Un but, des millions de sourires

Les locales de la Papouasie-Nouvelle-Guinée abordaient leur dernier match de groupe dans la Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA en étant sûres d’être éliminées, suite à de lourdes défaites face au Brésil (9:0) et la Suède (6:0). Les joueuses étaient conscientes que cette rencontre au National Football Stadium serait leur dernière de la compétition, mais elles voulaient avoir le plaisir de célébrer un but. Pratiquement incapables de tester les gardiennes adverses lors de leurs dernières sorties, les Océaniennes se retrouvaient opposées à une autre grande puissance de la discipline, la RDP Corée.

Mais le miracle s’est produit. Après 16 minutes de jeu, la rapide attaquante Nicollete Ageva a faussé compagnie à deux défenseuses avant de piquer le ballon au-dessus de la gardienne : but et folie dans les tribunes ! Et l’impression que le grondement de joie s’est propagé dans toute la capitale. La Papouasie-Nouvelle-Guinée aura beau s’incliner 7:1, les joueuses locales étaient euphoriques après la rencontre. Pas question ici de décrocher un trophée ou la gloire. Il s’agissait de la joie simple d’avoir rempli un objectif et d’avoir donné de la fierté à une nation.

De surcroît, l’histoire de la buteuse est tout sauf ordinaire. Ageva est la seule membre de l’effectif à être née et à avoir grandi à Bougainville, île autrefois déchirée par les conflits située au Nord du territoire principal de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ageva a été prise d’assaut par ses coéquipières après son but, et elle a aussi été acclamée par la foule avant de gagner enfin le tunnel. Un journaliste a même avancé qu’elle était la "personnalité la plus populaire de Bougainville en ce moment".

"J’étais vraiment enthousiaste et fière de moi ; j’étais heureuse d’avoir prouvé à mon pays que l’on pouvait y arriver", a déclaré Ageva à FIFA.com après la rencontre, le visage encore rayonnant de la décharge d’adrénaline reçue sur le terrain. "C’était notre objectif pour ce match : marquer un but pour nous et pour l’ensemble de la Papouasie-Nouvelle-Guinée."

Il y a à peine 12 mois, Ageva ignorait l’existence même de la compétition. Elle savait encore moins qu’elle était sur les tablettes des instances fédérales. Sa vie a bien changé depuis qu’elle a rencontré un recruteur de l’équipe nationale. "C’était mon objectif de représenter mon pays, et de revenir dans ma province pour y développer le football féminin. Cette Coupe du Monde Féminine U-20 est une véritable source d’inspiration pour moi. Je veux continuer à jouer au football."

Une émotion purePendant 21 minutes après cette ouverture du score, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a héroïquement conservé un score de parité face à la puissante RDP Corée, pays ayant déjà remporté cette compétition. Mais la défense locale a fini par céder à nouveau avant la pause. Avant cela, la formation asiatique avait opéré deux changements, signe de l’impact de ce but.

"Cette décision a montré que nos adversaires avaient du respect pour nous et qu’elles voulaient faire un bon résultat", a déclaré la sélectionneuse de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Lisa Cole. "Nous les avons forcées à opérer des changements qu’elles n’avaient pas prévus."

"Lorsqu’on a marqué, c’est vrai que j’ai ressenti un certain soulagement car je voulais vraiment que la Papouasie-Nouvelle-Guinée mette un but. Je voulais vraiment que tous les efforts consentis par les joueuses soient récompensés par cette petite victoire. C’est remarquable de mettre un but à une équipe comme la Corée du Nord. Ensuite, c’était tout simplement un moment de joie intense pour le staff et les joueuses", sourit la technicienne.

"Certaines joueuses ressentaient une certaine tristesse dans les jours qui ont mené à la rencontre car on approchait de notre dernier match dans cette Coupe du Monde et du dernier match avec moi. Mais finalement, il y a eu un enthousiasme communicatif, il n’y avait aucune pression", conclut Cole.