jeudi 25 avril 2019, 05:53

Staab, beaucoup de voyages et autant de partage

  • Pionnière du football, Monika Staab partage ses connaissances dans le cadre de projets de coopération

  • Elle participe actuellement au "Projet allemand pour le football gambien"

  • Le projet a été initié par le Ministère fédéral des Affaires étrangères et la Fédération allemande du sport (DOSB)

Un globe-trotter est une personne qui voyage partout à travers le monde. L’accent est davantage mis sur le périple lui-même que sur la destination... Technicienne expérimentée, Monika Staab a déjà visité près de 80 pays mais, contrairement à un globe-trotter, elle a un objectif bien précis en tête : participer au développement du football féminin aux quatre coins du globe.

"J’ai soulevé des trophées, mais ce travail est très important à mes yeux. Je tiens absolument à participer au développement des joueuses, y compris sur le plan personnel. C’est un sujet essentiel pour moi. J’ai découvert au fil du temps que ce métier était fait pour moi, bien plus que de jouer les premiers rôles en Coupe du Monde", explique Staab au micro de FIFA.com.

Entre la fin des années 70 et le début des 80, le futur entraîneur du 1. FFC Francfort a porté les couleurs de clubs renommés comme les Queens Park Rangers, le Paris Saint-Germain ou encore Southampton. Mais, début 2007, Monika Staab a été reprise par la bougeotte. "Francfort avait grandi entretemps. Mon bébé était devenu grand et il pouvait se débrouiller tout seul. Je me suis dit qu’il était temps pour moi de passer à autre chose. C’est à cette époque que j’ai reçu un appel de la FIFA. On m’a demandé si je voulais faire quelque chose pour développer le football féminin à Bahreïn. J’ai pensé : 'Mais où ça se trouve ?!'"

Le 1er janvier 2007, Staab faisait ses valises pour passer six mois dans ce petit royaume insulaire du golfe Persique à l’est de l’Arabie Saoudite et à l’ouest du Qatar, dans le cadre d’un projet d’aide au développement. "Avec la FIFA, l’UEFA, la DOSB, la DFB et le Ministère des Affaires étrangères, je me suis rendue dans plus de 80 pays. À chaque fois, j’ai pu faire une vraie différence."

Son foyer actuel se trouve en Gambie. Depuis l’automne 2018, Staab dirige le "Projet allemand pour le football gambien", qui vise à améliorer les structures du football féminin. "Il se passe beaucoup de choses dans le football féminin, mais l’Afrique est un peu en retard. Pourtant, il y a tellement de potentiel ici. Quand je vois les jeunes filles jouer au football, je suis émue", poursuit-elle. "La seule chose qui manque, ce sont les moyens pour les soutenir. C’est le Ministère des Affaires étrangères qui finance ce projet en Gambie. Une telle initiative ne va pas de soi, mais la Fédération allemande du sport (DOSB) m’a permis de participer à ce projet. Si j’ai décidé de m’impliquer dans cette aventure, c’est en grande partie à cause du président de la Fédération gambienne de football, Lamin Kaba Bajo. Il a décidé de s’engager sans réserve en faveur du football féminin."

Au cours des six derniers mois, Staab a commencé à faire bouger les choses. Elle est notamment à l’origine de la signature d'un protocole d’accord entre la Fédération gambienne de football et le Ministère de l’Éducation, qui pose les bases du développement du football féminin dans les écoles. Parallèlement, le football Grassroots pour les jeunes filles doit s’intégrer aux programmes d’apprentissage, afin de poser des bases solides.

"Elles n’ont qu’une ou deux heures de sport, mais nous voulons les utiliser au mieux. Nous ne pouvons former que 25 jeunes filles par unité et nous devons fournir l’équipement, entre autres. Nous avons les connaissances pratiques ; les écoles ont les jeunes filles. La signature de ce protocole d’accord est un événement historique. Ça montre qu'une collaboration est en train de naître. La ministre de l’Éducation Claudiana A. Cole y était très favorable et elle a réalisé de l’excellent travail", souligne Staab au sujet de ce document fondateur.

"Depuis, j’ai organisé cinq stages de formation pour les enseignants et les enseignantes car l’éducation est primordiale," ajoute-elle. "Ce sont tous des passionnés de football, mais ils ne connaissent pas les techniques d’entraînement. La tactique et le travail foncier leur sont étrangers. J’ai fait venir des entraîneurs de première et de deuxième division. Ensemble, nous avons analysé des vidéos. C’est une aide précieuse."

Parallèlement, Staab organise deux fois par mois des festivals pour les jeunes filles âgées de six à douze ans et des programmes Grassroots dans plusieurs régions du pays. Grâce à son aide, les jeunes filles reprennent le chemin de l’école. "Beaucoup de jeunes filles de neuf à treize ans ne sont pas scolarisées. Pour moi, c’est inacceptable. C’est notre objectif principal et c’est la raison pour laquelle je suis venue ici : nous voulons donner du pouvoir aux femmes, nous voulons qu’elles aient confiance en elles et leur enseigner la rigueur" souligne Staab.

Et de conclure : "Le football peut aider ce pays à se développer. Le football nous réunit, il nous donne de la force et de l’espoir. Je peux faire des étincelles mais, au bout du compte, c’est à elles d’allumer le feu."

Monika Staab en bref

  • A remporté quatre titres de champion d’Allemagne, cinq Coupes d’Allemagne et une Coupe UEFA féminine (aujourd'hui Ligue des champions de l’UEFA féminine) avec le 1. FFC Francfort

  • A dirigé les équipes nationales féminines de Bahreïn et du Qatar

  • A participé activement au développement du football féminin dans plus de 80 pays à travers le monde

  • Directrice du "Projet allemand pour le football gambien"