mercredi 15 mars 2017, 10:31

Zidane : "Sans travail, on n'arrive à rien"

Zinédine Zidane est l'un des grands acteurs du football mondial de ces 20 dernières années, à titre de joueur d'abord, puis d'entraîneur. Il a tout gagné en club et en sélection, au sein desquels il a toujours assumé le rôle d'homme-clé. Autant dire qu'une place d'honneur lui est d'ores et déjà réservée au panthéon du sport roi.

Derrière l'image de la star se cache une réalité moins glamour, mais peut-être plus méritoire. Peu de fans sont conscients de l'énorme dose de travail et de sacrifices qui a forgé la réussite de Zizou, surtout depuis qu'il a coiffé la casquette d'entraîneur. Le technicien du Real Madrid se livre dans un entretien exclusif avec FIFA.com.

Vous avez commencé à collectionner les victoires très peu de temps après vos débuts au Real Madrid. Espériez-vous réussir si vite ? Je le souhaitais, bien sûr. Les Merengues sont soumis à un impératif de résultat et les attentes étaient très élevées dès mon arrivée. Cela étant, j'avoue que décrocher la Ligue des champions lors de ma première année sur le banc était inespéré. Mais c'est déjà du passé. Aujourd'hui, nous nous battons pour défendre notre titre et remporter le championnat. En football, on ne s'arrête jamais, il faut sans cesse confirmer.

Imaginiez-vous obtenir de tels résultats quand vous êtes passé du terrain au banc ? Non, parce qu'à l'époque où j'étais joueur, je n'envisageais pas de devenir entraîneur. Après ma retraite, je me suis consacré à d'autres activités. Je suis resté dans le football et proche du Real Madrid, mais le terrain a fini par me manquer. J'ai entamé ma reconversion et aujourd'hui, le métier d'entraîneur me passionne plus que tout !

Ne rêvez-vous pas parfois d'avoir une machine à remonter le temps pour redevenir joueur ? (Rires) C'est la vie ! C'était une belle époque, j'adorais jouer au football. Mais ce temps est bel et bien révolu. Je vis toujours de ma passion, de ce que j'aime le plus au monde, alors je n'ai vraiment aucune raison de me plaindre.

Vous avez remporté les titres les plus convoités du football en tant que joueur et entraîneur. Avez-vous vécu ces triomphes de la même façon ? Pas tout à fait, en grande partie parce que le travail et les conditions sont différents. Je dirais qu'on savoure davantage les victoires comme entraîneur, car elles sont plus difficiles à obtenir. Mais l'émotion est aussi intense dans les deux cas.

Pourquoi est-il plus difficile d'obtenir des victoires comme entraîneur ? Un joueur ne se soucie que de ce qu'il fait sur le terrain. Il ne s'occupe pas vraiment du reste de l'équipe. Encore que moi, j'ai toujours bien servi mes coéquipiers, alors je les aidais quand même un peu ! (rires) L'entraîneur, lui, doit s'occuper non seulement des 24 joueurs de son groupe, mais aussi de tout ce qu'il se passe autour d'un match, du début à la fin. Pour preuve de la complexité de sa tâche, il consacre bien plus d'heures par jour au football qu'un joueur.

Qu'est-ce qui vous a demandé le plus de travail au poste de technicien ? Rien de particulier. Quand j'ai été nommé à la tête du Real Madrid, je n'ignorais pas qu'une mission difficile m'attendait. J'avais dirigé l'équipe réserve du club, la Castilla, mais j'avais conscience de changer de dimension. Je me sentais prêt, parce que je connaissais bien la maison pour y avoir passé 15 ans. Je savais ce que représentaient le vestiaire madrilène et le club en général. Il me restait à travailler d'arrache-pied et à faire valoir mes idées. Aujourd'hui, les résultats sont là.

Il est étonnant qu'un joueur qui s'est toujours distingué par son talent ait un tel culte du travail. C'est ce que je préfère ! C'est le meilleur conseil qu'on m'ait donné dans ma carrière. Au-delà du talent, il faut toujours être prêt à travailler. Sans travail, on n'arrive à rien.

Si vous dirigiez le joueur Zidane, comment jugeriez-vous ses qualités et ses défauts ? En tant que footballeur, je crois que j'exerçais une bonne influence sur le groupe. Je m'adaptais à tout et je voulais toujours bien faire jouer les autres, de façon à ce que personne n'ait de raison de se plaindre. J'aimais aider mes coéquipiers à marquer, ce que mes entraîneurs appréciaient sans doute beaucoup. Quant aux défauts… C'est difficile à dire. J'en avais, bien sûr, mais il vaudrait mieux poser la question à d'autres que moi (rires).