jeudi 07 mai 2020, 06:00

Quand la Suisse conjugua le foot au féminin

  • Le championnat de Suisse féminin (SDFL) a été fondé le 24 avril 1970

  • L’équipe nationale féminine a disputé son premier match officiel en 1972

  • Retour sur 50 ans d'histoire suisse

L’équipe de Suisse féminine a disputé son tout premier match officiel le 7 mai 1972. Cette rencontre historique contre la France s’est soldée sur un résultat nul (2-2), à Bâle. Depuis, les Suissesses ont joué 329 matches, elles ont atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ dès leur première participation, en 2015 et elles occupent actuellement la deuxième place du Groupe H des qualifications pour l’édition 2021, à égalité de points avec la Belgique.

Mais comment cette belle histoire a-t-elle débuté ? En Suisse, les premiers clubs de football féminin ont vu le jour vers la fin des années 60. Créé le 21 février 1968, le Damenfussball-Club Zürich (aujourd’hui FC Zurich) en est le doyen, et le le plus titré. Deux ans plus tard, le 24 avril 1970, les dirigeants de clubs romands et alémaniques se sont associés pour fonder le championnat de Suisse féminin (SDFL).

L’un des instigateurs de cette nouvelle compétition est un certain Ueli Bayer. "Je ne comprenais pas pourquoi les filles ne pouvaient pas jouer au football. Quand j’ai vu la situation dans laquelle se trouvaient les bénévoles, j’ai décidé de leur apporter mon aide. J’ai eu la chance d’avoir un employeur qui m’a soutenu dans ce projet. Je n’ai jamais eu de problème, même lorsque je m’absentais pendant plusieurs heures ou que je partais pour assister à un match international. Je lui en suis très reconnaissant", explique Bayer, aujourd’hui âgé de 73 ans, sur le site Internet de la Fédération suisse de football (SVF).

"Dans l’ensemble, les équipes étaient dirigées par les parents ou des amis des joueuse" poursuit-il. "Ces personnes ont eu à gérer des questions financières épineuses. Au niveau du championnat, c’était exactement la même chose. Nous n’avions pas de sponsors et nous étions souvent obligés de payer de notre poche. Heureusement, les choses ont progressé au fil du temps."

Les chiffres-clés

  • Le championnat de Suisse féminin (SDFL) a été fondé le 24 avril 1970

  • La première saison officielle a été disputée en 1970/71

  • La SDFL a ajouté une Coupe de Suisse à son programme en 1975/76

  • La première division a été officiellement baptisée Nationalliga en 1987/88

  • La Nationalliga B (deuxième division) a été fondée trois ans plus tard (1990/91)

  • En 1992/93, la SDFL a été dissoute pour être intégrée à la SFV

  • ·Le FC Zurich est le club le plus titré avec 21 championnats et 13 Coupes de Suisse

Madeleine Boll est considérée comme une pionnière du football féminin. Elle est, en effet, la première Suissesse à posséder une licence de footballeuse. Comment ? Sur une photo, des responsables de la SFV la prennent pour un garçon ! "Je n’ai pas choisi de jouer au football. J’ai toujours joué au football. J’y joue depuis que je suis toute petite. J’étais heureuse, dès que j’avais un ballon dans les pieds", explique Boll dans le documentaire "Sourires, injures, célébrations – 50 ans de football féminin en Suisse".

Lorsque les médias commencent à s'intéresser à son cas en 1965, la fédération lui retire sa licence. A l’époque, les statuts ne donnent pas aux femmes la possibilité de jouer au football. "C’était une catastrophe. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je jouais tout le temps avec des garçons et, du jour au lendemain, je ne pouvais plus disputer de matches." Madeleine Boll, 66 ans aujourd’hui, n’a cependant jamais renoncé à sa passion pour le ballon rond. Son rêve a fini par se réaliser lorsqu’un club de football féminin de Milan s’est mis en quête de renforts, en 1969. À 16 ans, elle s’installe en Italie, où elle ne tarde pas à être surnommée la Montagna Bionda ("la Montagne Blonde"). Elle passe les cinq années suivantes à Milan.

"J’ai arrêté tôt, à 25 ans. Avec le recul, je pense que la route a été longue et difficile", confie Boll. Et de conclure : "Il faut encourager les femmes à s'impliquer dans le football, que ce soit en tant qu’entraîneurs, arbitres ou dirigeantes en club. Il reste beaucoup à faire, mais nous sommes sur la bonne voie".