vendredi 02 décembre 2016, 12:27

Cissoko-Geyoro, piliers de l'histoire bleue

p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 21.0px Helvetica} p.p2 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 21.0px Helvetica; min-height: 25.0px}

Si la France s'est frayé un chemin jusqu'en finale de la Coupe du Monde Féminine U20 de la FIFA, Papouasie-Nouvelle-Guinée 2016, elle le doit en grande partie à Hawa Cissoko et Grace Geyoro, respectivement défenseuse centrale et milieu de terrain défensive des Bleuettes.

La puissance physique, l'abnégation et la complicité des deux travailleuses de l'ombre sont des atouts majeurs du sélectionneur Gilles Eyquem. Elles sont, avec Mylène Chavas et Delphine Cascarino, les seules à n'avoir pas passé une seule minute sur le banc en cinq rencontres. En demi-finale, elles ont travaillé sans relâche pour étouffer le collectif japonais et seront certainement à nouveau déterminantes, ce samedi 3 décembre, pour contrer la redoutable RDP Corée, meilleure attaque de la compétition.

Avant ce choc, FIFA.com a rencontré ces deux solides piliers de la maison France, qui partagent de nombreuses similarités. La première est qu'elles sont les seules présentes en Papouasie-Nouvelle-Guinée à jouer au Paris Saint-Germain, ce qui engendre de précieux automatismes dans le jeu tricolore. "En défense, on joue beaucoup avec le milieu et je n'ai même pas besoin de regarder où est placée Grâce", confirme Hawa. "Je la trouve les yeux fermés. Ça me facilite la vie. Plus ça va et plus j'ai des automatismes aussi avec Juliane (Gathrat) et toutes les autres. Ça fait quand même cinq ans qu'on joue ensemble, donc on commence à se connaître par cœur", poursuit celle qui forme avec Estelle Cascarino une charnière presque inamovible.

Ambianceuses et meneuses de troupesElles sont aussi les deux principales "ambianceuses" du groupe France, celles qui mettent la musique, poussent les cris de guerre dans le vestiaire et accrochent des sourires sur tous les visages. "Hawa, c'est une folle", rigole Grace. "Elle a toujours la joie de vivre et fait rire tout le monde."

"Je dirais pareil de Grace, sauf qu'elle est peut-être un peu plus timide", poursuit Hawa. "Mais plus on la connait, plus on se rend compte à quel point elle est folle-dingue. Sur le terrain, c'est un leader. Elle n'a pas peur de dire les choses, même à moi avec mon fort caractère… On a vraiment besoin d'une joueuse comme elle. Je pense qu'elle a plus de jugeote que moi, elle est plus posée."

Leçons et devoirsLes deux Parisiennes rentreront quoi qu'il arrive avec un précieux vécu dans leur bagages, et quelques leçons apprises dans la douleur sous le soleil de Port Moresby. "Arrêter de trop réfléchir et jouer plus simplement", résume Hawa. "J'ai beaucoup appris du match contre le Ghana où j'aurais dû parfois dégager en tribunes plutôt que de me compliquer la vie. J'ai beaucoup été critiquée après ce match et ça m'a fait prendre conscience qu'il fallait que je me prenne moins la tête."

"Moi, il faut que je frappe plus au but", lance Grace. "Tout le monde me le dit mais je n'y pense pas. J'ai une bonne frappe mais en match ça ne me vient pas à l'esprit. Pour moi, à mon poste, on doit surtout passer proprement et bien défendre."

"Grace préfère donner une passe décisive que de tirer, mais elle a une super frappe !", enchaîne Hawa. "C'est aux attaquantes de briller offensivement", rétorque Grace. "Nous, on est des travailleuses de l'ombre. Tacler, récupérer, ressortir le ballon, ce sont des choses normales que les gens ne voient pas forcément".

RevanchesReste que Grace, toute travailleuse de l'ombre qu'elle est, aurait aimé prendre un peu plus la lumière lors du sacre des U-17 en 2012, qu'elle a vécu intégralement sur le banc. "C'était ma pire saison. Ça m'a fait totalement fait perdre confiance en moi. Ne pas jouer une seule minute, ne pas pouvoir montrer ce que je vaux… c'était horrible ! J'avais l'impression d'être inférieure aux autres et du coup j'ai perdu mon niveau", confie celle qui a remonté la pente grâce au travail et aux mots de ses entraîneurs, notamment Gérard Prêcheur et Pierre-Yves Bodineau.

"Humainement, l'Azbaïdjan a été une super expérience, mais footballistiquement ça m'a plombé. Mais cette Coupe du Monde, j'ai l'impression que c'est un remake de 2012. Premier match contre les USA à 0:0, et là finale contre la Corée du Nord...", sourit Grace.

Pour Hawa aussi, qui débutait encore le football en 2012, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est une terre de rédemption. Elle qui a reçu le prix de Joueuse Live Your Goals du Match après sa superbe prestation contre le Japon, faisant taire les critiques après son match le Ghana. Elle qui a connu une scolarité agitée et que le football a aidé à se structurer et à canaliser son énergie débordante. "Je travaillais bien mais niveau comportement, c'était une catastrophe", rigole-t-elle. "Je ne sais pas comment les professeurs faisaient pour me supporter."

Pour ces deux élèves modèles de la formation française, soulever le trophée permettra de tourner définitivement la page, et d'écrire l'histoire.