mercredi 24 février 2021, 08:30

Law évoque la loi des plus forts

À l'occasion de l'anniversaire de Denis Law le 24 février, FIFA.com vos propose de retrouver l'interview que l'Écossais, sacré Ballon d'Or en 1964, avait accordée è FIFA.com il y a quelques années, pour évoquer les meilleurs joueurs du monde.

Denis Law a fêté son 80ème anniversaire le 24 février 2020, mais l'Écossais se montre toujours aussi vif et enthousiaste. Quand on évoque l’année 1964, celle où il est devenu le premier joueur de Manchester United et le seul Écossais à remporter le Ballon d'Or, une image surgit immédiatement. "À cette époque, on ne faisait pas toute une cérémonie pour l’annoncer comme aujourd’hui", expliquait-il en 2015 à FIFA.com. "On n’en faisait pas toute une affaire, ni de l’annonce ni de la remise du trophée. Aujourd’hui, on organise un grand gala, avec des paillettes et des stars, une diffusion télévisée à l’échelle mondiale. Quand j'ai gagné le Ballon d'Or, on me l'a remis avant un match disputé à Old Trafford en toute fin de saison."

De retour en Angleterre depuis deux ans après un passage par le Torino, le joueur de 24 ans inscrit 30 buts lors de la saison 1963/64 et s’apprête à fêter le premier titre mancunien après la catastrophe aérienne de Munich. Parmi ses fans les plus réputés figure un certain Sir Alex Ferguson, qui décrivait comme "son idole" l’homme que l’on surnommait 'The Lawman' ou encore 'The King'. "C’est le meilleur joueur que l’Écosse ait jamais produit et l’un des meilleurs de tous les temps", complétait l'ancien entraîneur de United. George Best, son coéquipier chez les Red Devils, préférait l’appeler ‘Electric’. "Denis était le meilleur d’entre nous", confia un jour Best, qui remporterait lui aussi le Ballon d'Or. "Il pouvait marquer même quand il y avait une chance sur cent pour que ça rentre. Alors quand il y avait une chance sur deux…"

"Je savais que je jouais bien à cette époque, mais je n’ai jamais pensé au Ballon d'Or", assure Law, aussi honoré que surpris de recevoir le trophée cette année-là. "Franchement, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Je ne me suis jamais senti capable de succéder à des pointures comme Di Stéfano et consorts. C’était une merveilleuse surprise et je l’ai pleinement savourée au moment de découvrir les grands joueurs qui étaient en lice. J’avais pris un plaisir fou l’année précédente en jouant dans la sélection mondiale aux côtés de Di Stefano et Puskas, mes deux héros. C’est eux qui méritaient les récompenses, à mon sens. C’était eux les superstars."

Même en Grande-Bretagne, Law estimait que d'autres méritaient davantage cette distinction, notamment John Charles, ou Jimmy Greaves, ou plus proches de lui, deux Écossais alors considérés comme des génies, Jimmy Johnstone et Jim Baxter. "Il y avait aussi Bobby Charlton, avec qui je partageais le vestiaire à Manchester, et un peu plus tard George Best", ajoute l'ancien lauréat. "Ça devait être vraiment très difficile de désigner un vainqueur à cette époque."

Analyse au microscope

Il y avait en effet de la concurrence, notamment celles de son prédécesseur, Lev Yashin, et de son successeur, Eusebio. On pourrait également citer Gianni Rivera, Josef Masopust ou Luis Suarez, finaliste en 1964. Un choix assez large qui contraste avec le panorama actuel, où le débat relève de la dichotomie, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo se partageant quasi exclusivement la récompense.

"Ce sont deux des meilleurs joueurs que j’ai eu la chance de voir jouer", dit-il de l'Argentin et du Portugais. "Je n’envie vraiment pas les votants qui sont chargés de les départager. C’est complètement différent de mon époque, où personne ne dominait comme eux. D’une certaine façon, ce serait bien de voir quelqu'un d'autre s'imposer, mais ce n'est pas comme si les autres joueurs avaient face à eux deux joueurs ordinaires. Quand on pense à Messi et aux charges qu’il doit supporter malgré son gabarit, on ne peut qu’être admiratif. Mais Ronaldo est aussi remarquable et sa présence physique m’impressionne. Quel que soit le lauréat, il le méritera."

Comme nombre d'amateurs de beau jeu, Law connaît les qualités de Messi, de Ronaldo et des autres grands noms actuels. Une différence énorme avec l’ère de Law, où les Di Stéfano, Yashin et Pelé étaient entourés d’une aura mystérieuse. "Il y a tellement de foot à la télé que tout le monde connaît ces joueurs comme sa poche", confirme l'Écossais. "Dans les années 1950 et 60, c’était très rare de voir Di Stéfano ou Puskas à la télé. Aujourd’hui on connaît mieux le football et on peut le voir partout dans le monde. Cela signifie que Ronaldo et Messi sont analysés au microscope, ce qui ajoute encore plus de relief à leurs performances", conclut l'ancien Ballon d'Or, à propos de ses éventuels successeurs.