dimanche 25 octobre 2020, 08:06

25 octobre 1987 : La naissance d'une génération dorée

Nous sommes en octobre 1987. À cette époque, le grand Zico affirme que Bebeto, son coéquipier à Flamengo, va devenir "l'un des plus grands joueurs de l'histoire du Brésil" ; Enzo Francescoli vient tout juste de mener l'Uruguay vers une deuxième victoire consécutive en Copa America ; Diego Maradona est en train de lancer Naples sur la voie d'un premier titre de champion d'Italie et Marco van Basten échange la tunique de l'Ajax Amsterdam contre celle de l'AC Milan.

Ces quatre diamants bruts se sont tous fait un nom grâce au Championnat du Monde Juniors de la FIFA. Aussi, lorsque la sixième édition se profile à l'horizon, tous les regards se tournent naturellement vers le Chili. En ce mois d'octobre, on parle beaucoup de Bismarck, de Matthias Sammer et d'Andreas Möller, les numéros 10 du Brésil, de la RDA et de la RFA. De son côté, le Bulgare Emil Kostadinov s'est déjà illustré lors des précédentes éditions du tournoi appelé à devenir la Coupe du Monde U-20 de la FIFA.

Les membres de la Yougoslavie font une arrivée beaucoup plus discrète en Amérique du Sud. Leur anonymat est pourtant de courte durée : dès leur première sortie, les Slaves dominent le pays hôte (4-2). Zvonimir Boban et ses partenaires poursuivent leur démonstration aux dépens de l'Australie (4-0) et du Togo (4-1). Au terme de la phase de groupes, Davor Suker compte déjà cinq buts, tandis que les compteurs de Predrag Mijatovic et de Boban affichent deux unités. Enfin, Robert Prosinecki a enchanté les spectateurs par ses feintes, ses gestes techniques, sa vision du jeu et sa qualité de passe.

En quart de finale, la Yougoslavie se retrouve menée par le Brésil, en quête d'un troisième sacre consécutif. Les Plavi arrachent pourtant la victoire dans les derniers instants sur un somptueux coup franc tiré par Prosinecki, lequel sera plus tard élu plus but du tournoi. Ce succès est aussi mérité qu'inattendu. Au tour suivant, le défenseur Igor Stimac donne l'avantage aux Yougoslaves. Sammer égalise mais Suker fait à nouveau pencher la balance en faveur des Balkaniques (2-1). Malheureusement, la victoire a un prix : Prosinecki et Mijatovic sont suspendus pour la finale, après avoir reçu respectivement un carton jaune et un carton rouge.

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Boban, Suker, Prosinecki, et les autres...

Comme lors de la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1962™, le stade national de Santiago accueille une affiche inédite entre un grand nom du football mondial et un invité surprise. Ce 25 octobre 1987, 65 000 spectateurs assistent à la revanche de David contre Goliath. Contrairement à la Tchécoslovaquie, qui avait fini par succomber aux assauts du Brésil, la Yougoslavie s'apprête à vivre l'une des plus belles heures de son histoire.

Très vite, les outsiders prennent les choses en main. Malgré une intense domination, la Yougoslavie doit patienter jusqu'à la 85ème minute avant de voir Boban débloquer la situation. Mais la RFA n'est pas le genre d'équipe à baisser les bras face à un tel coup du sort. Inspirés par l'exemple de leurs glorieux aînés, les Allemands obtiennent un penalty. Marcel Witeczek exécute la sentence et arrache la prolongation. Celle-ci ne permet pas aux deux équipes de se départager. Pour la première fois, un trophée FIFA se joue donc aux tirs au but.

Witeczek s'élance à nouveau mais, cette fois, sa tentative ne trouve pas le cadre. La RFA réussit un carton plein par la suite mais Dubravko Pavlicic, Branko Brnovic, Suker, Ranko Zirojevic et Boban font tous mouche. Ce sera suffisant pour permettre à la Yougoslavie d'enlever le titre le plus prestigieux de son histoire.

Ce sacre est si inattendu qu'un seul journaliste yougoslave a fait le déplacement pour couvrir l'événement. L'intéressé n'a dû sa présence au Chili qu'à la forte communauté yougoslave qui vit à Santiago, ce qui a finalement achevé de convaincre ses dirigeants. "Tout le monde était convaincu que nous rentrerions à la maison après trois matches", explique Toma Mihajlovic, le journaliste en question. "Je devais donc me rendre là-bas pour écrire des articles sur nos compatriotes qui vivaient au Chili. Mais nous avons battu le pays hôte et nous avons commencé à remporter des victoires complètement inattendues. En plus, nous pratiquions un football de rêve. J'espérais faire un peu de tourisme et je me suis retrouvé à travailler 24 heures sur 24 !"

Bien entendu, le monde n'avait pas fini d'entendre parler de Robert Jarni, Boban, Suker et Prosinecki. Tous ces joueurs ont fait partie de l'équipe de Croatie qui a battu l'Allemagne 3-0 en quart de finale de France 1998, avant de dominer les Pays-Bas dans le match pour la troisième place.

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