lundi 22 février 2021, 08:12

Wilmots, le taureau des Diables

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A l'occasion de l'anniversaire de Marc Wilmots le 22 février, FIFA.com revient sur la carrière de joueur de l'ancien milieu de terrain et sélectionneur de la Belgique.

Trois Coupes du Monde de la FIFA en 16 ans de carrière professionnelle, Marc Wilmots incarne au Plat pays les doux souvenirs des Diables Rouges de la belle époque, celle d’une génération élevée dans le culte des héros de 1986 au Mexique. Figure emblématique du football belge des années 1990, l'ancien sélectionneur de la Belgique n’a pourtant pas toujours fait l’unanimité en son royaume avant de finalement se retirer en héros à 34 ans, sous le maillot du club qui l’a fait roi, Schalke 04.

Fils d’agriculteur revenu depuis 2003 sur les terres de son enfance entre Bruxelles et Liège, où FIFA.com l’avait rencontré à son domicile, le "taureau de Dongelberg" n’avait jamais vraiment quitté le football depuis sa retraite, avant de se lancer dans la carrière d'entraîneur. La passion coule dans ses veines. Le franc-parler est toujours le même également, quitte à ne pas plaire à tout le monde.

Souvenirs, souvenirs...

"Je n'ai aucun regret, je referais tout de la même manière. J’ai toujours pu décider de mes propres choix, qui ont toujours cadré avec ma mentalité et mes qualités sportives. On me prédisait un enterrement de première classe à Schalke et la première année on remporte la Coupe de l'UEFA", assénait pour FIFA.com l’ancien milieu offensif. Bordeaux mis à part, il a remporté des trophées dans tous les clubs où son instinct l’a mené. Les blessures ne l’ont pas épargné, mais il a toujours trouvé les ressources mentales pour remonter la pente. "J’ai toujours su profiter des bas pour remonter plus haut", confie-t-il avec fierté.

Cette force intérieure, Wilmots en a fait sa marque de fabrique. "J’ai subi 13 opérations. Si mentalement je n’avais pas été fort, je ne m’en serais jamais sorti", assure-t-il le dos tourné à la salle des trophées installée dans son bureau. "Une de mes plus grandes fiertés, c’est de jouer la Coupe du Monde 2002 à plus de 33 ans. C’était la preuve qu’avec de la volonté, on peut renverser pas mal de montagnes". Pour preuve, après cinq semaines sans compétition, le sélectionneur Robert Waseige l’emmène avec lui à Prague pour le match retour des qualifications. Il rentre à 30 minutes de la fin et inscrit le but salvateur sur penalty.

Cette Coupe du Monde de la FIFA, Japon/Corée 2002 reste justement l’un de ses meilleurs souvenirs. Pour FIFA.com, le meilleur buteur belge du tournoi avec trois réalisations raconte. "Je ne voulais pas la faire, j’avais promis qu’après les qualifications, je laisserais ma place à un jeune. Mais Waseige m’a convaincu. J’y suis allé l’esprit relâché car après ça, je savais que j’arrêterais. Le match contre la Russie pour aller en huitièmes de finale a été quasi parfait. L’état d’esprit était extraordinaire, les critiques de la presse nous avaient soudés comme jamais. On a fini par rallier tout le monde en Belgique à la cause des Diables Rouges. Terminer là-dessus, c’est magnifique". Dans la foulée, il repart pour une ultime campagne en Bundesliga avant de baisser définitivement le rideau.

Seize ans plus tôt, c’est chez lui que l’enfant prodigue de Jodoigne débute sa carrière professionnelle, au Saint-Trond VV. "A 17 ans, j'ai été champion de deuxième division et terminé meilleur buteur du championnat. J'ai vécu une montée avec un public fantastique. A cet âge-là c’est exceptionnel".

En 1988, il relève le challenge du KV Mechelen, tout frais vainqueur de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe. Champion dès sa première saison, il part en 1991 pour un Standard de Liège en quête d’un trophée depuis huit ans et le dernier sacre national. En 1993, au terme d’une saison à 22 buts, c’est la libération : "Dans mes meilleurs moments, difficile de ne pas citer la finale de Coupe de Belgique avec le Standard en 1993".

Trois printemps plus tard, direction l’Allemagne et Schalke 04. Une nouvelle ère s’ouvre. Le ton est maculé d’excitation quand il revient sur le Graal européen conquis en 1997 par les cols bleus de la Ruhr. "Nous étions en finale contre l’Inter Milan. J'ai marqué le but du 1-0 à la maison et au retour, on a tenu jusqu’à la 88ème minute. On a alors dû aller en prolongation, puis aux tirs au but. J'inscris le penalty décisif et on gagne la première Coupe d’Europe du club ! On sentait que c’était pour nous, le facteur chance était de notre côté. Mais on est allé la chercher et on l’a méritée. On avait une équipe de 30 ans de moyenne d’âge, une équipe à mon image, avec des bosseurs et un gros collectif. Ce club m’a permis de me faire un nom sur la scène internationale".

Pour en arriver là...

"J’ai depuis 2000 une société d’accompagnement sportif et de gestion de carrière, avec ma femme et un avocat allemand", nous expliquait clui devenu depuis entraîneur adjoint, puis sélectionneurs des Diables Rouges, avant de tenter sa chance en Afrique aux commandes de la Côte d'Ivoire. "Je ne pensais plus revenir comme entraîneur avant que Dick Advocaat ne vienne me chercher". Car depuis 2005 et son licenciement comme "manager à l’anglaise" de Saint-Trond, Wilmots se consacrait à son entreprise après l’arrêt d’une carrière politique de deux ans.

"La difficulté de la reconversion c’est de trouver un nouveau défi. La politique en était un, on m’a proposé de défendre un programme pour le développement du sport auprès de la jeunesse, avec la création de passerelles à l’école". Élu sénateur en juin 2003, il sort alors de sa première expérience d’entraîneur, à Schalke évidemment. "Je ne suis resté que six mois malgré un an et demi de contrat car je m’étais déjà engagé pour entrer en politique. C’est arrivé trop tôt mais ça m’a prouvé que ce que j’avais fait comme joueur, je pouvais l’utiliser sur le banc".

Ancien bras droit d’Advocaat, parti après quelques mois seulement aux commandes des Diables Rouges, Wilmots aime converser sur une fonction qui le fait vibrer autant que la précédente : "Pour faire ce métier, il faut être passionné, aimer le jeu et la tactique. Et se fixer des objectifs plus hauts à chaque fois. Ce qui est frustrant c’est que tu peux tout préparer comme il faut, aligner la composition la plus scientifiquement étudiée mais une fois sur le terrain, ce sont les joueurs qui décident et pas toi".

Marc Wilmots

Poste : milieu offensif

Clubs : Saint-Trond VV (1987-1988), FC Malines (1988-1991), Standard de Liège (1991-1996), Schalke 04 (1996-2000), Bordeaux (2000-2001), Schalke 04 (2001-2003)

Equipe nationale : 70 sélections (28 buts)

Palmarès : Supercoupe d'Europe (1988), Champion de Belgique (1989), Coupe de Belgique (1993), Coupe UEFA (1997), Coupe d'Allemagne (2002), Jeune Pro de l'année (1990)