Au moment d'écrire l'histoire de la Premier League anglaise 2015/16, l'un des joueurs dont le nom reviendra le plus souvent sera Riyad Mahrez.**** Après 29 matches la saison dernière, Leicester City était bon dernier, à sept points du premier non relégable, et les statistiques de Mahrez - deux buts et trois passes décisives en 20 apparitions - n'enthousiasmaient pas grand monde. Un an plus tard, on comprend pourquoi l'ailier algérien et son club ont pris la Premier League par surprise.
La victoire décrochée ce 5 mars à Watford, grâce à un unique but inscrit par Mahrez sur une frappe sèche et précise du gauche, permet aux Foxes de compter cinq longueurs d'avance en tête du classement sur leur premier poursuivant. Cette saison, le joueur de 25 ans a participé - à deux exceptions près - à tous les matches de de championnat, avec à ce jour un bilan personnel de 15 buts et 11 passes décisives. Au lendemain de la 29ème journée, quatre joueurs seulement ont inscrit plus de buts et un seul a donné plus de ballons décisifs, à savoir Mesut Özil.
"Au fond de moi-même, je savais que j'étais capable de grandes choses. J'avais déjà réussi une belle saison l'an dernier, mais j'avais du mal à briller sous la pression. Je n'ai pas marqué beaucoup de buts ni donné suffisamment de ballons décisifs. J'ai progressé dans ce domaine et je suis devenu plus efficace" explique l'intéressé au micro de FIFA.com. "C'est dû à mon travail, mais aussi aux progrès réalisés par toute l'équipe. Je me sens formidablement bien dans ce groupe et j'ai le sentiment que mes coéquipiers me font plus confiance."
Né à Sarcelles, en banlieue parisienne, d'une mère marocaine et d'un père algérien, Mahrez montre des qualités techniques dès son plus jeune âge. Il quitte le club de sa ville natale pour la première fois à destination de la Bretagne, où il porte les couleurs de Quimper, dans les échelons inférieurs du football français. On dit que l'Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain le suivent, mais c'est finalement Le Havre qui l'engage. Après avoir peaufiné sa formation avec la réserve, il intègre l'équipe première, avec laquelle il effectue plusieurs saisons en Ligue 2.
En janvier 2014, Leicester, alors en Championship, recrute Mahrez à un moment où le club joue la montée, qu'il obtiendra au terme de la saison, dix ans après sa dernière accession à l'élite. Mahrez joue régulièrement, débutant même six matches d'affilée dans l'impressionnante deuxième partie de saison des Foxes. L'arrivée en Angleterre de l'ailier coïncide en outre avec la déclaration de son intérêt pour l'Algérie, qu'il intègre pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™. Il participe à la rencontre contre la Belgique, que les Fennecs perdent 2:1.
Mahrez dispute son premier match de Premier League dès la journée inaugurale de la saison 2014/15 et inscrit son premier but début octobre. Il est fréquemment titulaire, mais le promu navigue en eaux troubles, avec quatre victoires au cours des 29 premières journées. La suite est le début d'un conte de fées qui dure encore. Mahrez et ses coéquipiers s'imposent à sept reprises au cours des neuf dernières journées et terminent la saison à une inespérée 14ème place.
Dix mondes d'écart Les Foxes ont entamé la saison 2015/16 comme ils avaient bouclé la précédente : sur les chapeaux de roues. Claudio Ranieri, passé notamment par la Juventus, l'Inter Milan, Chelsea, ou l'Atlético de Madrid, est nommé entraîneur et adopte un jeu offensif et direct, donnant carte blanche à Mahrez et à Jamie Vardy d'utiliser leur vitesse pour prendre les espaces en attaque. Les deux hommes ont largement honoré la confiance du technicien italien, avec 34 buts et 15 passes décisives à eux deux. "L'entraîneur m'a permis de beaucoup plus croire en mes capacités techniques. J'aime essayer de faire la différence et prendre des risques pour cela et dans ce domaine, il ne me 'retient' pas", souligne Mahrez.
La seule ombre au tableau cette saison est que les Foxes sont victimes de leur réussite, au sens où ils sont désormais attendus au tournant. Et pour cause : ils sont en passe de remporter le championnat anglais d'élite pour la première fois de leur histoire. "Les autres équipes ont changé leur approche quand elles jouent contre nous. Je m'en rends compte à mon poste", admet le Fennec. "Le latéral gauche adverse reste beaucoup plus derrière au lieu d'aller participer aux mouvements offensifs. D'autres fois, j'ai deux joueurs sur moi alors qu'avant, je n'en avais qu'un. Il faut faire preuve d'intelligence pour s'adapter à cette nouvelle situation."
Ces petits tracas n'empêchent en rien Mahrez de vivre à fond son rêve éveillé. Quand on lui demande s'il regrette son transfert de France en Angleterre, la réponse fuse : "Il y a un monde, non, dix mondes d'écart entre l'Angleterre et la France. C'est impressionnant. Pour résumer, je dirais que la Premier League est la NBA du football. Jouer en Premier League, devant de tels publics et sur des terrains aussi parfaits, est quelque chose de phénoménal. J'ai beaucoup de chance".