mercredi 12 juin 2019, 07:35

Vieri, le bison voyageur

À l'occasion de l'anniversaire de Christian Vieri le 12 juillet, retour sur la carrière de l'ancien attaquant international italien.

Treize clubs dans une carrière de 18 ans placent Christian Vieri dans la catégorie des grands voyageurs du football, presque au niveau des Rivaldo, Romario ou Sebastian Abreu. Mais à la différence des trois attaquants sud-américains, l’Italien n'est pas forcément né pour une carrière de footballeur. Lorsqu’on l’interroge sur son idole de jeunesse, Vieri crie son admiration pour… Allan Border.

Allan qui ? Rien d’étonnant à ce que le nom ne vous évoque pas grand-chose si vous le cherchez dans vos souvenirs de football. Border est en effet un ancien joueur australien de… cricket ! Car c’est aux Antipodes que Christian Vieri a grandi, bercé par les exploits du batteur. Depuis, près de 40 ans ont passé et les souvenirs de la carrière de Vieri ne concernent ni l’Australie, ni le cricket, mais le sport roi et la Nazionale.

Cinq ans après qu’il a raccroché les crampons, FIFA.com l’a rencontré à l’occasion du Match contre la Pauvreté 2014, les actions de charité étant l’une des occupations de l’ancien attaquant pour meubler une retraite presque aussi diversifiée que la liste de ses anciens clubs…

Souvenirs, souvenirs…

Si au sein de la communauté italienne de Sydney, le jeune Christian hésite entre deux sports - football et cricket - et deux nationalités, le retour en Italie en famille lui facilite la tâche. Il choisit le ballon rond et débute à Prato en Serie C, où le Torino le repère. Premier transfert et première expérience en Serie A en 1991. Il ne le sait pas encore mais le seul but qu’il y inscrira en sept rencontres sera le premier d’une immense série.

Suivront cinq transferts en cinq ans qui permettent au football italien de découvrir un globetrotter, mais surtout un sacré buteur au style particulier : Bobo est puissant, fait le ménage dans toutes les défenses, brille dans le jeu aérien et possède une lourde frappe. Autant de qualités qui lui valent le surnom de Bison, ses premières convocations avec la Nazionale alors qu’il évolue à la Juventus lors de la saison 1997/98, et une participation à la Coupe du Monde de la FIFA™, France 1998.

"C'est sans aucun doute l'expérience la plus belle de ma vie. La Coupe du Monde c'est quelque chose dont rêvent tous les footballeurs, de représenter leur pays dans le tournoi le plus important au monde", confie à FIFA.com l’attaquant qui inscrira cinq buts en France, et quatre autres lors de l’édition suivante en République de Corée et au Japon. "Disputer deux Coupes du Monde, cela a été une expérience incroyable. Il y a toujours une montée d'adrénaline, une atmosphère spéciale. C'est merveilleux."

Avec ses neuf réalisations, Vieri devient le meilleur buteur de l’histoire de la Squadra Azzurra en Coupe du Monde, à égalité avec Paolo Rossi et un certain Roberto Baggio. "Je me rappelle avoir payé 10 000 lires dans le virage pour aller voir jouer Baggio à la Fiorentina. C'était de la folie !", se souvient Bobo, qui voue une admiration sans borne à l’ancien milieu de terrain. "Et je me suis retrouvé avec lui à la Coupe du Monde. Je n'en croyais pas mes yeux ! En plus, s'il loupait une passe qui m'était destinée, il s'excusait ! C’était incroyable…"

A l’image de Baggio, qu’il a côtoyé à l’Inter Milan, Vieri a croisé quelques-uns des plus grands joueurs des 20 dernières années. "Baggio, c’est sans aucun doute un des plus grands avec qui j’ai joué, avec Zinedine Zidane et Ronaldo", estime le buteur, qui a connu deux expériences à l’étranger, à l’Atlético de Madrid et à l’AS Monaco. "Avec Zizou, nous étions ensemble à la Juve et 15 ans après, on s'appelle et on se voit toujours. Avec Ronaldo, c'est plus difficile de le trouver, car jamais personne ne répond au téléphone !", ajoute-t-il dans un éclat de rire. "Avec mes anciens coéquipiers, on joue souvent ensemble, notamment avec Paolo Maldini que je vois souvent à Milan."

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Pour en arriver là…

Son passage à l’AC Milan en 2006 marque justement la fin de la période dorée de Vieri, qui restait sur six saisons prolifiques à l’Inter, le seul club où il soit resté plus d’un an, avant de rejoindre le voisin et rival. Les blessures s’enchaînent et le poids des ans se fait sentir. Le Bison sévit encore quelques saisons dans différents clubs de Serie A, avant une dernière saison à l’Atalanta Bergame, le club où il avait explosé.

Vieri joue pour 1 500 euros par mois, et surtout pour le plaisir, avant de raccrocher définitivement en 2009. "Cela faisait déjà un certain temps que je n'avais pas la même envie de m'entrainer, d'aller aux rassemblements les veilles de match, je n'avais plus la même motivation", raconte-t-il. "Dans ce cas, il est temps de prendre la décision d'arrêter. C'est ce que j'ai fait sans aucun problème. Cette décision avait mûri dans ma tête. Cela n'a pas été fait sur un coup de tête."

Plus de coup de tête non plus pour marquer des buts, alors il faut bien trouver de quoi meubler ses journées. Les matches de charité avec ses amis Zidane et Ronaldo trouvent vite une place dans son emploi du temps. "C’est fondamental. Nous avons eu de la chance dans la vie mais il y a tant d'autres personnes qui ont des problèmes. C'est normal que l'on vienne faire quelque chose pour elles", confie-t-il à l’issue du Match contre la Pauvreté 2014, organisé pour venir en aide aux Philippines, suite au passage du typhon Haiyan. "Ce qui me manque du football, c'est d'être avec le groupe, de me retrouver avec les copains. C'est pour ça aussi que je viens à ces matches de bienfaisance. Passer un peu de temps ensemble, s'amuser et faire du bien aux gens."

En dehors de son engagement pour la bonne cause, il a touché tour à tour au poker, aux placements immobiliers, ou aux émissions de télé-réalité. Mais les problèmes se sont révélés plus nombreux que les succès. Alors Vieri est revenu à ce qu’il connaît le mieux : le sport. Devenu consultant pour la Serie A, la Liga, la Ligue 1, la Ligue des champions de l’UEFA et bientôt pour la Coupe du Monde 2014, son nouveau passe-temps lui permet de donner un pronostic avisé le parcours de la Nazionale au Brésil. "L'Italie est toujours difficile à battre dans une Coupe du Monde. Elle sait bien défendre et fait preuve de beaucoup de caractère", annonce Vieri dont le quotidien n’a finalement pas vraiment changé : "Je me lève toujours de bonne heure, je travaille pour la télévision et j'ai une société de vêtements de sports, ce qui m'oblige à faire de nombreux déplacements..."

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