dimanche 22 mars 2020, 08:00

Les bons mots de Michel Hidalgo

A l'occasion de l'anniversaire de sa naissance le 22 mars 1933, FIFA.com vous présente les meilleures déclarations de Michel Hidalgo, ancien sélectionneur de la France et véritable poète du football, décédé le 26 mars 2020.

Michel Hidalgo ne trônera jamais aux côtés d’Aimé Jacquet et Didier Deschamps au panthéon des entraîneurs français ayant remporté l’épreuve mondiale. Mais il est un domaine où les deux anciens sélectionneurs des Bleus se rejoignent : celui de la popularité.

A la tête des Tricolores entre 1976 et 1984, Hidalgo est l’homme qui a ramené la France dans l’élite en la qualifiant pour deux Coupes du Monde de la FIFA successives, et qui lui a apporté son premier titre majeur, l’UEFA EURO 1984. Bien qu’il ait d’abord été un grand joueur, remportant notamment trois titres de champion de France avec Reims (1955) et Monaco (1961, 1963), c’est sur le banc des Bleus qu’Hidalgo est passé à la postérité. Son "carré magique", un milieu composé de quatre créateurs, en l’occurrence Michel Platini, Alain Giresse, Jean Tigana et Bernard Genghini a offert à la France une véritable identité de jeu.

Par sa personnalité attachante et déterminée, Hidalgo restera à jamais dans le cœur des Français. Ses larmes lorsqu’il est porté en triomphe par ses joueurs vainqueurs de l'EURO 84 sont aussi célèbres que son coup de gueule lorsqu’un cheikh koweïtien tentera de faire annuler un but français lors d’Espagne 1982. Pour ajouter à la légende, l’ancien directeur technique de l’OM sera même victime d’une tentative d’enlèvement avant la Coupe du Monde 1978. Il s’en sortira en désarmant et en faisant fuir ses kidnappeurs !

Père pour les joueurs, héros pour les supporters, Hidalgo est aussi - et surtout - un poète du football. Sa manière d’en parler est comparable à celle dont il faisait jouer ses équipes : elle fait rêver. Dans sa rubrique sur les grands orateurs du football, FIFA.com vous présente ses plus célèbres répliques.

Michel Platini of France with coach Michel Hidalgo

L'intelligence dans le jeu, c'est plus important que les consignes. A propos de l’importance des joueurs créatifs

Il manque à cette équipe de France ce que l'on aime : le panache et le brio. Ce sont des mots tabous ? Je rêve d'un football souriant. Du sourire et de la création. La beauté est compatible avec l'efficacité. C'est bête, je le sais, mais je le maintiens… En février 94, à propos de la reconstruction des Bleus après l’élimination dans la course à la qualification pour USA 1994

Je n'ai jamais parlé à mes joueurs de résultat. Jamais ! Je leur ai toujours dit de penser au jeu, les résultats viennent alors d'eux-mêmes. J'ai été joueur, entraîneur puis spectateur, j'ai toujours eu ces idées. Et tant pis si je passe pour un poète ou un ringard ! La philosophie Hidalgo, devenue la marque de fabrique de la génération Platini

Avec Jean-Pierre Papin devant, on gagnait le Mundial 82 ! Les regrets d’Hidalgo : avec des grands milieux de terrain, la France n’avait pas de grands attaquants. Avec un grand attaquant, elle n’avait plus de grand milieu de terrain…

La qualification des deux équipes françaises fait chaud au cœur, mais ne nous emballons pas. Le football allemand reste ce qu'il était il y a 15 jours : c'est autre chose que le football français ! En décembre 80 après les qualifications de Sochaux et Saint-Etienne face à des clubs allemands en Coupe d’Europe

Je vais continuer à essayer de construire le club. Ici, des milliards ont été brassés. Sur le plan du public et celui du palmarès, l'OM est un des plus grands clubs de France. Et pourtant, tout est bâti sur du sable. Il n'y a rien ici ! Lors de sa nomination au poste de manager de l’Olympique de Marseille en 1986

Un numéro 10, ça ne se forme pas. C'est l'instinct qui prédomine. Il est toujours garant d'une certaine qualité de jeu. Alors avec trois ensemble, les problèmes sur le terrain s'écroulent d'eux-mêmes ! A propos des créateurs et de son "carré magique"

Y'en a marre du collectif : le foot est aujourd'hui trop complexe. On tue la poésie ! Que deviennent l'imagination, l'instinct, le flair, l'intuition ? Certains entraîneurs parlent chiffres, statistiques, pourcentages. Des techniciens de bazar ! Son analyse de la disparition progressive des artistes au profit des ouvriers

L'équipe de France ne m'apporte plus de plaisir. Je le regrette effectivement. Mais j'aime tellement le Bleu ! Je lui pardonne… En 1992, à propos de la gestion de Gérard Houllier

Michel était une lanterne magique. L'imagination au pouvoir A propos de Michel Platini, son capitaine en 1984

Platini, même ses pieds sont intelligents ! Autre hommage au même personnage, mais plus terre-à-terre

J'avais bâti un groupe d'hommes forts, costauds. Et là, j’ai retrouvé un groupe d'enfants qui pleuraient. A propos de la défaite lors de la demi-finale épique de la Coupe du Monde 1982 face à la R.F.A.

On dit que c'est un système démocratique. Moi, j'estime que c'est une démocratie toute relative. Les gens s'accrochent. Changer les structures, c'est bien mais ce sont toujours les hommes qui font les structures… En 1994, à propos d’une nécessaire réorganisation de la FFF après l’élimination des Bleus contre la Bulgarie

Pour entraîner l'équipe de France, il faut être amoureux des Bleus, avoir le souci du jeu offensif, du beau geste afin de montrer ça au monde entier. C'est un pays que l'on représente ! La vision du poste de sélectionneur selon Hidalgo

Un sélectionneur qui gagne, c'est Louis XIV, Versailles et la Galerie des Glaces. Quand il perd, c'est Louis XVI, la guillotine… Une autre vision du même métier…

Les comparaisons sont toujours dangereuses. On sait que Jeannie Longo a dépassé Fausto Coppi sur l'heure… Sur le fait de comparer les générations

Aujourd’hui, on joue avec trois numéros 6 et un 10. Moi, je jouais avec trois 10 et un 6 ! On ne compare pas les générations, certes. Mais on peut comparer les styles de jeu

Notre rêve, c’était d’aller au moins en finale. Ce qui est complètement idiot, parce qu’il n’y a rien de pire que de perdre en finale… A propos de l’EURO 1984. Les Français iront finalement un tout petit peu plus loin…

Il y a une chose que je n’aime pas, c’est le joueur de vestiaire. Je n’ai pas encore compris ce que c’était. J’aime bien le joueur de terrain, moi ! Son secret dans la composition d’une sélection

Les grandes équipes meurent quand ont disparu les créateurs. Hidalgo, fervent défenseur des 10 à l’ancienne