vendredi 08 février 2019, 11:37

Agbegnenou, entre ippons et ballon rond

  • Clarisse Agbegnenou est triple championne du monde de judo

  • Au micro de FIFA.com, elle partage sa recette du succès et son intérêt pour le ballon rond

  • Elle attend avec impatience le coup d'envoi de France 2019

C’est un rêve qui se concrétise pour certaines, l’aboutissement d’une carrière pour d’autres. Le titre de championne du monde est ce après quoi court toute sportive. Au coup d‘envoi de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019 en juin prochain, elles seront 552 footballeuses à se disputer le trophée suprême. Seules vingt-trois décrocheront le Graal à l’issue du tournoi.

La judokate française Clarisse Agbegnenou, elle, ne partage ce trophée avec personne. De fait, elle est l’unique détentrice de ce titre dans sa catégorie des moins de 63 kilos. Et cela fait trois championnats du monde que cela dure ! Autant dire, que du haut de ses 26 ans, elle est d’ores et déjà une légende de son sport.

"N’oublions pas que j’ai plus d’étoiles que l’équipe de France de football", résume avec malice Clarisse Agbegnenou. C’est vrai, et cela en dit long sur l’étendue de l’exploit de la "Teddy Riner au féminin".

Vierges de toute victoire en Coupe du Monde, les Bleues de Corinne Diacre espèrent d’ailleurs s’inspirer d’Agbegnenou alors que le coup d’envoi de l’épreuve mondiale approche. Au micro de FIFA.com, la judokate partage sa recette du succès et son intérêt pour le ballon rond.

Clarisse, que représente un titre de championne du monde dans une carrière sportive ? C’est le Graal, c’est le sommet d’une carrière dans beaucoup de disciplines sportives. Au football notamment. Pour nous, judokas, c’est un titre extrêmement gratifiant qui récompense grandement le travail effectué. Mais une médaille d’Or aux Jeux Olympiques reste, selon moi, la récompense suprême.

Vous qui avez presque tout gagné dans votre carrière, la quête de ce sacre est-elle donc uniquement ce qui vous motive encore aujourd’hui ? L’objectif est de toujours faire mieux ! Mon parcours ne sera parfait qu’avec une médaille d’Or aux Jeux Olympiques. C’est effectivement ce pour quoi je m’entraîne aujourd’hui.

Comme vous, l’équipe de France masculine de football est championne du monde. N’avez-vous pas le sentiment que vos propres exploits sont un peu sous-estimés par rapport à ceux des Bleus ? Ils le sont mais je ne trouve pas cela illogique : le football est un sport à part. C’est un monde. La reconnaissance est proportionnelle au nombre de gens qui le pratiquent. Je n’ai aucune amertume. Je suis heureuse. J’ai la reconnaissance de ma famille, de mes amis, du monde du judo… Mais c’est vrai, et ne l’oublions pas : j’ai plus d’étoiles que l’équipe de France de football !

Qu’en est-il de l’égalité homme-femme dans le sport en France ? La mixité est un dossier qui me tient à cœur. Sollicitée par la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, et la Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, j’ai d’ailleurs été nommée marraine de la 6ème édition de l’opération "Sport Féminin Toujours". L’objectif est de développer la médiatisation du sport féminin et il y a encore beaucoup à faire en ce sens. Mais il y a des coins de ciel bleu, à commencer par cette Coupe du Monde Féminine de football qui se déroule sur notre sol et qui promet beaucoup.

Avez-vous donc prévu de la suivre ? Je serai aux premières loges ! En tant que sportive, j’ai d’abord beaucoup à apprendre de ces footballeuses. Et en tant que spectatrice, je me réjouis d'avance du spectacle : je trouve que les filles n’ont absolument rien à envier aux hommes. Le spectacle est le même. Elles ont la hargne, techniquement c’est très solide. J’ai hâte que la compétition commence. Je souhaite évidemment le meilleure à nos Bleues.

Pensez-vous que le public français répondra présent ? Je n’ai aucun doute. La discipline plaît. Et la victoire des garçons en Russie devrait générer encore plus d’excitation et d’enthousiasme autour de cet évènement.

Quel niveau avez-vous balle au pied ? Je ne suis pas si mauvaise. Je joue tous les mercredis. Ça fait partie de mon échauffement. Je suis polyvalente : une bonne milieu de terrain, capable de bien défendre et d’attaquer quand il le faut.

Dans les dojos, est-ce que ça parle de ballon rond ? Bien sûr, le foot prend beaucoup de place ; chez les filles comme chez les garçons, et dans les dojos comme dans la vie ! (rires).

  • Votre équipe favorite ? Je n'ai pas d’équipe préférée à proprement parler. Je viens d’un sport individuel, ça doit être pour cela.

  • Votre joueur préféré ? Je ne vais pas faire dans l'original : c'est Zinedine Zidane ! Il m’a fait rêver.

  • Votre joueuse préférée ? Elle a raccroché les crampons. Mais j’adore Laura Georges, sur et en dehors des terrains.

  • Votre premier souvenir de football ? C’est la Coupe du monde 1998. Ma famille est "accro" au foot. C’était la folie à la maison.

  • Votre dernier coup de cœur footballistique ? Les Bleus en Russie ! Je les ai suivis des Pays-Bas où j’étais pendant une bonne partie du mois de juin. Ils nous ont fait vibrer !