vendredi 19 avril 2019, 08:25

Araya-Lara, moteur bicylindre de la Roja

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  • Première coupe du Monde Féminine pour le Chili

  • Dans le Groupe F avec la Suède, les USA et la Thaïlande

  • Entretien avec les taulières de l’entrejeu chilien

"J’ai la chair de poule chaque fois que je réalise qu’on va disputer la Coupe du Monde". Les premiers mots de la milieu axiale Karen Araya en disent long. Sa voix et son regard transmettent mille et une émotions.

Le Chili fait partie des quatre pays qui joueront en France leur première Coupe du Monde Féminine de la FIFA™. Il a décroché son billet à la Copa América 2018, lors d’une épreuve qui proposait trois ingrédients exceptionnels : elle se jouait à la maison, distribuait trois sésames mondialistes et coïncidait avec l’acmé de la génération dorée du football chilien.

Le chemin de la Roja n’a pourtant pas été simple. Deux matches nuls contre le Paraguay et la Colombie ont compliqué d’emblée son parcours. Ensuite, un but in extremis contre l’Uruguay (1-0) et une large victoire sur le Pérou (5-0) l’ont remise sur les rails.

Lors de la phase finale, un nouveau partage des points face aux Cafeteras et un revers contre le Brésil ont mis le Chili au pied du mur. Il lui fallait battre l’Argentine pour rester en vie et la Roja a signé une performance majuscule, compostant ainsi son billet pour la France.

"On ne s’attendait pas à gagner 4-0, on voulait juste s’imposer et se qualifier", se souvient Francisca Lara, infatigable milieu de terrain qui a ouvert le score contre l’Albiceleste. "On travaillait depuis de longues années pour vivre ce moment-là". Le rêve devenait enfin réalité.

Amitié hors du pré

Lors de cette compétition, le sélectionneur José Letelier a systématiquement aligné deux joueuses : Araya et Lara. Karen toujours au poste de sentinelle. Et "Pancha" à ses côtés, que ce soit en relayeuse ou en soutien des attaquantes.

"Nous assurons le lien entre la défense et l’attaque, d’où l’importance de nos bonnes relations en dehors du terrain", reconnaît Araya. Les statistiques démontrent leur importance. Titulaires lors des sept rencontres du Chili lors de l’épreuve sud-américaine, elles ont disputé 95,5 % du temps de jeu.

"Dès qu’on se regarde, on sait ce qu’on va faire", avoue Lara. "Cela nous rend plus fortes, plus sereines". Depuis lors, même si le staff a fait quelques essais, jamais il n’a osé se passer de ce duo.

Non contentes de gérer l’entrejeu du Chili depuis plus d’une décennie, elles militent depuis cette saison au sein du même club, le FC Séville féminin, qui évolue en Première division en Espagne.

Tout comme dans la Roja, Araya et Lara sont des titulaires indiscutables dans la formation andalouse, qui lutte pour le maintien. "Le niveau de jeu du championnat est idéal pour préparer la Coupe du Monde dans les meilleures conditions", reconnaît "Pancha".

Dans la dernière ligne droite, la mission maintien de l’équipe sévillane passera par des chocs contre l’Athletic Club, le FC Barcelone et le Levante UD, des formations de haut de tableau disposant de nombreuses internationales. Un programme idéal pour se préparer à France 2019.

Une préparation difficile mais cohérente

Le rendement de la formation chilienne lors des derniers matches nuls a été inégal, puisque le succès historique 3-2 en Australie a été suivi d’une douloureuse défaite 7-0 aux Pays-Bas. Le bilan de l’année 2019 affiche quatre défaites et deux matches nuls.

"Ce sont des matches de préparation. Malgré les défaites, on continue de travailler sachant qu’il vaut mieux perdre maintenant qu’en Coupe du Monde", souligne Lara. Et Araya d’ajouter : "Il faut que l’on pense à rester bien compactes et soudées dans les dernières semaines avant la Coupe du Monde".

Ses derniers tests, le Chili les fera en Allemagne dans le cadre d’un enchaînement de matches qui reste encore à confirmer.

STATS

JoueuseÉquipeMatchesButs
Karen Araya🇨🇱 Chili (2006 - )525
Francisca Lara🇨🇱 Chili (2009 - )5720
Karen Araya🇪🇸 Seville FC (2018/19)272
Francisca Lara🇪🇸 Seville FC (2018/19)190

Comment imaginez-vous l’entrée en lice du Chili à la Coupe du Monde ? Araya : "Avec plein de Chiliens dans les gradins. J’entends déjà l’hymne et les gens qui vont chanter a capella comme à la Copa América. C’est une émotion indescriptible".

Quels sont vos atouts contre les États-Unis et la Suède ? Araya : "Nous avons de bonnes individualités, mais nous sommes surtout fortes sur le plan collectif”. Lara : "Nous sommes capables de jouer notre carte contre n’importe quelle équipe. Nous n’allons pas en France juste pour participer."

Quel est l’objectif de la Roja à France 2019 ? Araya : "Réussir un bon parcours et regarder toutes les équipes les yeux dans les yeux. Cela suffit à notre bonheur". Lara : "Nous allons avancer match après match et nous aspirons à nous qualifier pour la seconde phase. Ensuite, on verra bien de quoi on est capables".