jeudi 27 avril 2017, 08:42

Forbes fait la une

  • Depuis 2006, elle garde les buts de la sélection de Trinité-et-Tobago

  • Elle a gagné la Copa Libertadores 2016 avec le Sportivo Limpeño (Paraguay)

  • Elle impressionne dans la nouvelle Liga Profesional colombienne

Kimika Forbes évoluait avec brio au troisième échelon du championnat des États-Unis quand, en octobre 2016, elle a reçu une proposition du Sportivo Limpeño, au Paraguay, de le rejoindre afin de disputer la Copa Libertadores en décembre.

La gardienne, titulaire en équipe de Trinité-et-Tobago depuis 2006, n'y a pas regardé à deux fois. À 26 ans et avec la possibilité de signer son premier contrat professionnel à plein temps, elle est passée outre le fait de ne pas parler espagnol et a décidé de tenter sa chance en Amérique du Sud.

Son arrivée a créé des attentes élevées. "Ils avaient vu une vidéo de mon meilleur match, contre les États-Unis dans le Championnat de la CONCACAF 2014. Nous avions perdu 1:0, mais j'avais été très bonne dans les buts. Peut-être qu'ils n'étaient pas sûrs que c'était bien moi la gardienne !", raconte Forbes à FIFA.com en rigolant.

Comment s'en est-elle sortie au niveau de la langue ? "Le premier mot que j'ai appris, c'est 'arquera' qui veut dire gardienne", explique-t-elle sans se départir de son sourire. "Ensuite 'derecha' , 'izquierda' , 'salimos' et 'afuera' . Le vocabulaire minimum pour me faire comprendre de mes défenseuses !"

La gardienne d'1m83 a répondu aux attentes, devenant à la fois l'une des joueuses essentielles de l'équipe vainqueure de la Libertadores et la première Caribéenne à remporter cette épreuve. "Ce fut une expérience inoubliable. Ce triomphe a eu des répercussions fantastiques. Je n'avais jamais vécu quelque chose de semblable."

Une autre occasion s'est ensuite présentée : une année de contrat avec le Santa Fe de Bogotá pour disputer la première édition de la Liga Profesional Femenina colombienne. Là encore, elle n'a pas tergiversé et avec son nouveau club, elle s'est imposée comme l'une des toutes meilleures à son poste.

"Je me suis adaptée très rapidement à l'équipe et au pays. Le niveau est plus élevé et plus compétitif que ce à quoi je m'attendais. Sur le plan footballistique, ça se passe très bien pour moi. Je suis heureuse aussi qu'il y ait dans l'effectif des joueuses du Venezuela et du Costa Rica, en plus des Colombiennes. C'est enrichissant sur le plan culturel."

Au Paraguay et en Colombie, elle dit avoir "épuré" sa technique, tandis qu'aux États-Unis c'est "le physique qui comptait avant tout". Aujourd'hui, elle se sent "plus complète comme gardienne et prête à encore progresser".

Ses débuts Kimika a fait ses premiers pas dans le football à l'âge de 8 ans dans la petite localité de Plymouth, à Tobago. "Mes cousins consacraient tout leur temps au football. Ça a éveillé ma curiosité, j'ai essayé, et j'ai adoré. Aujourd'hui, je respire, je mange et je bois football. À la télévision, je ne regarde rien d'autre."

Les seules filles à jouer au ballon étaient donc Kimika et sa sœur cadette de deux ans, Karen, elle aussi internationale trinidadienne. "On rigolait de nous, mais de notre côté, nous nous amusions. C'est plus tard que nous avons commencé à prendre le football plus au sérieux."

Ce "plus tard" est partagé entre son premier club, où Kimika a d'abord joué avec les garçons avant de contribuer à la création d'une équipe féminine, et le collège, où elle a découvert son poste actuel. "Il n'y avait pas de gardienne. J'ai proposé d'essayer et nous avons été finalistes d'un tournoi. Ensuite, j'ai dit à l'entraîneur que je voulais continuer dans les buts, et voilà", poursuit cette admiratrice de Hope Solo, Almuth Schult, Iker Casillas et Manuel Neuer, "le plus complet" selon elle.

Le grand saut À 15 ans, elle est appelée en sélection et elle débute avec les seniors trinidadiennes un an plus tard contre le Mexique, pour le compte des qualifications à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2007. Grâce à deux bourses, elle entreprend des études aux États-Unis pour devenir professeure d'éducation physique, avec comme spécialité la direction technique. Cela lui permet d'évoluer parallèlement dans le football universitaire et semi-professionnel.

Elle "tombe définitivement amoureuse du foot" en 2010, quand la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA se déroule à Trinité-et-Tobago. "Je m'étais dit que je voulais absolument jouer une Coupe du Monde un jour." Elle a failli disputer la Coupe du Monde seniors à Canada 2015, mais l'Équateur a barré la route de Trinité-et-Tobago en barrage international. "Maintenant ça va être plus difficile : les États-Unis sont très forts, le Canada a refait surface, le Mexique est toujours compliqué à jouer et le Costa Rica a progressé."

L'avenir Malgré cela, elle a confiance dans le nouveau cycle entamé sous la houlette de l'Italienne Carolina Morace, qui pourrait avoir une incidence sur l'avenir de Kimika Forbes : "J'ai parlé avec elle d'une éventuelle expérience en Italie, mais rien de concret. Je suis heureuse en Colombie et j'aimerais bien y passer au moins une saison de plus".

Dans le même temps, elle prépare le lancement de sa propre école de formation de gardiennes et quand elle le peut, elle organise des journées de promotion du football féminin à Tobago, "car le football y est moins développé qu'à Trinité". "Mon idée est de rendre ce que la communauté m'a apporté dès maintenant, pas quand mon corps dira 'stop'. Le football peut être un débouché pour beaucoup d'autres filles, comme il l'a été pour moi. Je veux faire de mon mieux pour que cela arrive."