mercredi 02 décembre 2020, 07:46

La Panenka ne se démode pas

Antonin Panenka a laissé une marque indélébile dans le football mondial grâce à son fameux penalty. À l'occasion de l'anniversaire du Tchécoslovaque le 2 décembre, FIFA.com retrace quelques-unes des tentatives marquantes de ce geste de génie dans l'histoire.

En piquant délibérément la balle sur son tir au but face à l'Angleterre en quart de finale de l'édition 2012, l'Italien Andrea Pirlo a remis au goût du jour un des plus grands moments de l'histoire de l'UEFA EURO. Exécuté pour la première fois en finale de l'édition 1976 de l'épreuve par le Tchécoslovaque Antonin Panenka, ce geste a laissé une marque indélébile dans le football mondial.

La Panenka consiste à piquer la balle en plein milieu du but adverse, en ajoutant si possible une certaine nonchalance. Cette frappe ne demande pas une technique hors du commun. En revanche, elle exige des nerfs d'acier. FIFA.com retrace l'histoire des tentatives fructueuses ou infructueuses de plusieurs joueurs qui ont voulu imiter l'inventeur de ce geste génial, né dans un contexte où la pression pouvait difficilement être plus forte.

"Vraiment très simple..."

Nous sommes le 20 juin 1976. En finale d'un UEFA EURO qui s'appelait encore "Championnat d'Europe des Nations", la Tchécoslovaquie et l'Allemagne de l'Ouest ne parviennent pas à se départager. Au bout du temps réglementaire, le score est de 2-2. Rien n'est marqué lors de la prolongation. Dans la série des tirs au but, les Tchécoslovaques ont réussi quatre tentatives sur quatre, les Allemands trois. Panenka est le cinquième tireur de son équipe. S'il marque, la Tchécoslovaquie est championne d'Europe.

Le but allemand est gardé par une véritable légende, en la personne de Sepp Maier. Cela ne dissuade pas le milieu de terrain tchécoslovaque de faire une course d'élan effrénée pour finalement envoyer un ballon mollement piqué en plein milieu du but, Maier ayant pour sa part plongé sur sa gauche. "J'imagine qu'il n'aime pas trop entendre parler de moi. Pourtant, je n'ai absolument pas eu l'intention de le ridiculiser", confiera Panenka."Au contraire, j'ai choisi cette manière de frapper car cela m'a paru la façon la plus facile et la plus simple de marquer. C'est vraiment très simple à faire."

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Soit fou, soit génial

Pour tenter un tel geste, il faut être "soit fou, soit génial", commentera Pelé. Peut-être, mais le maître tchécoslovaque n'en a pas moins fait de nombreux émules depuis qu'il a présenté son invention au monde entier il y a plus de 40 ans.

Un seul homme a tenté le geste dans un match plus important qu'une finale continentale européenne. Il s'agit bien sûr de Zinédine Zidane qui, en finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2006™ contre l'Italie, a donné une interprétation quasiment parfaite de la Panenka. Au bout de six minutes, la France obtient un penalty. Le numéro 10 s'élance et pique le ballon, qui vient toucher le dessous de la transversale de Gianluigi Buffon et rebondir juste derrière la ligne de but. La France ouvre le score. Zizou commence son dernier match avec les Bleus sur un nuage.

Zidane symbolise le côté "génial" de l'affirmation de Pelé. Côté "fou", on trouve par exemple l'Uruguayen Sebastian Abreu, auteur d'une Panenka quatre ans plus tard en Afrique du Sud. En quart de finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2010™, le Ghana et l'Uruguay terminent la prolongation à égalité (1-1). La Celeste est à un tir au but de sa première demi-finale mondiale en 40 ans. Le bien nommé El Loco s'élance, comptant comme tous les auteurs de Panenka sur un plongeon du gardien d'un côté ou de l'autre de son but. Heureusement pour Abreu, c'est exactement ce que fait le portier ghanéen Richard Kingson.

L'Uruguay est en demi-finale. "Ce n'est pas quelque chose qu'on prévoit à l'avance", explique Abreu, spécialiste de l'exercice et multirécidiviste. "Cela se décide sur le moment. Il faut analyser l'état d'esprit du gardien et le match lui-même. Ce n'est pas pareil si on le fait après dix minutes de jeu ou en séance de tirs au but. Dans tous les cas, l'adrénaline est la même quand vous voyez le ballon franchir la ligne, quelle que soit la manière dont il le fait !"

Pirlo n'est pas le premier Italien à réaliser une Panenka lors de la compétition suprême des sélections en Europe. Dans la demi-finale de l'UEFA EURO 2000 entre la Squadra Azzurra et les Pays-Bas, Francesco Totti inscrit le penalty du 3-0 pour les siens d'une balle qui finit dans la lucarne droite d'Edwin van der Sar, parti du mauvais côté.

Quatre ans plus tard au Portugal, l'Angleterre mène 5-4 contre le pays hôte lors de la séance de tirs au but. Helder Postiga a le poids de tout un peuple sur les épaules. L'attaquant se débarrassera de cette pression en réussissant une Panenka sur laquelle David James est impuissant. L'Angleterre rate sa tentative suivante. Pas le Portugal, qui s'envole vers les demi-finales.

Le Brésilien Djalminha avait permis au Deportivo La Corogne de revenir à 2-2, après avoir été mené 2-0, en s'offrant une Panenka face au Real Madrid et à un jeune gardien de 21 ans nommé… Iker Casillas. On était en 2002.

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Leçon d'humilité

Tenter une Panenka en finale d'un tournoi ajoute à la pression. La récompense est évidemment un statut de héros en cas de réussite. En finale de la Coupe de la Ligue 2004 entre Nantes et Sochaux, c'est précisément la réussite qui a fait défaut à Mickaël Landreau. S'il marque, le gardien et capitaine nantais offre le trophée à son équipe. Malheureusement, il pique le ballon directement dans les bras de son homologue Teddy Richert, qui repousse une autre tentative quelques instants plus tard pour offrir la coupe à Sochaux.

À l'image de Maier, Neymar ne garde pas non plus un grand souvenir de ce geste. Dans un match amical de pré-saison en 2010, l'attaquant vedette de Santos avait manqué une Panenka. Quelques semaines plus tard, en finale de la Coupe du Brésil, Neymar persiste… et signe un deuxième échec. Heureusement, Santos remportera la finale et l'épreuve sur le score cumulé de 3-2.

Un an plus tard, c'est un tireur de penalty encore plus expérimenté qui reçoit une leçon d'humilité. Le gardien Rogerio Ceni était connu dans le monde entier pour la qualité de ses penalties et de ses coups francs. Au deuxième tour de la Coupe du Brésil, le portier de São Paulo tente une Panenka, mais le dernier rempart de Santa Cruz, Tiago Cardoso, s'interpose pour anéantir la tentative de l'international brésilien. Là encore, Ceni sera sauvé par ses partenaires. São Paulo l'emporte 2-1 et se qualifie.

Pas si facile

Dans l'UEFA Europa League 2011/12, Metalist Kharkiv est mené 2-0 par l'Olympiakos à 15 minutes du terme. Les Ukrainiens doivent marquer deux fois pour disputer les quarts de finale d'une compétition européenne pour la première fois de leur histoire. Ils obtiennent un penalty. Marko Devic s'élance, mais sa Panenka ne surprend pas le gardien Balazs Megyeri. Ironie de l'histoire, Kharkiv inscrira ensuite deux buts, Devic marquant lui-même celui de la qualification.

Même si le penalty en question n'est pas décisif, une Panenka manquée revêt immédiatement un caractère inconfortable pour le tireur. Peter Crouch en sait quelque chose. Dans un match de préparation pour Allemagne 2006 contre la Jamaïque, Crouch est sur le point d'inscrire le premier triplé de sa carrière en équipe nationale. L'Angleterre mène 5-0. Pensant ajouter la manière au résultat, le grand attaquant tente une Panenka, mais son ballon passe au-dessus de la barre transversale. Heureusement, il se consolera en inscrivant tout de même un troisième but.

Il aura aussi appris une leçon : la Panenka n'est peut-être pas aussi facile à réaliser qu'elle en a l'air.

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