mardi 03 novembre 2020, 16:55

Boudaoud, crampons aux pieds sur les bancs de l'Assemblée

  • Sarah Boudaoud joue en Division 1 française avec le GPSO 92 Issy

  • Elle est également attachée parlementaire

  • Depuis janvier 2020, elles est internationale algérienne

"Une carrière de footballeuse ça va jusqu'à 30-35 ans et après c'est fini. Je me dis que j'ai encore sept ou huit ans dans le football". Si beaucoup de joueurs attendent la fin de leur carrière pour choisir une reconversion, Sarah Boudaoud, 24 ans, a décidé d'anticiper. Alors qu'elle joue en première division en France, elle mène en parallèle des études à Sciences Po et est attachée parlementaire à mi-temps.

Née à Lyon en 1996, Sarah a vite compris qu'elle était faite pour le football. À l'âge de dix ans, elle intègre l'Olympique Lyonnais, club au meilleur palmarès européen, avant de devoir le quitter pour poursuivre ses études en région parisienne où elle rejoint le GPSO 92 Issy, club dans lequel elle évolue depuis six saisons.

"Mes études ? Je manquais de compétences en finance et en stratégie d'entreprise pour pouvoir à terme monter mon cabinet de conseil. Pour être légitime, il fallait que j'aie ce master". En plus des heures consacrées à obtenir un diplôme, Boudaoud passe beaucoup de temps entre l'Assemblée Nationale et les réunions de travail avec son député pour lequel elle est assistante parlementaire. "J'ai intégré l'équipe de mon député en décembre 2018 et j'ai très bien été accueillie alors que je n'avais pas forcément l'expérience du terrain. Mais je me suis vite adaptée. Il y a un travail législatif important, de compréhension des textes votés, de synthétisation de ces articles, d’amendements".

Les journées de Sarah Boudaoud sont donc chargées. Chaque jour, elle change de casquette selon l'heure ou le besoin. "C'est vraiment articulé : le football le soir, les cours la journée par plage horaire de deux heures réparties sur la semaine. Le reste de mon temps, je le consacre à mon travail d'attachée parlementaire et à la révision de mes cours", détaille-t-elle. Est-ce qu'elle se repose ? "Je dors... très tard... Ce qui est bien avec la D1 c'est qu'on a match le samedi. J'ai la journée de dimanche de libre pour récupérer."

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Un entourage compréhensif

Ce que Sarah apprécie et qui lui permet de vivre sa quadruple vie de manière viable et stable, ce sont les personnes qui l'entourent. "J'ai la chance d'avoir un député très tolérant avec mes activités. Il connaît mes contraintes. Il le prend très bien". Par contre, il lui arrive parfois de manquer des entraînements, mais là aussi son entraîneur se montre compréhensif. "Il sait que je fais au mieux et que j'essaye d'être la plus présente possible. Quand je ne peux vraiment pas me libérer, il l'entend. Et puis je suis quelqu'un de sérieuse. Si j'ai un dîner dans le cadre parlementaire, je vais faire mon footing ou ma séance de renforcement musculaire à mon retour pour compenser le manque de la séance du soir."

CAN et Coupe du Monde en ligne de mire

Bref, Boudaoud fait beaucoup de choses, mais elle les fait bien. Malgré la crise du Covid-19, l'année 2020 a été réussie au niveau du football. Son club d'Issy est parvenu à remonter en Division 1. "On a ressenti beaucoup de joie même si on n'a pas pu fêter la montée comme il se doit à cause du confinement". 2020 c'est aussi l'année où Sarah Bouadoud a reçu sa première convocation avec l'Algérie. Bien qu'ayant évolué en équipe de France U-17, elle a fait le choix de rejoindre la sélection de son pays d'origine. Et comme dans tous les domaines, elle a beaucoup d'ambition.

"Jouer une Coupe du Monde, ce serait magnifique. L'Algérie a le potentiel pour rivaliser avec les plus grandes équipes africaines. On a de la qualité technique. C'est davantage physiquement qu'on a une marge de progression. Les équipes comme le Nigeria ou le Cameroun mettent de l'impact physique et c'est là qu'il faudra répondre présentes. Mais en termes de qualité de jeu, nous ne sommes pas loin. Et remporter la prochaine Coupe d'Afrique des Nations est un objectif réaliste ".

Un avenir qui balance

Mais elle a beau côtoyer le haut niveau, Sarah sait qu'il n'y a pas que les victoires dans le football qui importent. "Quand avec mon député on a une réunion importante et qu'on voit que ça aboutit sur une écriture législative et que ça peut faire avancer tout un domaine dans le secteur de la santé (son député est dans la commission affaires sociales et dans le groupe d'étude santé et numérique), c'est vraiment valorisant. J'ai apporté ma pierre à l'édifice et c'est tout aussi génial qu'une victoire en foot. Je me sens utile et d'autant plus complète".

À 24 ans, Sarah Boudaoud a encore de belles années à vivre dans le football. "J'ai toujours dit que j'aimerais vivre du football. Mais pas dix ou 15 ans, peut-être pendant une ou deux années : m'y consacrer pleinement parce que ça fait maintenant plus de 15 ans que je fais du foot et je me dis ça serait un pur plaisir de passer mes journées à simplement me lever et m'entraîner", confie-t-elle avant de conclure : "Mais c'est vrai aussi que j'ai besoin d'avoir d'autres activités pour me sentir vraiment épanouie."

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