lundi 10 mai 2021, 05:57

10 mai 1987 : Maradona et Naples au paradis

Le 10 mai 1987, le Naples de Maradona remportait le premier titre de champion d'Italie de son histoire, après un final particulièrement intense. FIFA.com revient sur cet événement historique.

En réalisant le transfert le plus onéreux de la planète en 1984, les dirigeants de Naples ne surprennent pas grand monde. Selon eux, Diego Maradona représente la dernière pièce du puzzle. Grâce au créateur argentin, les Azzurri vont enfin briser l'hégémonie des clubs du nord et ramener le Scudetto au sud de l'Italie. Pourtant, les déclarations fracassantes sont accueillies avec scepticisme. Il faut dire que les Partenopei ont déjà eu l'occasion de dépenser d'énormes sommes d'argent par le passé, sans que le succès soit pour autant au rendez-vous. Les transferts de Hasse Jeppson en 1952 et de Giuseppe Savoldi 23 ans plus tard n'ont pas permis au club de remporter ce titre convoité depuis si longtemps. Naples reste en outre sur une saison catastrophique, bouclée à un point seulement de la relégation.

Le mariage entre le génial Argentin et la cité napolitaine débute par un premier exercice discret, qui s'achève en milieu de tableau. La deuxième saison se révèle plus probante : Naples termine troisième derrière la Juventus. À cette époque, les clubs du nord totalisent 79 des 83 titres mis en jeu depuis la création du championnat d'Italie. L'AS Rome et la Lazio comptent alors trois Scudetti à eux deux, auquel il faut en ajouter un pour les Sardes de Cagliari.

Rapport de force

L'international argentin assure que la saison 1986/87 sera celle de Naples. Le reste du pays se contente de hausser les épaules, convaincu que la lutte pour le titre se résumera encore à un affrontement entre la Juventus, la Roma et l'Inter. Les Bianconeri de Rino Marchesi possèdent à l'époque un effectif de rêve, au sein duquel évoluent de grands noms comme Gaetano Scirea, Antonio Cabrini, Michael Laudrup, Aldo Serena ou encore Michel Platini. Les Giallorossi de Sven-Göran Eriksson tirent quant à eux leur force d'un milieu de terrain étincelant animé par Carlo Ancelotti, Giuseppe Giannini, Bruno Conti et Zbigniew Boniek. Enfin, les Nerazzurri de Giovanni Trapattoni disposent de stars de grande envergure, au premier rang desquelles on retrouve Walter Zenga, Daniel Passarella, Giuseppe Bergomi, Alessandro Altobelli et Karl-Heinz Rummenigge.

En comparaison, Ottavio Bianchi ne peut compter que sur un seul joueur de classe mondiale. Pourtant, cet unique champion s'apprête à livrer l'une des saisons les plus incroyables saisons de toute l'histoire du football italien. Maradona sera aidé dans sa quête par un jeune défenseur plein d'avenir nommé Ciro Ferrara et deux recrues méconnues mais pleines de talent, Fernando de Napoli et l'attaquant Andrea Carnevale.

À la veille de l'avant-dernière journée, Naples vire en tête, avec trois points d'avance sur la Juventus et quatre sur l'Inter. Un succès à domicile contre la Fiorentina le 10 mai 1987 lui assurerait le titre. À l'inverse, un mauvais résultat pourrait avoir des conséquences catastrophiques. En effet, les Napolitains doivent encore négocier un déplacement compliqué, tandis que l'Inter et la Juve termineront la saison à domicile.

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Des minutes comme des heures

Les 85 000 supporters venus vivre le triomphe de leur équipe au stade San Paolo assistent à un début de rencontre crispant. Naples peine à trouver le bon tempo, tandis que les visiteurs se montrent menaçants. À la demi-heure de jeu, la ville entière exulte en voyant les Azzurri prendre l'avantage. D'une talonnade, Maradona initie un superbe mouvement collectif depuis sa moitié de terrain. Lorsque le numéro 10 retrouve le ballon, il lance Carnevale d'une somptueuse passe en pivot. L'attaquant contrôle en pleine course, élimine un défenseur et sert Bruno Giordano. Ce dernier effectue une talonnade - encore une ! - pour resservir Carnevale entre deux défenseurs florentins. L'international italien conclut d'une frappe sèche.

La joie des supporters napolitains sera pourtant de courte durée. Quelques minutes plus tard, Roberto Baggio inscrit sur coup franc le premier de ses 205 buts en Serie A. Les deux équipes rejoignent les vestiaires à égalité. Maradona et ses coéquipiers apprennent alors une bonne nouvelle : l'Inter est mené par l'Atalanta et la Juve est tenue en échec par Vérone.

"Le deuxième mi-temps a été la plus longue de toute l'histoire du club", raconte Ferrara. "Nous n'avions jamais aussi mal joué. Nous n'arrivions à rien et la Fiorentina nous posait d'énormes problèmes." Naples se bat pour rester dans la partie, tandis que dans les tribunes, les fans ont l'oreille collée au poste. Deux clameurs s'élèvent presque simultanément : l'Inter a perdu et la Juventus n'a pu faire mieux que match nul (1-1). Les Partenopei n'ont plus qu'à tenir deux minutes, plus le temps additionnel. "Pendant la deuxième mi-temps, les minutes me semblaient des heures ; à la fin, j'avais l'impression que des jours entiers s'écoulaient", se souvient Bianchi.

À 17 heures 47, l'arbitre donne le coup de sifflet final et le stade San Paolo explose de joie. "C'est indescriptible", s'exclame Maradona. "Ce titre vaut plus qu'une Coupe du Monde à mes yeux. Maintenant, je suis un enfant de Naples !"

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