mardi 05 novembre 2019, 08:56

La Jordanie fait fructifier l'héritage mondialiste

  • Sept clubs pour la première saison de Pro-League féminine de Jordanie

  • 14 équipes dans l'édition inaugurale de la Coupe Féminine de Jordanie

  • 89 matches au total disputés sur plusieurs mois

L'héritage de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Jordanie 2016, la première organisée au Moyen-Orient, perdure près de trois ans plus tard, comme en témoigne le récent lancement de la Pro-League féminine par la Fédération jordanienne (JFA).

"J'attendais ce moment depuis longtemps", se réjouit Stephanie Al Naber, figure emblématique et capitaine de l'équipe nationale féminine. "Je rêve d'une saison entière de football féminin en Jordanie depuis mes débuts en 2005."

Au cours des 15 dernières années, Al Naber, qui est aussi membre du conseil exécutif de la JFA, a disputé tous les tournois régionaux et deux Coupes d'Asie Féminines de l'AFC. Elle est également la première Jordanienne à avoir évolué en Europe. "Depuis que nous avons accueilli la Coupe du Monde Féminine U-17, nous avons tout mis en œuvre pour faire fructifier l'héritage de cette compétition", commente-t-elle. "Nous y sommes parvenus. De plus en plus de filles veulent jouer au football et la communauté locale encourage la pratique féminine. Il n'est plus rare de voir des filles sur les terrains aujourd'hui."

La section féminine de la JFA a également lancé le premier championnat professionnel féminin. Sept clubs ont pris part à la Pro-League en deux phases, comportant 42 matches. Co-leaders aux points, Shabab Al-Ordon et Amman SC se sont départagés lors d'un barrage remporté 1-0 par Shabab.

De grandes ambitions

Shabab est entraîné par l'ancienne internationale Manar Fraij, l'une des rares techniciennes à s'être fait une place dans le métier depuis 2010. "Nous avons buté sur de nombreux obstacles ces dernières années, mais l'accueil de la Coupe du Monde U-17 en 2016 et de la Coupe d'Asie Féminine de l'AFC en 2018 a marqué la renaissance de notre discipline", explique celle qui est titulaire de la licence d'entraîneur professionnel depuis 2016. "Beaucoup de filles ont voulu rejoindre un club, et cette première saison a jeté des bases solides pour l'avenir du football féminin. Nous devons croire dans notre capacité à disputer des compétitions internationales."

Fraij a commencé à entraîner Shabab Al-Ordon après la première moitié de la saison. Elle a travaillé les aspects techniques, physiques et même psychologiques. "J'ai dit aux joueuses que je ferai part à la presse de notre certitude de décrocher le titre. Je voulais les mobiliser", précise-t-elle. "Cela a marché et nous avons gagné le championnat."

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De nouvelles compétitions

La Pro-League a été précédée par un tournoi préliminaire dans lequel sept clubs ont joué 21 rencontres. Une Coupe Féminine de Jordanie a aussi été mise sur pied, à laquelle les 14 clubs féminins du pays ont participé. Après 25 matches, la compétition s'est, elle aussi, terminée par la victoire de Shabab Al-Ordon sur Amman SC 1-0. "L'équipe a progressé et a adopté un style offensif. L'énorme travail que nous avons accompli ces derniers mois ne peut qu'être couronné de succès", commente l'ambitieuse Fraij.

Quelques jours après la fin de la saison, son équipe a été invitée à participer au premier Championnat de Clubs Féminins de la Fédération ouest-asiatique de football (WAFF), en compagnie d'équipes du Liban, des Emirats Arabes Unis, de Bahreïn et de Palestine. Là encore, les Jordaniennes ont gagné tous les matches et remporté le championnat. "Je suis heureuse de ce que nous avons accompli. Nous sommes fières d'avoir remporté la Pro-League, la Coupe et le titre de la WAFF. Ces victoires nous incitent à nous surpasser", assure la capitaine de Shabab et internationale jordanienne Shorooq Al-Shadhli. "L'arrivée de professionnels étrangers a haussé le niveau de la compétition et nous a aidées à acquérir de l'expérience. L'organisation d'un tournoi de six mois, comprenant deux fois plus de matches, nous a également permis d'améliorer nos compétences."

"Je me tiens informée des avancées réalisées dans le football féminin. J'ai regardé la plupart des rencontres de la Coupe du Monde tenue en France et j'ai beaucoup aimé de nombreuses tactiques utilisées par les sélectionneurs. J'ai aussi entendu le président de la FIFA, Gianni Infantino, parler de son projet d'organiser de nouveaux tournois féminins, dont une Coupe du Monde des Clubs. Nous serions honorées de représenter l'Asie occidentale. Cela nous pousserait à aller toujours plus loin", conclut Fraij.