jeudi 22 avril 2021, 09:08

Le Liechtenstein retrouve le sourire

  • Premier match international féminin du Liechtenstein

  • Défaite 2-1 contre le Luxembourg

  • "Une longue attente a pris fin"

Quelques minutes après la défaite, la déception régnait encore dans le vestiaire. Mais, très vite, les joueuses ont pris conscience d’avoir participé à un événement historique. Il y a un peu moins de deux semaines, le 11 avril 2021 pour être précis, l’équipe du Liechtenstein féminine a disputé son tout premier match. Cette sortie mémorable s’est soldée par une courte défaite (2-1) contre le Luxembourg.

"C’est une étape importante, qui fera certainement date dans les annales de la Fédération du Liechtenstein. Nous avons assisté à une rencontre passionnante, ainsi qu’à la fin d'une longue attente. Sur le plan sportif et émotionnel, nous avons livré une performance intéressante. C’était une bonne expérience", déclare le sélectionneur Philipp Riedener, interrogé par FIFA.com.

"Notre objectif était de réussir un match plein, au contenu digne d’une affiche de ce niveau. De ce point de vue, nous pouvons être satisfaits. Le travail fourni au cours des derniers mois a payé. Bien entendu, nous sommes avant tout des compétiteurs et nous aurions préféré gagner. Sur ce que j’ai vu, les Luxembourgeoises étaient assez proches de nous. De toute façon, je ne m’attendais pas à voir mon équipe remporter ce premier match. J’avais demandé à mes joueuses de tout donner sur le terrain et c’est ce qu’elles ont fait. Si ça ne suffit pas pour gagner, ce n’est pas grave. L’ouverture du score est un signal positif, d’autant qu’en première période, nous étions les plus forts", assure le technicien.

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À la 35ème minute, la capitaine Viktoria Gerner s’est offert le luxe d'inscrire le premier but de l’histoire de la sélection féminine du Liechtenstein, sur une frappe à bout portant. "J’ai juste eu à avancer mon pied", glisse l’attaquante sur le ton de la plaisanterie, elle qui fête aujourd'hui (22 avril) son 32ème anniversaire. "C’est un sentiment extraordinaire. Nous attendions ça depuis si longtemps. Nous étions folles de joie au moment de pénétrer ensemble sur la pelouse. Je pense que la fierté et le bonheur l’emportent sur toute autre considération. Bien sûr, c’est dommage que nous ayons perdu. Tout le monde est là pour gagner. Mon but nous a lancées sur la bonne voie, mais nous n’avons malheureusement pas pu aller au bout."

"Notre prochain objectif sera de remporter un match, mais le plus important, c’est de pouvoir se produire au plus vite devant des spectateurs. Personne ne sait si ça pourra se faire dès cet été. Sur le plan collectif, nous sommes encore en phase de développement. Ce premier match international va nous permettre de resserrer encore nos liens. Cette expérience va nous servir pour la suite. Contre Gibraltar, nous allons tout faire pour gagner... de préférence devant nos supporters", espère Riedener.

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Une longue attente a pris fin

Les 18 joueuses appelées pour ce premier match historique sont parties en stage dès le lundi de Pâques, afin de préparer au mieux le choc contre le Luxembourg. Dès le début de cette "semaine de football", les joueuses ont suivi une présentation Powerpoint. L’une des diapositives indiquait avec fierté : "une longue attente a pris fin". Cette rencontre marque l’aboutissement de dix-huit mois de travail. Début 2020, les dirigeants ont en effet annoncé qu'ils comptaient se doter d’une équipe nationale féminine. Un peu plus de six ans après la première apparition de la sélection U-16, le travail de fond réalisé par les clubs et la fédération commence à porter ses fruits.

"Ces derniers mois ont été très intenses, pour nous. Les contacts physiques étaient interdits, notamment lors des entraînements des clubs. Il a fallu travailler en petits groupes", explique Riedener à propos des contraintes liées à la pandémie. "D’un commun accord, nous avons ensuite décidé de réunir nos internationales. À partir du mois de janvier, nous avons pu nous entraîner dans des conditions normales. Ça nous a permis de passer à l’étape suivante."

Le Liechtenstein va franchir un nouveau cap en juin, à l’occasion du prochain match international, contre Gibraltar. "Cette année, nous voulons affronter Gibraltar, le Luxembourg et Andorre. Si tout se passe bien, nous pourrons commencer à regarder plus haut et à chercher des adversaires un peu plus forts."

"Notre objectif principal est de participer aux qualifications pour le prochain Euro, qui débuteront probablement à l’automne 2023. D’ici là, nous espérons avoir atteint un niveau qui nous permettra de nous confronter à d’autres équipes en mode compétitif. Nous aimerions également que l’UEFA mette en place une Ligue des Nations, à l’image de ce qui existe déjà pour les hommes. Ça nous permettrait d’affronter des équipes d'un niveau similaire au nôtre, dans un contexte compétitif."

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"Les filles balle au pied"

Le chemin à parcourir est encore long, mais chacun ici en est conscient. Dans un premier temps, le but est d’attirer de nouvelles joueuses et de faire connaître l’équipe nationale. "Nous sommes bien armés pour affronter l’avenir, mais nous manquons de profondeur. Il nous faut davantage de joueuses. Les matches comme celui que nous avons livré contre le Luxembourg sont importants pour la promotion du football féminin. Il faut que les filles se passionnent pour le football. Les hommes ont montré l’exemple. Maintenant, ils sont en mesure de gagner des matches ou de prendre des points. À nous de marcher sur leurs traces."

L’initiative "Les filles balle au pied" s’inscrit dans cette démarche. Tout au long de l’année, la fédération propose des activités pour permettre aux filles de s’initier au football, mais aussi pour encourager les échanges. Les sept clubs engagés dans ce programme ont uni leurs efforts afin de proposer aux participantes des ateliers adaptés à leur âge. Pour Gerner, cette évolution arrive un peu tard : kinésithérapeute de formation, elle travaille à plein temps dans une clinique, même si elle trouve encore le temps de s’entraîner trois à quatre fois par semaine.

"À mon époque, on jouait au football uniquement pour le plaisir. Les ambitions sont différentes, aujourd’hui. Depuis mes débuts, les choses ont beaucoup évolué. La jeune génération à d’autres objectifs. Au sein du groupe, je suis là pour donner des conseils et mettre les choses en perspective. Les footballeuses modernes bénéficient de formations plus complètes et elles n’hésitent pas à tenter leur chance ailleurs plus tôt. Je crois qu’elles ont aussi beaucoup à m’apprendre. Ensemble, nous venons de franchir une étape importante... et nous sommes prêtes à aller beaucoup plus loin !"