stars : des championnes du monde en titre, une buteuse en série et une légende de la sélection américaine sur le point de disputer son dernier match.

Si Carolina Courage a remporté le NWSL Shield en signant au passage la plus large victoire de l’histoire des play-offs, le titre de meilleure joueuse du match est revenue à Debinha, milieu de terrain dont son entraîneur Paul Riley disait, en 2017 : "Quand nous n’avons pas le ballon, elle ne sert à rien". Deux ans plus tard, la Brésilienne a subi une véritable métamorphose. "L’ouverture du score nous a mis sur la bonne voie", reconnaît le technicien. "Mais Deb doit son titre de meilleure joueuse à son pressing et à ses nombreuses récupérations. Balle au pied, elle fait toujours partie des meilleures ; mais aujourd'hui, elle excelle dans tous les domaines."

Devenue une machine à ratisser les ballons, l’Auriverde multiplie aussi les performances inspirées en sélection. Avec sept réalisations, elle est actuellement la meilleure buteuse brésilienne depuis la nomination de Pia Sundhage. Son doublé a notamment permis au Brésil de battre l’Angleterre (2-1), demi-finaliste de France 2019, à Middlesbrough. "Elle a toujours été capable de réaliser des choses incroyables avec le ballon, mais elle a su ajouter une touche très américaine à son jeu", estime la technicienne suédoise.

Alors que la NWSL s’apprête à faire son retour à l’occasion de la Challenge Cup, Debinha évoque avec FIFA.com le confinement, l’avenir de North Carolina Courage, son évolution personnelle, son admiration pour Ronaldinho et les ambitions brésiliennes à un an du Tournoi Olympique de Football Féminin.

Debinha, êtes-vous impatiente de reprendre la compétition ?

Oui ! Je suis très contente d’être de retour à l’entraînement, avec mes coéquipières. Depuis trois semaines, on sent l’excitation monter petit à petit, à chaque séance. Le rideau va bientôt se lever et, personnellement, j’ai hâte de rejouer avec mes partenaires en match officiel.

Comment vous y êtes-vous prise pour garder la forme pendant le confinement ?

Nous avons suivi un entraînement physique personnalisé. Par chance, il y a beaucoup de terrains ouverts au public, ici aux États-Unis. J’ai donc réussi à me maintenir en forme. Pour ce qui est de la musculation, j’ai surtout travaillé à la maison.

Au-delà de l’entraînement, comment vous êtes-vous occupée ?

J’ai regardé des séries, j’ai joué aux cartes et à des jeux vidéo. J’en ai aussi profité pour appeler ma famille et mes amis.

NC Courage va débuter sa saison contre Portland Thorns. Comment jugez-vous la rivalité entre ces deux équipes ?

Tout a commencé un an avant mon arrivée. Je trouve cette rivalité très saine. Portland fait partie des meilleures équipes du championnat. C’est toujours intéressant de recevoir un adversaire de ce calibre. Tout le monde en NWSL dira qu’il y a une motivation supplémentaire quand on affronte Portland. L’ambiance dans les tribunes est extraordinaire. On en est que plus motivée pour gagner.

Ce choc va être retransmis en direct à la télévision nationale américaine, ce qui constitue une première. Cet événement revêt-il une importance particulière ?

Je suis heureuse de jouer ici et de participer au développement du football féminin américain. Depuis que je me suis installée ici, j’ai pu voir à quel point toutes les équipes de NWSL travaillent dur pour gagner la reconnaissance qu’elles méritent.

Quels sont les atouts de NC Courage ?

Nous sommes fortes partout sur le terrain ! (rires) Mais c’est surtout notre milieu qui fit la différence. Notre supériorité dans ce domaine permet aux latérales de monter plus haut et de dicter le rythme du match.

Quel regard portez-vous sur votre équipe par rapport à Lyon, qui domine le football européen ?

Nous avons affronté cette équipe deux fois et nous avons une victoire et une défaite. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d'écart entre ces deux formations de très haut niveau.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez été désignée meilleure joueuse du match pour le titre de la NWSL ?

J’étais fière et heureuse de voir mon travail salué par les dirigeants du championnat. Ce titre est une motivation supplémentaire. Je veux continuer à tout donner pour aider mon équipe et, avec un peu de chance, gagner la Challenge Cup.

Qui est, selon vous, le meilleur spécialiste des coups francs et comment avez-vous appris à maîtriser cet exercice ?

Je dirais Ronaldinho Gaucho. C’était mon idole quand j’étais plus jeune. Je regardais tout le temps des vidéos de lui. J’ai toujours aimé tirer les coups francs mais, en match, je n’étais pas du genre à m’emparer du ballon pour tenter ma chance. Un jour, j’ai demandé à Paul Riley de me laisser en tirer quelques-uns après l’entraînement. Ça s’est passé de la même manière avec Vadão en sélection. L’entraînement est la clé de tout. J’ai beaucoup pratiqué et mon travail a fini par payer.

Riley ne tarit pas d’éloges sur vos efforts défensifs. Comment êtes-vous passée du rôle de meneuse de jeu à celui de milieu de terrain polyvalente ?

J’ai beaucoup changé, depuis mon arrivée à North Carolina. Le pressing et la récupération font partie des points forts de cette équipe. J’ai vite compris que si je voulais jouer pour Paul, j’allais devoir défendre ; attaquer et défendre.

Depuis la nomination de Pia Sundhage à la tête du Brésil, vous marquez beaucoup de buts, sous oublier de servir vos partenaires. Comment l’expliquez-vous ?

Je pense que ça tient à la saison que j’ai vécue en club et aux conséquences de la Coupe du Monde. J’ai gagné en confiance et en liberté sur le terrain. Pour réussir, il faut prendre ses responsabilités, mais il faut aussi se sentir heureuse et libre. C’est ce que Pia s’est appliquée à nous enseigner depuis son arrivée.

Où se situe le Brésil par rapport aux autres grandes nations de football féminin ?

Quand on regarde les derniers matches, je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous avons obtenu de bons résultats, face à des adversaires de haut niveau. Si nous poursuivons notre progression et que nous travaillons sur l’aspect psychologique, nous avons les moyens de figurer dans le Top 3.

Le Brésil peut-il gagner l’or olympique avec Pia Sundhage ?

Sans aucun doute. Le Brésil avait besoin d’évoluer vers un style plus moderne. Nous étions un peu bloquées car nous dépendions trop des exploits individuels et des combinaisons. Avec Pia, nous sommes mieux organisées. Désormais, nous pouvons faire jeu égal avec les meilleures et, dans ces conditions, notre qualité individuelle peut faire la différence.

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