dimanche 23 février 2020, 08:00

23 février 1999 : Arsenal et le Fair-play vainqueurs

La plus vieille compétition de football du monde, qui a vu le jour en 1871, a logiquement connu au cours de sa longue histoire son lot de grands et glorieux moments. Parmi eux, si elle pouvait parler, la FA Cup retiendrait sûrement le huitième de finale de son édition de 1999 parmi ses souvenirs les plus émouvants. Arsenal en était sorti vainqueur, mais c’est le football lui-même qui célébrait une belle victoire.

Le 23 février 1999, les Gunners retrouvaient Sheffield United pour la deuxième fois en dix jours, ce qui arrive souvent en Coupe d’Angleterre dont le règlement prévoit un replay en cas de résultat nul. Sauf qu’à l’issue du premier rendez-vous, le tableau d’affichage indiquait 2-1 pour les Londoniens… A l’origine de ces retrouvailles, pas vraiment de "magie de la Coupe", bien au contraire.

Le score est de 1-1 le 13 février à Highbury, lorsqu’Alan Kelly, le gardien de United alors pensionnaire de seconde division, sort la balle en touche pour permettre aux soigneurs de venir en aide à son partenaire Lee Morris, resté au sol sur l’action précédente à l’autre bout du terrain. Ray Parlour effectue la touche pour les Gunners, avec l’intention de rendre la balle à l’adversaire comme de coutume dans une telle situation. Mais Nwankwo Kanu est sur la trajectoire et, sans trop comprendre ce qui se passe, centre pour Marc Overmars, qui a lui aussi visiblement manqué un épisode et pousse la balle dans le but vide. Drôles de début pour le Nigérian, fraîchement débarqué de l’Inter Milan et qui effectuait ses débuts en Angleterre à cette occasion.

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Un goût amer

Bien malgré lui dans cette délicate situation, l'arbitre Peter Jones valide le but, les Gunners n’ayant enfreint aucune loi du jeu. Il reste dix minutes à joueur et Steve Bruce, entraîneur des Blades, est furieux sur son banc et envisage un instant de demander à ses joueurs de quitter la pelouse. Finalement, le jeu reprend et le match se termine dans la tension et avec, des deux côtés, un goût amer. Trop amer pour la bouche d’Arsène Wenger, l’entraîneur d’Arsenal, qui propose au coup de sifflet final de rejouer la rencontre dans son intégralité. "C'est la seule chose que je peux faire, je tente de réparer un accident", justifie alors le manager français, assurant dans la foulée que "Kanu, ainsi que toute l'équipe, est très triste de ce dénouement."

Tenant du trophée, engagé dans la course au titre de champion et sur la scène européenne, Wenger sait qu’un calendrier surchargé attend sa formation, mais guidé par le fair-play, rajoute volontairement à ses troupes une rencontre supplémentaire, répondant par la même occasion aux critiques de l’époque qui insistent sur les cartons, les suspensions et le jeu dur qui ont longtemps collé à la réputation des Londoniens. "Ce n’est pas Arsenal. Nous voulons gagner tous nos matches, mais personne n’a triché délibérément", assurait le technicien alsacien après coup.

La Fédération anglaise et la FIFA acceptent la proposition et la réédition de la rencontre est disputée le 23 février suivant, à la grande satisfaction de Bruce, même si l’entraîneur des Blades n’imaginait aucune autre issue que rejouer le match. "Je pense que ce qui a été négligé, ce qui est très triste, c’est qu’on était à 12 ou 13 minutes d’un replay de toute façon", rappelait l’ancien défenseur de Manchester United entre les deux matches. "Les joueurs ont tout donné et ils méritent ce deuxième match." Car même si le Français Patrick Vieira avait donné l’avantage aux locaux en première période, le Brésilien Marcelo avait égalisé et Sheffield avait même touché le poteau avant le malheureux incident.

Pour la petite histoire, le deuxième match se terminera également sur le score de 2-1, sans aucune controverse cette fois. Arsène Wenger a continué pendant des années Arsenal à remplir son CV, dont une ligne mentionne le Prix du Fair-Play de l’UEFA, reçu cette année-là pour ce geste de gentleman.