mardi 23 février 2016, 08:13

Portier amateur aux portes du bonheur

Croiser dans le football amateur un joueur qui, d’ici quelques mois, a toutes les chances de participer à une Coupe du Monde de la FIFA™ est un événement plutôt rare. C'est ce qui est en train d'arriver au SpVgg Unterhaching, club allemand de quatrième division. Le gardien des Hachingern, Stefan Marinovic, évolue en équipe de Nouvelle-Zélande.

En mars 2015, le joueur de 24 ans a fait ses débuts avec les Kiwis lors d'un match amical contre la République de Corée. Depuis, il a été appelé à chaque sortie de sa sélection. "C'était génial. À l'époque, je ne pensais pas du tout qu'on me laisserait jouer tout de suite", explique le portier à FIFA.com. "Porter les couleurs de son pays est toujours une expérience particulière."

Après avoir gravi les échelons des sélections de jeunes, Marinovic part s’installer en Europe dans l’espoir de devenir professionnel. Après une escale au SV Wehen-Wiesbaden, il signe avec Unterhaching, petite ville de la banlieue de Munich. La surprise est donc immense le jour où il apprend sa sélection. En poste depuis août 2014, le sélectionneur Anthony Hudson effectue des réajustements au sein de son effectif et il est à la recherche de jeunes talents. "La fédération souhaite se tourner vers l'avenir. Le nouveau sélectionneur veut créer une nouvelle image avec une équipe susceptible de travailler plusieurs années ensemble", explique Marinovic, qui, du haut de son mètre 92, avait  une place toute trouvée dans ce nouveau concept.

Quelques mois avant son baptême du feu, il est contacté une première fois par l'entraîneur des gardiens. "Je ne m'attendais pas à être sélectionné tout de suite, mais ils semblaient être très intéressés par les vidéos qu'ils avaient vues de moi", se souvient le dernier rempart, qui est très vite invité à passer une semaine au centre d'entraînement, avant d’être titularisé.

Un an plus tôt, Marinovic était pourtant à deux doigts de raccrocher les gants. Malgré quelques essais pour Everton, Schalke 04 ou Hambourg, il ne parvient pas à s'imposer et sa carrière stagne dans les divisions inférieures allemandes. "À certains moments, j’ai vraiment pensé arrêter le football. Je ne voyais plus aucune perspective, que ce soit au sein de l'équipe réserve de Munich 1860 ou à Ismaning", admet-il. "Je me suis retrouvé plusieurs fois sans club. J'avais 22 ou 23 ans et je commençais sérieusement à me poser des questions. Il était temps que je commence à gagner ma vie correctement. Je me disais que je devais peut-être changer de métier", se souvient le Néo-Zélandais, qui vit depuis sept ans en Allemagne. En juillet 2014, Marinovic rejoint Unterhaching où il est tout d’abord remplaçant. Lorsque son concurrent quitte le club, il saisit la balle au vol. "C'était ma dernière cartouche, mais j'ai tapé en plein dans le mille."

Grâce à sa constance sous le maillot de cet ancien club de Bundesliga, il est appelé une première fois en sélection néo-zélandaise. Avec seulement deux buts encaissés en trois rencontres, il réalise de magnifiques parades et repousse un penalty face à la République de Corée. Il reprend confiance en lui et depuis quelques mois, tout semble lui réussir. "Je pense avoir déjà fait beaucoup dans cette direction", explique-t-il, en faisant allusion notamment à son parcours en Coupe d'Allemagne cette saison. Les amateurs d'Unterhaching ont en effet réussi à atteindre le troisième tour en éliminant deux clubs de première et de deuxième division.

Marinovic est prêt à relever de prochains défis lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™ et de la Coupe des Confédérations de la FIFA, Russie 2017. "Tout ce que je fais en ce moment, je le fais dans cette optique. Mon objectif est de terminer la saison en pleine forme afin d'être présent dans ces tournois. Je veux être dans les buts", clame celui qui, en 2011, a disputé la Coupe du Monde U-20 de la FIFA en Colombie. "C'était la première fois que je me produisais devant plus de 30 000 personnes. Tout ça était nouveau pour moi. C'était comme jouer pour un club professionnel. J'avais l'impression de vivre un rêve", se souvient le Néo-Zélandais, qui était alors passés à deux doigts d'une qualification pour les huitièmes de finale.

Aujourd’hui, Marinovic rêve de revivre des moments aussi forts. Il lui reste cependant un obstacle à surmonter : dans le championnat où il évolue, le calendrier ne prévoit pas de trêve internationale car très peu de joueurs sont appelés en sélection. Lors de son dernier match avec les Kiwis, le gardien a ainsi manqué un match de championnat. Unterhaching devra donc apprendre à se passer de plus en plus souvent de son gardien néo-zélandais.