mardi 15 décembre 2020, 08:04

Madjer, une marque déposée

A l'occasion de son anniversaire le 15 décembre, FIFA.com. vous propose de retrouver un entretien qu'il nous avait accordé il y a quelques années au cours duquel il est revenu sur son parcours.

"Un conte de fée". Quand Rabah Madjer évoque sa carrière, il offre un résumé succinct, avec ses parts de rêve et de réussite. Icône du football maghrébin, l'Algérien est resté au panthéon du ballon rond pour un geste qui a fait le tour de la planète un soir de grande audience : un but dos à la cage d'une talonnade en mouvement.

Depuis ce printemps 1987, le classieux Rabah a donné son nom à un style de but, cette talonnade "à la Madjer", que beaucoup ont imité depuis. Le Ballon d'Or africain 1987 garde "beaucoup plus de bons souvenirs que de mauvais".

Souvenirs, souvenirs...

'Une marque déposée". Voilà comment le champion d'Europe 1987 décrit son but d'anthologie avec le FC Porto face au Bayern Munich, le 27 mai. "Ce match-là, c'est mon plus grand souvenir. Je marque un but, je donne une passe décisive et je gagne un titre qui reste à vie dans un palmarès. Je n'avais jamais pensé atteindre un jour ce stade. Je me demandais même en entrant sur le terrain si c'était bien moi face au grand Bayern", raconte le fils prodigue algérien, arrivé au Portugal deux ans plus tôt en provenance du modeste Racing Club de Paris.

"Je me rappelle que la veille de la finale, je me demandais comment j'allais jouer. Mon compagnon de chambre de l'époque, Jozef Mlynarczyk, avait peur. Je lui ai dit qu'on allait gagner 2-1. Le bon Dieu m'a entendu", se souvient Madjer. Et son coup de génie ? "J'étais dos au but, je ne pouvais faire qu'une talonnade pour marquer. Je l'ai jouée à l'instinct, je l'ai sortie comme ça. Je n'avais pas le temps pour réfléchir. Juste après la finale, j'ai refait le geste dans un match de championnat. J'ai marqué aussi".

Champion d'Europe grâce à deux inspirations magiques de son artiste, le FC Porto s'installe sur le toit du monde en s'adjugeant la CoupeIntercontinentale, face au CA Peñarol. Le but de la victoire ? Madjer bien sûr : "Je le marque en prolongation, c'était le timing parfait. En plus, c'est un très beau but, un lob lointain. C'est un grand honneur d'avoir pu jouer un tel match, qui plus est de le gagner." Madjer n'a pas la mémoire courte, même des décennies plus tard. "J'ai vécu un conte de fées. Je suis arrivé à Porto dans l'anonymat, je venais d'un petit club. Ça a été difficile de m'imposer, il y avait de très bons joueurs à Porto, j'ai dû faire des sacrifices. Avoir réussi à faire mon trou est une immense fierté".

Présent avec l'Algérie aux Coupes du Monde de la FIFA 1982 et 1986, Madjer se félicite d'avoir "été utile à son pays". Buteur face à la RFA en Espagne, le natif d'Alger connait sa plus grande émotion en équipe nationale en 1990. Meilleur joueur de la compétition, il remporte la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF à domicile. "Une première historique pour l'Algérie, un immense souvenir." Cette année là, il est élu par la CAF meilleur footballeur africain. "Je ne termine pourtant que troisième au Ballon d'Or", s'en amuse l'intéressé.

Pour en arriver là...

Devenu entraîneur une fois les crampons au placard, il a aussi longtemps été consultant pour Al Jazeera Sport. "Pendant une saison je l'ai cumulé avec le poste d'entraîneur à Al Rayyan mais c'était trop difficile de faire les deux."

Elu meilleur entraîneur du championnat du Qatar avec Al-Wakrah en 1999 après le premier titre de l'histoire du club, Madjer reprend du service aux commandes de l'équipe nationale d'Algérie en 2000, cinq ans après un premier bref passage. En 2002, il est remercié par la fédération. Une cicatrice profonde qui a laissé des traces.

"Après la CAN au Mali j'ai décidé de reconstruire et de lancer un nouveau cycle. On fait un très bon match nul contre la même Belgique qui est ensuite allée battre la France chez elle avant la Coupe du Monde 2002. Nous étions pourtant sur la bonne voie, je n'ai pas compris. C'est dommage mais je n'ai aucun regret car j'ai fait mon travail de manière professionnelle. Et je sais qu'un entraîneur, qui est dépendant de ses joueurs, est le premier à payer la note quand ça ne va pas", nous assure celui qui a toujours un pied à terre à Porto, "où j'ai tous mes biens, je m'y sens comme chez moi".

Mais son véritable "chez lui", c'est l'Algérie. C'est ce qui l'avait poussé à reprendre les rênes de la sélection en 2017 après une période difficile pour les Fennecs.

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Repères

  • Clubs (joueur) : NA Hussein Dey (1973-1983), Racing Club de Paris (1983-1985), F.C. Porto (1985-1988), F.C. Valence (1988-1989), F.C. Porto (1989-1992), Nadit (1992-1993)

  • Equipe nationale (joueur) : 87 sélections (1978-1992)

  • Titres: Vainqueur de la Coupe des Clubs Champions (1987), Vainqueur de la Coupe Intercontinentale (1987), Vainqueur de la Supercoupe (1987), Champion du Portugal (1985, 1987, 1990), Coupe du Portugal (1988, 1991), Ballon d'Or africain (1987), Vainqueur de la CAN (1990), Meilleur joueur du championnat du Portugal (1985, 1987), Meilleur sportif algérien (1982), Participation à deux Coupes du Monde de la FIFA (1982, 1986), Participation à six Coupes d'Afrique des Nations de la CAF