dimanche 07 juillet 2019, 08:33

Dorin-Habert - Robert-Michon, vie et ville de champion

Karim Benzema, Camille Abily, Lotta Schelin, Juninho, Sydney Govou, Louisa Necib, Wendie Renard, Bernard Lacombe : entre la ville de Lyon et le football, une longue histoire d’amour s’écrit depuis 1950. Le point d’orgue aura lieu dans quelques heures puisque le Stade de Lyon accueille la finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019™.

Mais la cité des Gones est aussi vu la patrie d’autres grands sportifs, comme Marie Dorin-Habert, championne olympique et quintuple championne du monde de biathlon, et Mélina Robert-Michon, vice- championne olympique et vice-championne du monde de lancer du disque.

FIFA.com les a rencontrées pour évoquer trois sujets en rapport avec la grande du sport féminin qui se tient ce 7 juillet dans leur ville.

La Coupe du Monde Féminine à Lyon

Mélina Robert-Michon : C’est une fierté de voir qu’il y a un gros événement comme ça à Lyon, et encore plus quand ça concerne le sport féminin. C’est valorisant pour la ville, pour la région. Ça permet surtout à un public différent d’assister à ces matches. Quand c’est à Paris, pour certains le déplacement est compliqué. Là, c’est à portée de main. Ça permet à une autre population de profiter de la fête. Lyon cochait pas mal de cases. C’est une ville qui aime le foot et le sport en général. Tout est fait pour que le maximum de personnes puissent profiter de cette fête et c’est ça qui est important, que la fête soit belle et que chacun à son niveau puisse en profiter, que ce soit par les matches, par la Fan Experience, par des animations. Pour moi, le sport c’est le partage et il faut que ça touche un maximum de personnes.

Marie Dorin-Habert : Ça va même au-delà de la région. Je trouve que c’est toujours très sympa d’accueillir des grands événements en France. Ça fait parler du sport féminin. Il y a une ouverture d’esprit par rapport à ça, il y a tout une professionnalisation derrière. L’organiser en France, ça donne du crédit à tous les efforts qui sont faits dans ce sens-là.

Marie Dorin-Habert (biathlon) and Mélina Robert-Michon (discus)

L’évolution du sport féminin

Mélina Robert-Michon : Si vous voulez donner envie à des jeunes filles de faire du sport, il faut qu’elles le voient, qu’elles le connaissent parce qu’elles ne peuvent pas aimer quelque chose qu’elles n’ont jamais vu. Les barrières se cassent à partir du moment où ces jeunes filles vont voir des images et des filles qui jouent au football, voir qu’elles y sont encouragées, que tout se passe bien. Les images, ce sont les meilleures choses pour développer le sport féminin. Ainsi, ces filles-là elles vont se dire : "Tiens, il y a d’autres filles qui jouent au football et si jamais j’en ai envie, je peux le faire"». Les images marquent plus que n’importe quelle campagne de sensibilisation. Dans l’athlétisme, on a la chance de ne pas se poser cette question-là parce que nos championnats se déroulent en même temps et quand il y a des retransmissions, on ne se pose pas la question d’hommes ou femmes. Pour le football féminin, peut-être qu’il fallait des événements comme ça pour pouvoir le développer, ainsi que la volonté d’acteurs du foot comme ont pu le faire Louis Nicollin ou Jean-Michel Aulas. Il faut des premiers pour tout. Et une fois que ces premiers ont lancé le truc, on se rend compte que ça prend et qu’ils ont bien fait d’insister.

Marie Dorin-Habert : En biathlon on a toujours eu de la chance de ce côté-là. Que ce soit au niveau du public, de la médiatisation, des primes de course, le sport féminin a toujours été l’égal des hommes. Je n’ai pas à m’en plaindre, mais ce n’est pas le cas dans plein de sports. J’ai toujours bénéficié d’une reconnaissance dans ma discipline qui ne me permet pas de dire qu’on a été lésé. Mais je trouve ça très bien qu’on commence à médiatiser les sports féminins. C’est un engouement qui va faire des petits et on va progresser comme ça dans le sport féminin. C’est important de le faire parce que les femmes aussi choisissent cette vie-là qui est une super expérience. Si on ne leur donne pas les moyens de le faire en les médiatisant, en en parlant, elles ne le feront jamais. C’est très primaire de diversifier filles et garçons quand on parle de sport. Tout le monde est capable de courir, à des niveaux différents certes, mais je ne vois pas pourquoi une femme n’aurait pas le droit de faire du football. Qu’on ne le fasse pas au même niveau c’est normal, on n’est pas fait pareil à la base, les hommes sont plus forts musculairement, on l’accepte très bien. Ce serait une bêtise d’affirmer le contraire, mais ça ne veut pas dire pour autant que les femmes sont inférieures et pas aptes à faire du sport de haut niveau. Ça peut me choquer qu’il y ait des différences selon qu’on soit un homme ou une femme. Il s’agit juste de sport.

La pression d’une finale

Mélina Robert-Michon : Ce sont plein de sentiments qui se mêlent. L’excitation, l’impatience, un peu de stress. C’est quelque chose qu’elles préparent depuis quatre ans. C’est leur moment. On a envie de savourer et en même temps ça passe très vite. Il y a toute la tension autour et en même temps il la faut pour faire la différence entre un match normal et cette finale. Il faut toute cette effervescence, toute cette tension et savoir les utiliser et les transformer en quelque chose de positif qui va vous aider à être encore meilleur et, au contraire, ne pas vous couper les jambes.

Marie Dorin-Habert : Il doit y avoir une sorte d’excitation, de fébrilité liée à l’enjeu et au plaisir déjà de pouvoir participer à ce match. Et une petite angoisse qui est addictive,et qui me manque depuis que j’ai arrêté ma carrière. Les picotements au ventre qu’on a parce qu’on a envie de bien faire, parce qu’on sait que c’est aujourd’hui qu’il faut le faire, que tout le monde nous regarde… C’est bénéfique, c’est ce qui permet de se transcender. Je les envie !

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